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La lente progression vers l’égalité homme-femme

Stagiaire Le Vif

L’écart entre les hommes et les femmes se réduit… à une allure très lente. Le rapport Women, Business and Law 2019 de la Banque Mondiale mentionne des nouvelles à la fois réjouissantes et déconcertantes : le fossé se réduit, mais seulement 6 pays dans le monde octroient les mêmes droits aux hommes et aux femmes.

Programmée sur une décennie, l’étude examine différents critères et choix auxquels sont confrontées les femmes dès leur entrée dans le monde du travail : se déplacer, trouver un emploi, être payée, se marier, avoir des enfants, ouvrir un commerce, gérer son patrimoine et obtenir une pension. Comme pour les hommes, les femmes prennent des décisions qui affecteront leur carrière à la seule et grosse différence qu’elles évoluent tant bien que mal dans « un environnement légal qui ne les soutient pas. » Le rapport prend un exemple très concret :

« Une femme ne peut rechercher efficacement un emploi ou aller à une interview si elle doit demander la permission de quitter son domicile. Et si elle peut quitter sa maison, est-ce qu’un employeur acceptera de l’embaucher ? Et si elle est embauchée, devra-t-elle quitter son emploi lorsqu’elle se mariera ou aura des enfants ? Et si elle souhaite continuer à travailler, devra-t-elle retrouver un travail moins bien payé afin de trouver un équilibre entre famille et carrière ?

Et si la loi ne l’autorise pas à gérer son patrimoine, cela ne risque-t-il pas d’entraver sa possibilité à ouvrir un commerce ?Et si elle devait prendre sa retraite plus tôt qu’un homme… Elle aurait une retraite certes plus longue, mais une pension plus petite vu qu’elle aurait travaillé moins d’années, avec un salaire plus petit. »

Le rapport ne s’arrête pas uniquement aux droits liés au monde du travail. Il prend également en compte les lois de types domestiques, comme les violences conjugales, les abus au travail, les congés de maternité payés, etc.

Des chiffres prometteurs ?

Actuellement, seulement 6 pays, à savoir la Belgique, la France, la Suède, le Luxembourg, le Danemark et la Lettonie, ont atteint le score maximal (100) dans l’index du rapport. Cela signifie donc que les femmes et les hommes possèdent les mêmes droits. Dix années plus tôt, ces pays se situaient dans la tranche des 90. La France, par exemple, a vu son score monter jusqu’à 100 grâce à l’introduction de nouvelles lois sur les violences conjugales, les poursuites pour harcèlement au travail et l’instauration de congés de maternité payés.

La tendance générale du rapport fait état d’une amélioration des droits pour les femmes dans tous les pays du monde. En dix années, la moyenne mondiale a augmenté de 4,65 et a atteint 74,71 points aujourd’hui.

L’Asie du Sud passe de 50 à 58,36, ce qui représente le plus gros changement dans la moyenne régionale tandis que l’Asie de l’Est et le Pacifique monte de 64,80 à 70,73.

L’Afrique subsaharienne présente a vu également grimper sa moyenne régionale de 64,04 à 69,63 en dix années. Il s’agit de la région qui a fait voter le plus de réformes pour promouvoir l’égalité entre les hommes et les femmes. La République Démocratique du Congo, la Guinée, la Zambie et le Malawi se trouvent parmi les pays.

Malheureusement, tous les pays ne sont pas sur la voie du progrès. L’Afrique du Nord et le Moyen-Orient ont atteint une moyenne régionale de 47,31. Cela signifie que les femmes ont deux fois moins de droits que les hommes.

Bénéfices à long terme

Dans une déclaration, Kristalina Georgieva, la présidente par intérim du Groupe de la Banque Mondiale, a insisté sur l’importance d’une égalité homme-femme : « Si les femmes avaient des opportunités égales, elles pourraient atteindre leur plein potentiel. Non seulement elles rendraient le monde meilleur, mais elle le rendrait plus prospère. Le monde change, mais pas assez vite. »

Selon les calculs du nouveau rapport du McKinsey Global Institute (MGI), le manque d’égalité entre les femmes et les hommes empêcheront les économies de prospérer encore plus. Il présente deux scénarios :

  • Si tous les pays arrivaient à suivre l’allure des pays à forte croissance économique, le PIB mondial augmenterait de 11% et générerait 11 billions de dollars en 2025.
  • Si toutes les femmes pouvaient jouer des rôles identiques aux hommes sur le marché du travail, le PIB mondial augmenterait de 26% et générerait 28 billions de dollars en 2025.

Ce rapport spécifie bien que leur vision est utopique et ne prend en compte les choix personnels de chacun en fonction de leur vie. Néanmoins, ils sont persuadés que tous les secteurs pourraient connaître une nouvelle ère de prospérité dès lors où les femmes disposeraient des mêmes droits.

D’après les calculs de CNN, il faudra attendre 2073 avant que les hommes et les femmes n’obtiennent des droits similaires en tout point. Le combat n’est pas encore terminé, mais la situation change… petit à petit.

Thomas Bagnoli

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