Forrest Fenn, chez lui, à Santa Fe. © ADRIA MALCOLM

L’introuvable trésor de Forrest Fenn (Reportage)

Le Vif

Il y a neuf ans, un marchand d’art cachait dans la nature sauvage de l’Ouest américain un coffre bourré d’or et de joyaux. Il publiait ensuite un poème contenant neuf indices pour le retrouver. Le début d’une chasse au trésor qui, depuis, a mobilisé des centaines de milliers de personnes, rendu fous des dizaines de candidats et provoqué plusieurs décès.

« Si vous vous faites mordre par un serpent à sonnette, ne sucez pas la plaie. Ça ne sert à rien. Faites un garrot, et souvenez-vous de la couleur de la bête, sinon vous n’aurez pas le bon vaccin et vous pouvez mourir.  » Sacha, 38 ans, enjambe la marche du 4×4 Toyota et attrape son Ruger LC9, qu’elle range dans son étui.  » Si un puma vous attaque, vous ne le saurez que lorsque ses crocs seront dans votre cou. Votre seule chance sera de vous battre ou de lui tirer une balle dans la tête. Sinon, vous mourrez.  » Autour d’elle s’étend le vide du nord du Nouveau-Mexique : des longues plaines de sol poussiéreux, des arbres séchés par le soleil, peu d’espaces témoins de la vie humaine. Comme l’expriment Sacha et ce seul panneau de signalisation criblé de balles, symbole d’une Amérique peu encline à se soumettre à l’autorité, ici, c’est le  » Wild West « . Sac militaire au dos, la jeune femme s’avance vers un sentier terreux jonché de caillasses. Elle s’arrête, effleure la terre claire d’une main :  » Deux personnes sont passées ici il y a moins de deux heures… Mon Dieu, ils sont sur la même piste que moi !  »

Mon Dieu, ils sont sur la même piste que moi !

Sans doute deux concurrents de plus dans cette chasse au trésor folle qui s’est emparée des Etats-Unis en 2010. En neuf ans, ils sont des centaines de milliers à avoir défilé par ici afin de dénicher ce qui a l’allure d’une seconde chance : un coffre en bronze aux dimensions exactes de 25,4 cm sur 25,4 cm, 12,7 cm de profondeur, contenant 265 pièces d’or et autant de rubis, deux saphirs de Ceylan, des émeraudes, deux sculptures chinoises anciennes en jade, des bijoux et des centaines de pépites d’or, dont certaines de la taille d’un oeuf. Un joli pactole d’une valeur dépassant allègrement le million de dollars.

L’itinéraire qui y mène se trouve dans les mémoires de Forrest Fenn, vieux cow-boy aux yeux bleus perçants, sous la forme d’un poème qu’il a rédigé lui-même. Le texte est composé de 24 lignes, six paragraphes et neuf phrases où se cachent neuf indices. L’emplacement est bien flou :  » Dans les montagnes, quelque part au nord de Santa Fe  » ou  » dans les Rocheuses « , la chaîne de montagnes qui s’étend sur près de 5 000 kilomètres et six Etats américains, dont quatre font partie du périmètre de recherche – Nouveau-Mexique, Colorado, Wyoming et Montana.

Là où les eaux chaudes s’arrêtent

Parmi les 350 000 chasseurs (chiffre avancé par Forrest Fenn lui-même), on trouve de tout. Certains s’y sont hasardés une seule fois, comme on joue au Lotto, parce qu’on ne sait jamais. D’autres en sont devenus obsédés. Dans la communauté, on se raconte parfois certaines de leurs histoires comme pour se mettre en garde. Comme celle de Robert Miller, qui, ruiné, débarqua avec une hache chez Forrest Fenn, persuadé que le trésor s’y trouvait. Ou celle de Stéphanie, une mère de famille qui liquida les comptes de ses enfants et perdit sa maison hypothéquée pour continuer à financer une aventure qui ne trouvait pas de conclusion.  » Dans cette chasse, la frontière est mince entre l’intérêt et l’obsession, sourit Sacha. Et croyez-moi, vous pouvez vite la franchir.  »

Cynthia Meachum, 65 ans, habite Rio Rancho, à 40 km au nord d’Albuquerque. Elle se penche sur la table de sa terrasse, éparpille des feuilles de papier comme un puzzle qu’elle essaierait de reconstituer, puis pointe un emplacement sur une carte : un petit lac en forme de  » C  » près de la ville de Cody, Wyoming, dans le nord du pays.  » C’est mon nouveau spot. Vous voyez cet étang d’eau, là ? C’est une source d’eau chaude. Forrest nous a confirmé que le premier indice – et le seul que nous connaissions aujourd’hui – était la cinquième ligne du poème : « Begin it where warm water halt » ( Commencez là où les eaux chaudes s’arrêtent). C’est l’une des rares sources d’eau chaude du coin, et si vous remontez la route qui passe devant, vous pouvez trouver sept autres indices « possibles » qui correspondraient à des phrases du poème.  » Pour tomber sur ce coin, Cynthia a écumé Google Earth pendant des heures et effectué  » d’une traite  » six trajets de quatorze heures. Des allers pleins d’espoir et autant de retours pleins d’abattement.  » En sept ans de recherche, je n’ai jamais été aussi proche. Tout concorde.  » Ou presque. Car les chasseurs progressent les yeux bandés.  » Ça rend très dure l’avancée, parce que vous n’êtes jamais sûre de quelque chose. Vous avez tout ou rien.  »

Au fil des années, Forrest Fenn a confirmé quelques points, comme un dieu miséricordieux distribue des miches de pain aux affamés. Le magot n’est ni en dessous de 1 500 m d’altitude ni au-dessus de 3 000 ; il ne se trouve pas dans une mine, un tunnel, une cave, une maison, un cimetière ni sous l’eau, et est à plus de 13 kilomètres des limites de Santa Fe ; les neuf indices du poème sont écrits dans l’ordre et mènent directement au trésor et non à une quelconque note ; le coffre est peut-être enterré, peut-être pas ; pour le déposer, Forrest a dû faire deux allers-retours  » de (s)a voiture à l’emplacement « , l’un avec le coffre, l’autre avec le butin, impliquant que le trésor ne soit pas loin d’une route ou d’un sentier ;  » n’allez pas où un homme de 80 ans ne peut aller  » ; et pour finir – certainement le plus grisant pour ces hommes et femmes – , cette précision :  » Certains chasseurs se sont trouvés à 60 mètres du coffre.  »

Les indices tels que collectés par Cynthia Meachum :
Les indices tels que collectés par Cynthia Meachum :  » En sept ans de recherche, je n’ai jamais été aussi proche. « © ADRIA MALCOLM

« Chaque putain de minute à penser à ce coffre »

Cynthia a punaisé aux murs de sa maison des cartes du pays et des lignes du poème de Forrest Fenn. L’autobiographie de ce dernier, The Thrill of the Chase. A Memoir, bâille sur le bureau, portant les marques d’usure d’un livre ouvert et rouvert inlassablement. Pas un jour sans que l’enquêtrice tente d’en percer le mystère. Pas un jour sans qu’elle se prépare au grand soir : l’ancienne ingénieure de chez Intel s’exerce encore et encore à marcher avec une pierre de dix kilos,  » environ le poids du contenu du coffre « , sur un peu moins de deux kilomètres. Pour être sûre que, le moment venu, elle pourra en soulever le contenu jusqu’à sa voiture. Cynthia est fin prête, donc. Et pourtant, elle avoue qu’elle ne sait pas comment elle réagira quand elle tombera face au trésor.  » Il y a tellement de mauvaises personnes ici qui me font penser que je garderai ça secret, fantasme-t-elle en caressant d’une main la relique en carton du coffre qu’elle a fabriqué. En même temps, je mourrai d’envie de le dire. J’aurai envie de crier au monde entier qu’une femme a réussi à achever seule ce que personne n’était jusqu’ici parvenu à faire.  »

Avec ses épaules carrées et sa moustache grisonnante, Dal Neitzel, 71 ans, est quelque chose comme le vieux briscard de cette aventure. Son blog est souvent décrit par les aficionados comme une référence. Il explique avoir plongé dans l’aventure en 2011, mais n’y a vu qu’une suite logique à ce qu’il faisait avant. Au milieu des années 2000, il avait déjà bourlingué en Amérique du Sud dans un rafiot à  » un million de dollars  » à la recherche d’épaves espagnoles et portugaises. Des navires possiblement bourrés d’or.  » Je parle mal l’espagnol, et l’un des rares compagnons de route qui parlaient anglais était un homme du nom de Crayton Fenn, se remémore-t-il. Nous bavardions souvent, et il me parlait de son oncle Forrest qui n’était à l’époque qu’un simple collectionneur d’art.  »

Certains chasseurs se sont trouvés à 60 mètres du coffre.

Après cinq années à écumer les fonds marins, Dal rentre au bercail.  » Peu de temps après, Forrest a sorti sa biographie, et la chasse était lancée. Je me suis mis à travailler un peu sur le poème et j’étais sûr – comme tout le monde – de mon coup.  » L’homme parcourt alors les 2 500 kilomètres qui doivent le mener à ce qu’il pense être le bon endroit. Trois jours de conduite durant lesquels il rêve à un avenir meilleur.  » Evidemment, je n’ai rien trouvé. Alors, j’ai commencé à échanger quelques mails avec Forrest, et on s’est mis à discuter tous les jours ensemble. Il me disait : « Hey, où est-ce que tu as cherché aujourd’hui ?  » Et je lui racontais mes journées. Il me répondait : « Dal, tu es vraiment le type de gars qui pourrait trouver mon trésor. » Je me persuadais que s’il disait ça, c’est que j’étais proche, et qu’il ne fallait pas lâcher. Ça fait huit ans.  »

Cynthia Meachum, à Rio Rancho. Pas un jour sans qu'elle tente de percer le mystère...
Cynthia Meachum, à Rio Rancho. Pas un jour sans qu’elle tente de percer le mystère…© ADRIA MALCOLM

Communauté très large

A l’instar de Cynthia Meachum, Dal Neitzel a longtemps cherché dans le haut du Nouveau-Mexique, avant de monter progressivement vers le nord –  » mais je ne peux vous dire précisément où, vous comprenez « . Il a évalué à environ 70 le nombre de fois où il a parcouru ces centaines de kilomètres qui le séparent de l’or. Il admet s’y rendre désormais sans vraiment y croire, plutôt comme pour assouvir une irritation qui vous démange.  » Je passe chaque putain de minute de ma vie à penser à ce coffre « , lâche-t-il. Il se rend aussi, chaque année, au festival Fennboree où, le temps d’un week-end, des centaines de passionnés du trésor de Forrest se regroupent et bavardent de leurs avancées sur une affaire qui n’en compte aucune. L’événement a été créé en 2014 par un certain David Rice, surnommé  » Desertphile « , qui a quitté une vie dans la Silicon Valley pour passer deux ans dans une cave isolée du monde, et qui habite depuis dans un ranch tout aussi esseulé.  » Il y a aussi des gens qui viennent d’Allemagne, du Royaume-Uni ou d’Australie, soutient Dal. C’est une communauté très large avec un peu de tout dedans, des gens normaux, et d’autres…  »

Parfois, Forrest Fenn en personne y passe une tête pour faire des selfies et signer quelques livres. Au fil des années, chacun s’est forgé sa propre opinion sur le vieil homme. Certains lui vouent un culte, d’autres pensent avoir affaire à  » un maître manipulateur « ,  » un serpent  » ou un  » beau parleur qui vous ferait acheter une voiture dont vous n’avez pas besoin « .  » Moi, je l’appelle « le Coyote », sourit Katya Luce dans sa maison de Taos, au nord du Nouveau-Mexique où elle a emménagé après avoir quitté Hawaï, afin de trouver le trésor. Quand les coyotes ont une proie, ils l’encerclent et crient des « yip yip yip » autour d’elle afin de la pousser et l’acculer dans un coin. Forrest est pareil, il vous dit : « Avez-vous essayé au Montana près de cette rivière ? Non ? Vous n’êtes pas non plus allé dans cette falaise du Colorado ? Ah bon… » Et il vous fait courir partout. Vous vous demandez à chaque fois si c’est pour vous aider ou pour vous éloigner de son trésor.  »

Quatre personnes sont mortes en cherchant le butin. Randy Bilyeu, 54 ans, dont la disparition dans le nord du Mexique et la découverte du corps furent espacées de six mois en 2016. Jeff Murphy, 53 ans, trouvé sans vie dans le parc national de Yellowstone en juin 2017, après une chute de 150 mètres. Une semaine plus tard, le corps de Paris Wallace, 52 ans, un pasteur du Colorado était emporté par les eaux violentes du Rio Grande. Le dernier en date se nommait Eric Ashby. Il avait 31 ans, il est mort le mois suivant dans des conditions troublantes, symbole d’une aventure qui commence à prendre une tout autre tournure. Ashby était persuadé d’avoir trouvé l’emplacement du butin à quelques dizaines de kilomètres de Colorado Springs, non loin de l’Arkansas River. Il a demandé à quatre compagnons de l’assurer lors de la traversée de la rivière. Mais son corps a été emporté par les rapides, et ses amis se sont enfuis. On retrouvera dans sa voiture un contrat signé par deux des quatre comparses, stipulant que si le trésor était découvert, 51 % du magot finirait dans la poche d’Eric Ashby, 49 % dans celle des deux autres. Ashby mort, et la localisation du trésor connue, le 49 % devenait 100 %. La police a penché pour un simple accident.

Toby Younis est accoudé à une table du Range Café, une gargote sur l’une des rares grosses artères de Bernalillo, Nouveau-Mexique. Lui et son amie Shelley Carney, attablée à ses côtés, ont lancé en 2017 avec succès une chaîne YouTube consacrée au trésor, sur laquelle ils égrènent en live les différentes théories et bavardent avec des chercheurs.  » Si les chasseurs viennent vers nous, c’est parce que nous ne nous moquons pas d’eux, nous ne les prenons pas pour des fous et, surtout, nous ne leur disons pas que tout cela n’est qu’un canular.  » Car si la plupart ne veulent pas l’avouer, tous arpentent les Etats-Unis avec cette arrière-pensée en tête : et si tout ça n’était qu’une mauvaise plaisanterie ?  » Question légitime, mais il y a des preuves que le coffre existe. Des photos et des personnes l’ont vu « , avance Toby. Le dernier à s’être offusqué de leurs propos : Forrest Fenn lui-même. Il n’aurait pas apprécié que le duo mette en doute la possibilité d’un dénouement à cette aventure en ayant créé un poème trop personnel.  » Si vous n’êtes pas lui, il est presque impossible à décrypter, et il le sait, explique Toby. En réalité, je pense qu’il a envie que des milliers de personnes cherchent encore son trésor pendant des dizaines d’années. Car tant que la chasse existe, Forrest Fenn existe.  »

Et si tout ça n’était qu’une mauvaise plaisanterie ?

Le vieux cow-boy et les bijoux

La mélodie du téléphone fait s’échapper de ses mains Willy, un jeune caniche blanc. D’un geste las et plein de soupirs, le vieil homme se lève et avance vers son bureau.

– Allô ?

– Forrest Fenn ? Je veux juste une confirmation, s’il vous plaît.

– Ecoutez, je suis occupé, là.

– Je suis devant l’eau chaude, dites-moi juste si c’est la bonne. Je sens que je l’ai, tout correspond au poème.

– Eh bien félicitations, alors. Rappelez-moi quand vous aurez le coffre.

Forrest Fenn raccroche, et grommelle jusqu’à son canapé, où Willy ne tarde pas à revenir. La pièce donne l’impression d’être le musée de sa vie. Des vestiges de la culture amérindienne amassés au cours d’une longue carrière de collectionneur, des centaines de livres entassés sur les bibliothèques, des crânes de bison. Au centre gisent sur une table un téléphone noir et un ordinateur avec quelques années au compteur, seuls signes de modernité.  » Je reçois chaque jour cinq ou six appels de ce genre, et une centaine de mails. J’ai calculé : depuis le début de la chasse, ça fait environ 350 000 mails.  » Si la plupart des chasseurs se veulent bienveillants, d’autres sont plus virulents. Outre Robert Miller et sa hache, Francisco  » Paco  » Chavez a été condamné en juillet 2018 à trois ans de prison avec sursis pour avoir espionné sa petite-fille,  » persuadé qu’elle était le trésor « . Quand l’homme n’accueille pas ces déséquilibrés avec un fusil chargé, il leur offre un visage fermé et impassible.

Il en faudrait plus pour le déstabiliser. Forrest Fenn a longtemps servi dans l’aviation américaine,  » parce (qu’il) n’avait rien de mieux à faire « . Il a survolé l’Allemagne en 1958 avec une bombe nucléaire sous son siège, s’est fait canarder  » un nombre incalculable de fois  » a été touché deux fois, au Vietnam et au Laos.  » Disons que certaines choses qui se sont passées là-bas me réveillent encore la nuit.  » A son retour du Vietnam, Fenn se réfugie à Santa Fe pour y entamer une carrière de marchand d’art, avec succès. En 1988, nouveau tournant : Fenn, 58 ans, apprend que l’un de ses reins est gangrené par un cancer. On lui donne 20 % de chances de survivre plus de trois ans.  » Des années auparavant, mon père, condamné aussi par un cancer, m’avait appelé pour me dire qu’il allait avaler une cinquantaine de pilules et mourir. Il est parti comme il le voulait, et je le souhaitais aussi pour moi.  » Il se met alors à idéaliser une mort au pied d’un pin, le regard brouillé par un coucher de soleil planant sur les centaines de conifères, l’estomac gorgé de somnifères. Petite excentricité : un coffre, débordant d’or et de bijoux, serait enterré à ses côtés et trouvable grâce à un poème.  » J’avais passé de si bons moments dans les Rocheuses que je voulais offrir l’opportunité à d’autres personnes de vivre les mêmes choses. Qu’elles quittent leur canapé, leurs écrans et sortent sentir le soleil. J’ai donc rempli un coffre d’or et de bijoux au point que la personne qui l’ouvrirait s’évanouirait sûrement, et j’ai écrit mon poème.  »

Mais Forrest a survécu. Des années plus tard, un matin d’une journée banale, il décide de faire de son histoire celle d’un mythe qui prendrait racine  » quelque part dans les montagnes au nord de Santa Fe « . Il écrit sa biographie, dans laquelle figure le fameux poème. Puis, après la parution en 2013 d’un article dans Hémisphères Magazine, distribué dans tous les vols de United Airlines, la chasse explose.  » Jamais je n’aurais pensé que ça prendrait cette ampleur.  »

Comme Cynthia Meachum, Sacha Johnston est en quête du trésor. Non sans se méfier des rencontres hasardeuses...
Comme Cynthia Meachum, Sacha Johnston est en quête du trésor. Non sans se méfier des rencontres hasardeuses…© ADRIA MALCOLM

« Le trésor est juste là »

Sacha continue d’inspecter le sol terreux. Elle découvre des empreintes de loup, mais les marques des deux personnes qui suivaient son sentier ont disparu subitement à une intersection.  » Je ne comprends pas « , soupire-t-elle. Ces derniers temps, Sacha est souvent inquiète. Il n’y a pas si longtemps, lors d’une expédition, elle est tombée nez à nez avec un homme louche.  » Il s’est arrêté devant moi et m’a dit : « Bonjour, Sacha », puis il est parti, tremble-t-elle encore. Je suis restée figée, je ne l’avais jamais vu de ma vie. Comment connaissait-il mon nom ? Et qu’est-ce qu’il faisait ici, dans ce coin perdu ?  » Depuis, elle affirme rouler avec son flingue posé sur le siège passager et le déverrouiller à l’instant même où elle se gare. Et avant chaque départ, elle prévient un proche de sa destination.

Dévalant la pente d’un pas sûr, elle s’arrête net devant une rivière au courant déchaîné. Elle montre du doigt le talus peuplé de sapins dégarnis par le soleil, situés sur l’autre bord.  » Le trésor est juste là ! J’ai les neuf indices et cette putain de rivière me sépare de lui pour le moment.  » Dès que les neiges auront fini de fondre, dit-elle, la rivière se calmera, et elle ira récupérer son butin. Puis, elle s’évaporera. Sans rien dire à personne. Si ce n’est à Fenn.

Par William Thorp/Society.

Vous avez repéré une erreur ou disposez de plus d’infos? Signalez-le ici

Contenu partenaire