Une photo d'Axel Kahn, reprise de son blog. © DR

« Je ne serai bientôt plus… »: les derniers mots, puissants, d’Axel Kahn

Olivier Mouton
Olivier Mouton Journaliste

Le célèbre généticien français, ancien président de la Ligue nationale contre le cancer, a tiré ce jeudi midi le rideau d’un blog où il a raconté les derniers moments de sa vie. En nous donnant des leçons à tous.

Ce sont les derniers mots d’un homme qui se prépare à s’en aller. Ils font monter des larmes aux yeux, emplis d’émotion et d’une espérance dont on ne sait le nom, si ce n’est celui d’humanité.

Axel Kahn, le célèbre généticien français, a publié un dernier post sur son blog avant de se préparer à mourir, ce jeudi midi. Depuis de longues semaines, l’ancien président de la fondation contre le cancer partageait l’expérience de sa maladie sur son blog et les réseaux sociaux. En donnant à tous des leçons de Vie.

Le voilà en route, depuis ce jeudi 17 juin à midi, sur le grand chemin vers l’inconnu. « Le rideau de ce blog est de ce fait maintenant tiré, écrit-il. J’y ai exprimé ce qui m’importait le plus, les exigences de l’atténuation de la douleur poussent mes médecins, en accord avec moi, à augmenter les doses d’opiacés qui m’éviteront de n’être qu’un corps martyrisé. Puis, je l’ai dit, la main dans la main des miens qui seront transpercés de mon amour, moi-même nimbé de leur amour, je m’endormirai, ils me verront m’endormir. Je ne serai bientôt plus, ils seront encore, je les accompagnerai. Eux et les autres dont je me suis efforcé d’honorer la confiance.

Dans ce dernier message, le généticien tire les leçons des partages qu’il a multipliés ces derniers mois, depuis sa démission de la Ligue nationale contre le cancer, après une année de lutte en silence. C’était le 11 mai dernier.

« Je n’avais aucun projet à l’hôpital en partageant des images émouvantes et belles qui s’imposaient à moi malgré la douleur et les étranges réveils d’anesthésie. Par la fenêtre de la chambre d’hôpital, les aubes bleues recelaient des promesses que je faisais connaitre. Du 7e étage sur la butte de Suresnes, on voyait ce que Paris a conçu de plus inventif et souvent harmonieux depuis le XXe siècle, je le faisais remarquer au même titre que j’aime attirer l’attention sur les beautés inattendues du bord du chemin. Dans un univers où la mort possible est omniprésente, j’évoquais la vie très naturellement tant elle me semblait seule en valoir la peine. »

Il dit avoir exprimenté le partage avec tant de personnes qui lui ont envoyé des messages d’amour et de soutien. « Un phénomène d’une ampleur imprévue s’est alors développé, explique-t-il, sur ce blog, sur les réseaux sociaux Twitter et Facebook et leurs messageries spécialisées, par courriels, lettres, messages SMS, voire appels téléphoniques: des centaines, sûrement des milliers de personnes se sentent en résonance avec ce vécu et cette manière de le rapporter, ils tiennent à en témoigner. D’autres profitent de cette occasion pour m’envoyer un message d’intérêt pour mes analyses, parfois de fidélité ou d’amitié, voire d’affection. Des salariés et bénévoles de La Ligue s’ajoutent par d’autres canaux à ce mouvement de sympathie, pour la vie autant que pour un homme. Ils témoignent alors collectivement de l’importance pour les personnes malades d’une démarche qui ne présenterait plus la mort comme seule désirable pour celles qui ne guériront pas. Je profite de cette observation pour lancer dans les départements et au niveau fédéral de La Ligue l’idée d’une grande action de promotion du concept d’une fin de vie qui se consacre à la vie elle-même et à ce qu’elle peut apporter de positif tant qu’elle est maintenue. »

Une leçon magistrale, avant le grand au revoir.

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