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Iran, Corée du Nord, Afghanistan… Entre Bolton et Trump, un nombre croissant de désaccords

Le Vif

Le limogeage du conseiller à la sécurité nationale de Donald Trump, John Bolton, intervient après une série de désaccords de plus en plus marqués entre ce « faucon » et le président américain.

Si Donald Trump est plutôt habitué à ce que ses collaborateurs acquiescent face à ses soudains revirements politiques, John Bolton pouvait quant à lui faire valoir des décennies d’expérience à Washington, et avait peu à perdre en quittant son poste.

Voici quelques-uns des principaux sujets de discorde entre les deux hommes:

Afghanistan

Donald Trump a annoncé samedi, à la surprise générale, qu’il avait invité des dirigeants des talibans dans sa résidence de Camp David, haut lieu de la diplomatie américaine, afin de discuter d’un accord permettant le retrait de milliers de soldats américains d’Afghanistan.

Des discussions inimaginables pour John Bolton, même si Donald Trump a simultanément annoncé avoir annulé cette rencontre, invoquant une attaque ayant coûté la vie à un soldat américain.

L’ancien conseiller a fermement soutenu le déploiement militaire à la fois en Irak et en Afghanistan sous l’ancien président George W. Bush, et critique depuis toujours toutes concessions faites aux adversaires.

Selon le Washington Post, les tensions sur ce dossier se sont aggravées au point que l’émissaire américain pour l’Afghanistan, Zalmay Khalilzad, aurait refusé de partager sa proposition d’accord avec M. Bolton par peur qu’il ne la saborde.

Donald Trump a plus tard dit mettre fin « pour de bon » aux négociations avec les talibans.

Iran

John Bolton est depuis longtemps sur une ligne dure face à Téhéran. En 2015, il avait publié une tribune dans le New York Times sous le titre: « Pour arrêter l’Iran, il faut bombarder l’Iran ».

Peu après l’entrée en fonction de M. Bolton, Donald Trump s’est retiré de l’accord international sur le nucléaire iranien, négocié par son prédécesseur Barack Obama, et a imposé de nouvelles sanctions au pays.

Mais le locataire de la Maison Blanche fait de plus en plus savoir qu’il reste ouvert à la voie diplomatique. Il est par exemple apparu favorable à une proposition de la France visant à accorder une « ligne de crédit » à Téhéran, et s’est dit prêt à rencontrer son homologue iranien Hassan Rohani « sans conditions préalables ».

Corée du Nord

John Bolton est également connu pour sa position inflexible à l’égard de la Corée du Nord. Peu avant sa nomination, il avait écrit dans le Wall Street Journal qu’il serait légitime que les Etats-Unis y conduisent des frappes préventives.

Sa condamnation du régime nord-coréen remonte à loin, ce qui lui avait valu d’être qualifié en 2003, alors qu’il était en poste au département d’Etat américain, de « déchet humain » par Pyongyang. Lui-même avait qualifié le leader de l’époque, Kim Jong Il, de « dictateur tyrannique ».

John Bolton a néanmoins accompagné Donald Trump lors de deux sommets avec le dirigeant nord-coréen actuel, Kim Jong Un, à Singapour puis à Hanoï, où il a pressé le président américain de ne pas conclure d’accord sans engagements forts de Pyongyang.

Lors d’une troisième rencontre surprise entre les deux dirigeants dans la Zone démilitarisée entre les deux Corées en juin, John Bolton se trouvait à distance, en Mongolie.

Venezuela

John Bolton a encouragé l’un des mouvements diplomatiques les plus importants de Donald Trump, visant à chasser du pouvoir le président vénézuélien Nicolas Maduro, dans un pays en situation de crise économique grave.

Mais le conseiller américain se retrouve finalement éloigné du pouvoir avant le dirigeant vénézuélien, qui a toujours le soutien de l’armée de son pays plus d’une demi-année après que les Etats-Unis, aux côtés de nombreux autres pays, l’ont déclaré illégitime.

Donald Trump s’exprime de moins en moins sur le Venezuela, et selon de nombreuses informations de presse, il aurait blâmé John Bolton en privé pour avoir surestimé la facilité avec laquelle le leader de l’opposition vénézuélienne, Juan Guaido, était en mesure de s’imposer au pouvoir.

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