The Last Supper. © DR

« La femme arabe contribue à son oppression »

Dans The Last Supper, joué cette semaine à Bruxelles, Ahmed El Attar pose un regard critique sur la société égyptienne, tout en donnant des clés pour mieux comprendre le monde arabe.

Présenté au dernier festival d’Avignon, et à Bruxelles (Bozar) cette semaine, The Last Supper est une comédie sociale qui jette une lumière crue sur une élite égyptienne déconnectée de la réalité. Réunis à l’occasion d’un repas de fête, onze membres d’une famille aisée se distinguent par leur vide intérieur qui contraste avec le luxe environnant. « En Egypte, la ségrégation n’est pas liée à la couleur ou à la confession, mais à la classe sociale, explique au Vif.be l’auteur et metteur en scène Ahmed El Attar. On peut être copte ou noir, si on est très riche, on accède à l’élite. »

La pièce s’attarde sur la figure du père, qui régit la famille, la société et la politique. Et comment la femme est placée dans ce contexte. Le père appelle la mère mais elle ne vient jamais, sa chaise reste vide. « La femme arabe contribue beaucoup à sa propre oppression, poursuit Ahmed El Attar. Quand elle a des enfants mâles, elle les contrôle complètement tout en reproduisant le schéma social. Ce qui fait que des hommes de 50 ans se comportent parfois comme des gamins devant leur mère. Mon prochain spectacle sera une réflexion sur la place qu’elle peut prendre mais qu’elle n’occupe pas pour diverses raisons ».

La révolution de 2011? « Magnifique et pleine d’espoir, elle était l’expression d’un désir de changement ». Mais changer la société, cela prend du temps. « Chez nous, elle est déformée car des millions de jeunes n’ont pas les moyens de se marier. Le poids du haram (ce qui est interdit) n’a pas évolué. Or la plupart sont croyants et ne veulent pas déroger à leur foi. Le problème empire car les populations arabes ne cessent de croître, avec déjà 60% de jeunes de moins de 25 ans ».

En quoi le spectacle peut-il parler au public belge ? « Il lui donnera une vision un peu plus réelle du monde arabe : des choses jamais vues ni entendues et qui vont au-delà des débats sur l »islam radical’, répond Ahmed El Attar. Ensuite, il y a beaucoup de points communs avec cette nouvelle classe mondiale des jet-setteurs coupés de la réalité et qui se croient tout permis, tandis que des gens sombrent dans la misère, la désespérance, l’humiliation ».

The Last Supper, les 20 et 21 janvier 2016 à Bozar à Bruxelles. www.bozar.be. Durée : 1 h. En arabe surtitré en français.

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