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L’Otan veut être la dernière à posséder l’arme nucléaire

Une fois qu’il n’y aura plus d’armes nucléaires dans le monde, l’Otan acceptera de supprimer les siennes. C’est en substance ce qu’a déclaré le secrétaire général de l’Alliance atlantique.

L’OTAN doit conserver une capacité de dissuasion nucléaire « crédible », a affirmé lundi le secrétaire général de l’Alliance atlantique, Anders Fogh Rasmussen, à trois jours d’une réunion des ministres des Affaires étrangères alliés prévue jeudi et vendredi en Estonie et qui doit évoquer la future politique nucléaire de l’OTAN. « Aucune décision n’est attendue à Tallinn », a d’emblée prévenu M. Rasmussen au cours d’une conférence de presse à Bruxelles, alors que cinq des 28 pays de l’OTAN – l’Allemagne, la Belgique, le Luxembourg, la Norvège et les Pays-Bas – ont réclamé fin février un « grand débat » sur la politique nucléaire de l’Alliance lors de cette réunion ministérielle informelle.

Le secrétaire général de l’Otan a ainsi douché les espoirs de ceux qui espéraient encore un retrait rapide des armes nucléaires tactiques américaines encore stationnées en Europe occidentale, reportant de facto toute discussion au sommet atlantique prévu en novembre au Portugal, notamment pour adopter un nouveau « concept stratégique ».

« Aussi longtemps qu’il y aura des armes nucléaires dans le monde, l’OTAN aura besoin d’une dissuasion nucléaire », a martelé le secrétaire général, comme en réponse au souhait de ces cinq pays d’un retrait des quelque 150 à 240 bombes atomiques américaines entreposées dans cinq pays alliés (Allemagne, Belgique, Italie, Pays-Bas, Turquie). Une dizaine de ces engins, des bombes aéroportées de type B-61, seraient ainsi stockées sur la base aérienne de Kleine-Brogel (Limbourg).

Cette dissuasion doit être « crédible », a ensuite précisé M. Rasmussen, en réponse à une question. Il a également ajouté que ces cinq pays l’avaient assuré qu’ils ne prendraient pas de « décision unilatérale », comme celle de demander aux Etats-Unis le retrait de ces engins de leur territoire.

L’administration du président américain Barack Obama a dévoilé début avril la nouvelle doctrine nucléaire des Etats-Unis, qui prévoit que la première puissance mondiale n’utilisera l’arme atomique que « dans des circonstances extrêmes, pour défendre (ses) intérêts vitaux et ceux de (ses) alliés et partenaires ». Les Etats-Unis s’engagent, en outre, à ne jamais utiliser le feu nucléaire contre un adversaire qui ne la détient pas et qui respecte les règles du Traité de non-prolifération nucléaire (TNP). M. Obama a toutefois précisé que « les Etats hors-norme comme l’Iran et la Corée du Nord » seraient des exceptions à cette nouvelle règle.

Washington n’a cependant pas annoncé à cette occasion le retrait de ces armes nucléaires, semblant toutefois vouloir discuter de la question « dans le cadre de l’OTAN », en espérant une « contre-partie » de la part de la Russie, laquelle disposerait de 2000 à 3000 armes nucléaires tactiques en Europe.

Le prochain sommet de l’OTAN doit se tenir les 19 et 20 novembre à Lisbonne et doit notamment adopter ce nouveau « concept stratégique », une sorte du « mode d’emploi » actualisé du traité de l’Atlantique nord fondateur de l’OTAN datant d’avril 1949.

LeVif.be, avec Belga

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