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Hollande-Sarkozy: une campagne, deux styles

Ils sont qualifiés pour le second tour de la présidentielle et c’est bien là leur seul point commun. Tout semble les opposer. Même dans les styles de campagne, les candidats PS et UMP s’illustrent par leurs différences. LeVif.be juge le match.

Meetings

Nicolas Sarkozy, qui a fait 32 meetings depuis son entrée en campagne le 15 février dernier, a choisi de faire des discours brefs et incisifs. Plus la campagne avance, plus il délaisse les discours écrits par Henri Guaino pour laisser s’exprimer son bagout d’avocat. Depuis le premier tour, il interagit plus avec son public, lui laissant le temps de rire à ses bons mots, de huer l’adversaire ou d’applaudir ses saillies verbales. Il sait volontiers se montrer offensif pour galvaniser un public qui agite des drapeaux bleu-blanc-rouge. Souvent, les élus UMP se succèdent pour préparer l’arrivée sur scène du président-candidat. Pour ce qui est de la gestuelle, on la connaît bien désormais: les épaules tressautent et les doigts s’élèvent, accusateurs.

François Hollande est en campagne depuis la fin de la primaire PS en octobre 2011. Mais c’est le meeting du Bourget le 22 janvier qui marque vraiment son entrée en campagne. On y découvre le style qu’affectionnera ensuite le candidat socialiste pour l’ensemble de ses discours: souvent longs, avec de forts accents mitterrandiens, posés et présidentiels. Dans la gestuelle aussi, ce François emprunte beaucoup à son prédécesseur: appuyé sur le pupitre, les mains parfois jointes mais souvent écartées. Il veut incarner le rassemblement et se tailler une stature de chef d’Etat. Contrairement à son adversaire UMP, il a tenu essentiellement des meetings en plein air dès la mi-mars et n’a pas hésité à convier des chanteurs pour animer l’avant-discours.

Déplacements

Là aussi, Nicolas Sarkozy aime faire court et efficace. Il multiplie les visites en région, des excursions éclair dans les écoles, les industries (Lejaby, fonderies du Poitou, Alstom), les exploitations agricoles et même un hôpital. Il sacrifie donc à tous les passages obligés, mais conserve un certain mystère autour de certains déplacements. Il faut dire que dès le 1er mars, à Bayonne, sa visite tourne mal. Pour son passage en « banlieue » (à Drancy, le 10 avril), que tout le monde attendait avec impatience, il évite les ennuis en ne prévenant la presse que 30 minutes avant. Globalement ses déplacements sont très balisés et minutieusement chronométrés et se concentrent sur les zones rurales ou les villes moyennes. Il affectionne particulièrement les discussions, en apparence informelles, avec des Français dans de petits bars PMU de campagne.

François Hollandea sillonné la France, privilégiant les villes moyennes. Il n’a pas manqué une grande ville française, respectant la tradition, qui veut qu’un candidat PS tiennent sa dernière grande réunion d’avant second-tour à Toulouse. Il affectionne particulièrement les « déambulations », comprendre une marche en centre-ville, au milieu de la population. En février, le candidat s’est agacé de ne plus voir les Français, cachés derrière une nuée de caméras. Le PS a alors adopté la technique du « pool », un groupe de journalistes sélectionnés, qui diffuse ensuite images, sons et déclarations au reste des confrères. Enfin, il adore serrer des mains par centaines, ce qui surprend toujours son service de sécurité et le retarde dans ses plannings hyper-chargés.

Equipe de campagne

Nicolas Sarkozy. Il n’a jamais à proprement parler présenté son équipe de campagne. Autour de lui, beaucoup d’hommes de l’ombre. Son directeur de campagne, Guillaume Lambert est inconnu du grand public et n’a fait aucune apparition média. Toute la communication passe par l’unique porte-parole, Nathalie Kosciusko-Morizet, un choix qui a surpris, voire agacé l’UMP. Pas de pôle thématique non plus. Jean-François Copé a dû mettre le pied dans la porte du QG pour faire campagne aux côtés de Nicolas Sarkozy. Les parlementaires ne se sont jamais sentis impliqués dans le staff du candidat. Tout juste ont-ils pu tourner quelques vidéos dans la série Les experts de l’UMP.
François Hollande. Il a fait tout le contraire du président sortant. Lui a présenté son équipe en grandes pompes et dès novembre. Une équipe pléthorique, représentative de toutes les sensibilités du PS, avec des pôles thématiques gérés par un représentant et des adjoints, répartis entre experts et élus, quatre porte-paroles, un conseil politique,… Ouf ! L’équipe Hollande a été parfois comparée à une armée mexicaine, mais il fallait bien cela pour repêcher les représentants des perdants de la primaire.

Thèmes de campagne

Nicolas Sarkozy. Ils déclinent tous le slogan de La France forte et incarnent donc les idées de souveraineté nationale, qui parlent au peuple, en opposition aux élites. Officiellement, ils parlent à tous les électeurs, quelque soit leur parti. Dans les faits, le programme de Nicolas Sarkozy a clairement penché à droite, voire à l’extrême droite. Régulièrement, il a repris le triptyque de 2007: travail, autorité, responsabilité. Il s’est parfois mué en « travail, effort, mérite ». Des mots que l’on retrouve chez…
…François Hollande. Ce rapprochement thématique n’est pas qu’anecdotique. François Hollande n’a pas hésité à investir certains terrains occupés par la droite. Sur l’immigration, il n’a pas hésité à attaquer son adversaire lors du débat d’entre-deux-tours. Les trois axes de sa campagne se résument en trois mots: égalité, justice et rassemblement. Des notions plus abstraites que celles mises en avant par Nicolas Sarkozy.

Par Matthieu Deprieck et Diane Saint-Réquier, L’Express

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