manifestants portant des masques de Choi Soon-Sil et Park Geun-Hye © Reuters

L’étrange amie de la présidente sud-coréenne

Le Vif

La présidente Park Geun-Hye se trouve au coeur d’un énorme scandale politique à cause d’une vieille amitié malsaine de plus de 40 ans. Mais qui est cette étrange amie, fille d’un mystérieux chef religieux, qui lui murmurait à l’oreille ?

L’occupante de la « Maison bleue », siège de la présidence, est ébranlée par une série de révélations selon lesquelles elle se faisait conseiller pour la conduite des affaires de l’Etat par une amie de 40 ans, fille d’un mystérieux chef religieux, qui n’occupait pourtant aucun poste officiel et n’avait aucune habilitation en matière de sécurité. Mme Choi est soupçonnée d’avoir eu son mot à dire sur les discours présidentiels, d’avoir eu accès à des documents confidentiels et d’avoir profité de son entregent pour son enrichissement personnel.

Surnommée « Raspoutine » par les médias, Choi Soon-Sil, 60 ans, est soupçonnée d’avoir profité de ses entrées pour extorquer de l’argent aux principaux conglomérats du pays. Placée en garde à vue après son retour lundi d’Allemagne où elle avait fui en septembre, elle fait l’objet d’une demande d’arrestation formelle pour fraude et abus de pouvoir.

Ahn Jong-Beom, l’un de ses anciens collaborateurs, a lui aussi été placé en garde à vue. Il est soupçonné d’avoir aidé Mme Choi à extorquer de l’argent aux principaux conglomérats du pays, selon l’agence sud-coréenne Yonhap. M. Ahn avait été limogé dimanche.

Mme Park essuie la colère grandissante de l’opinion dans cette affaire. Le taux de popularité de la présidente, dont le mandat expire dans un peu plus d’un an, est au plus bas.

« Tous, y compris la présidente, sont égaux devant la loi », a déclaré lors d’une conférence de presse Kim Byong-Joon, que Mme Park vient de désigner comme Premier ministre après avoir limogé mercredi son ancien chef de gouvernement. « A mon sens, il est (légalement) possible d’interroger et d’enquêter sur » un président en exercice, a-t-il ajouté. Aux termes de la Constitution sud-coréenne, un chef de l’Etat en exercice ne peut pas faire l’objet de poursuites pénales, sauf pour insurrection ou trahison.

Faire le ménage

Certains font valoir que le parquet peut enquêter sur un chef de l’Etat en vue d’éventuelles poursuites après expiration de son mandat. Le ministre de la Justice Kim Hyun-Woong a lui aussi jugé que le parquet pouvait entendre Mme Park en fonction des nécessités de l’enquête.

Mme Choi dément s’être servie de ses liens d’amitié avec la présidente pour contraindre des groupes comme Samsung à verser à des fondations de grosses sommes d’argent, utilisées ensuite à des fins personnelles. Mme Park, 74 ans, a tenté de surmonter la crise en faisant le ménage dans son entourage. Outre son Premier ministre, elle a limogé deux de ses principaux ministres.

Elle espère élargir son gouvernement au-delà de son parti conservateur Saenuri, avec par exemple la nomination de Kim Byong-Joon, un libéral, comme chef du gouvernement. En Corée du Sud, le poste de Premier ministre est largement honorifique.

Elle a également annoncé jeudi la nomination d’un nouveau chef du cabinet, Han Gwang-Ok, ancien collaborateur du président défunt Kim Dae-Jung, censé, selon la Maison Bleue, la présidence sud-coréenne, ramener l’exécutif sur de bons rails. Mais l’opposition dénonce un écran de fumée et réclame une enquête exhaustive sur les relations entre la présidente et Mme Choi. Elle menace de bloquer au Parlement la nomination du nouveau Premier ministre.

Mme Choi est la fille d’un mystérieux chef religieux, Choi Tae-Min, marié six fois, qui avait de multiples pseudonymes et avait fondé un mouvement aux allures sectaires baptisé l’Eglise de la vie éternelle. Il était devenu le mentor de la présidente après l’assassinat en 1974 de sa mère en 1974, dont il disait qu’elle lui était apparue en rêve. Ensuite, la présidente s’était liée d’amitié avec le chef du culte religieux. Selon les médias sud-coréens, Choi Soon-Sil aurait hérité de son père, décédé en 1994, une influence inappropriée et malsaine sur la présidente. L’ex-époux de Choi Soon-Sil a été un des principaux adjoints de Mme Park jusqu’à son élection en 2012.

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