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L’armée ukrainienne reprend du terrain par endroits: vraie avancée ou utopie?

Noé Spies
Noé Spies Journaliste au Vif

L’armée ukrainienne riposte et remporte de petites victoires dans certains endroits autour de Kiev. Tournant majeur pour la suite de la guerre ou simple illusion?

Après des jours de combats intenses, l’armée ukrainienne a annoncé qu’elle avait repris Makariv aux forces russes. Cette banlieue de Kiev a été fortement bombardée depuis le début de la guerre. Les forces ukrainiennes auraient également réalisé des gains territoriaux dans quelques autres endroits autour de la capitale.

Les Russes sont confrontés à des problèmes logistiques de plus en plus aigus, selon les rapports officiels de l’armée ukrainienne. « Parce qu’ils ne trouvent pas de solutions pour l’approvisionnement en munitions et en vivres. » Il en va de même pour le carburant. Le moral des soldats russes s’effondre également de plus en plus à plusieurs endroits. « Dans la région de Soumy, dans le nord-est du pays, environ 300 soldats ont refusé d’exécuter les ordres et sont partis », a indiqué l’état-major de l’armée ukrainienne dans un rapport quotidien.

De violents combats ont repris autour d’autres petites villes telles que Butsha, Irpin et Hostomel, toutes près de Kiev. Les Russes ont pu prendre rapidement ces localités, mais ils seraient maintenant eux-mêmes encerclés par l’armée ukrainienne. S’ils y sont chassés, cela rendra l’encerclement de la capitale plus difficile pour la Russie.

L'armée ukrainienne se défend bien mieux qu'attendu.
L’armée ukrainienne se défend bien mieux qu’attendu.© reuters

10.000 Russes tués?

Les rapports confirment la conclusion selon laquelle la guerre ne se déroule pas comme prévu et que les troupes russes subissent des pertes importantes à plusieurs endroits. Selon le site web du journal pro-Kremlin Komsomolskaya Pravda, 10.000 soldats russes ont déjà été tués. C’est un nombre plus élevé que les estimations du renseignement américain, qui faisait état de 7.000 soldats tués la semaine dernière.

L’article web était consultable quelques heures… avant d’être mis hors ligne. Explications des éditeurs : le site Web a été piraté et le message n’était donc pas correct. Mais le Kremlin s’est senti obligé de réagir. Le porte-parole Dmitri Peskov a d’abord déclaré qu’il n’avait pas de chiffres sur le nombre de morts et de blessés. Il a poursuivi en assurant que la guerre se déroule toujours selon le plan initial. « Personne ne s’attendait à ce que l’opération en Ukraine soit terminée en quelques jours », a-t-il ajouté.

Ceci étant, malgré ces victoires locales ukrainiennes et les lourdes pertes russes, il serait faux de dire que la guerre bascule en faveur de Kiev. Car, au Sud, la situation est particulièrement précaire. Marioupol continue d’être bombardée sans pitié. L’armée russe, appuyée par les séparatistes, contrôlerait la moitié de la ville. Des combats de rue ont désormais lieu en permanence. À Kherson, la seule grande ville à être tombée aux mains des Russes, la nourriture et les médicaments se font de plus en plus rares car la Russie refuse d’ouvrir un couloir humanitaire pour l’évacuation des civils et le ravitaillement.

Missiles antiaériens

Le temps continue de tourner en faveur de la Russie. Les soldats russes tombés au combat ne constituent pas encore une réelle menace pour Poutine. Le peuple russe ne se retourne pas encore contre lui. C’est le peuple ukrainien qui en paie le prix. L’état-major de l’armée ukrainienne note que la Russie se rabat de plus en plus sur des bombardements intensifs avec des missiles de croisière. Ceux-ci peuvent être tirés à une plus grande distance.

Pour que les Ukrainiens soient plus résistants, Joe Biden a désormais décidé de fournir des missiles anti-aériens plus lourds, selon le Wall Street Journal. Il s’agit de missiles SA-8 de fabrication… russe. Les États-Unis les avaient achetés dans le passé pour les tester. L’Ukraine possède elle aussi ces missiles et connaît donc leur fonctionnement

La question est de savoir comment Poutine réagira à ces nouvelles aides. L’OTAN ne veut absolument pas de zone d’exclusion aérienne au-dessus de l’Ukraine car Poutine y voit une ligne rouge. Mais combien de temps le président russe tolérera-t-il ce genre de transferts d’armes, surtout si la guerre ne se déroule pas comme prévu pour lui?

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