© Reuters

Hollande ou Sarkozy ? Les pronostics de la rédaction

François Hollande ou Nicolas Sarkozy ? Qui des deux candidats va l’emporter ce dimanche? Levif.be a demandé à ses journalistes de jouer les augures en désignant le gagnant du second tour de la présidentielle française.

Hollande vainqueur, mais d’une courte tête – Christine Laurent, Rédactrice en chef du Vif/L’Express
C’est bien le candidat socialiste, François Hollande, qui devrait l’emporter dimanche soir. Après un match, toutefois, très serré. Les observateurs lui accordent un sans-faute pour sa campagne qui a bénéficié du soutien d’un PS miraculeusement rassemblé derrière lui. Le report de gauche devrait bien entendu lui profiter. Nul doute que le débat qui l’a opposé à Sarkozy lui a permis de marquer des points, notamment auprès des indécis. En endossant les habits présidentiels ce soir-là, il a gagné en crédibilité. Enfin, nombreux sont les Français qui ressentent un véritable rejet à l’égard de la personnalité du président sortant et qui aspirent à un changement, même si le programme socialiste ne les séduit pas totalement. Un rejet accentué aussi par la droitisation de Sarkozy entre les deux tours dans l’espoir de conquérir les voix du Front National de Marine Le Pen.


François Hollande, parce que la crise sanctionne les gouvernements sortants – Gérald Papy, rédacteur en chef adjoint du Vif/L’Express
Parce que la crise sanctionne tous les gouvernements sortants et que, face à un bilan de la présidence Sarkozy qui au plan socio-économique ne mérite sans doute pas un diagnostic aussi sévère que celui qui est généralement asséné, François Hollande offre une forme d’espérance nouvelle et propose un programme de gauche relativement modéré.
Parce que François Hollande a investi la fonction présidentielle au fur et à mesure de la campagne électorale alors que Nicolas Sarkozy a accumulé un potentiel de détestation sur son nom, depuis 2007 pour avoir eu des attitudes jugées peu ou prou indignes d’un président de la République et pendant la campagne pour avoir tenté de façon un peu éhontée d’attirer à lui les voix de l’extrême droite.
Parce que Marine Le Pen, stratégiquement, ne souhaite pas la victoire de Nicolas Sarkozy, parce que François Bayrou a choisi François Hollande à titre personnel et parce que les socialistes ont fait taire leurs divergences pour mener une campagne efficace, dopée par le succès des primaires.
Mais attention, le résultat de dimanche soir s’annonce serré et une surprise n’est pas tout à fait exclue.


François Hollande, une majorité de Français ne veut plus du président sortant – Pierre Havaux, journaliste polique du Vif/L’Express

Il a commencé la course en tête, il parviendra à garder une avance suffisante sur son adversaire, il ne s’est pas effondré en vue de la ligne d’arrivée. Les ralliements qu’il obtient (Melanchon, Bayrou) valent ce qu’ils valent, mais ils indiquent une tendance lourde en sa faveur.
Plus qu’un vote pro-Hollande, c’est un vote anti-Sarkozy qui va s’exprimer. Une majorité de Français ne veut tout simplement plus du président sortant. Le profil du candidat Hollande n’a rien de révolutionnaire, il peut donc attirer sans difficultés les voix de la masse des modérés.


François Hollande, parce que beaucoup de paramètres jouent pour lui – Thierry Fiorilli, rédacteur en chef adjoint du Vif/L’Expres

Le désir de changement, comme souvent lors d’élections présidentielles. L’envie de « sagesse », de retour à une certaine normalité, après cinq ans d’hyperactivité, d’omniprésence, de buzz présidentiels sauce Sarkozy. Le fait qu’il recueille au moins autant de voix pour lui que de voix contre Sarkozy. Le rôle de challenger lui allait comme un gant. Il a montré lors du débat qu’il savait mordre et se faire respecter


François Hollande, car Sarkozy semble ne pas croire, lui-même, à sa victoire – Vincent Genot, journaliste responsable de la newsroom francophone de Roularta

A moins d’une surprise, François Hollande devrait sortir vainqueur des urnes dimanche 6 mai. D’un point de vue pragmatique, je fais confiance aux sondages qui le donnent gagnant avec un écart qui semble difficile à combler. D’un point de vue plus personnel, j’ai été surpris par l’attitude de Nicolas Sarkozy durant le débat d’entre-deux-tours. Il manquait d’allant, n’avait pas sa faconde habituelle. Par moment, il semblait ne pas croire, lui-même, à sa victoire. A la fin de la joute, on peut dire que François Hollande a créé la surprise en présentant un profil plus présidentiel. Reste que s’il l’emporte, il lui faudra plus d’une astuce pour devenir le Président du rassemblement comme il l’a annoncé.


François Hollande, faute de mieux – Laurent Raphaël, rédacteur en chef de Focus Vif
A moins que Carla annonce demain qu’elle est à nouveau enceinte, tout indique, les sondages comme les discussions de comptoir, que les Français confieront les clés de l’Elysée à Flamby. Moins par conviction que par rejet de son concurrent, qui n’aura pas ménagé sa peine pour se faire détester. On laisse à d’autres le soin de juger son bilan économique et social -pas besoin de chiffres toutefois pour sentir que le climat en France s’est sensiblement dégradé- pour se concentrer sur son action culturelle. Depuis Pompidou, tous les présidents ont laissé une trace sur ce terrain. Autant par mégalomanie que pour affirmer le poids symbolique de la culture dans le rayonnement de la France. Pompidou et le centre Beaubourg, Giscard et le musée d’Orsay, Mitterrand et la Bibliothèque nationale, Chirac et le Quai Branly. Et Sarkozy, que léguera-t-il à la postérité? Rien. A l’image de son quinquennat et à l’unisson de l’époque, il s’est vautré dans le tout tout de suite, dans l’esbroufe, dans la vulgarité. Un manque de style qui sera comme un caillou dans sa chaussure dimanche. Car ses mauvaises manières et son mépris pour la culture auront inoculé l’idée que ce président-là n’avait décidément pas l’étoffe des grands. Sarkozy a creusé sa propre tombe. Sans doute tapissée de Rolex…


François Hollande, à contrecoeur – Rik Van Cauwelaert, directeur de Knack Parce que la présidence de Sarkozy n’aura été qu’une accumulation d’actes manqués. Son action auprès de l’Union Européenne aura été des plus ambiguës. A la fin de son mandat, il semblait même vouloir revenir à ‘l’Europe des nations’ de Charles de Gaulle.
Sa politique sociale s’est avérée être un échec. A la fin de l’année dernière, la France comptait près de 2,8 millions de chômeurs. La dette publique du pays s’est élevée à 87% du PIB. Afin de pouvoir ramener le déficit budgétaire à 3% d’ici 2013, les Français sont contraints de faire d’énormes efforts. Telles sont les conséquences de la présidence de Sarkozy.
Sarkozy a manqué les occasions d’implémenter de grandes réformes. Je choisis donc Hollande, à contrecoeur. Si le grand débat télévisé a bien montré quelque chose, c’est que ni Sarkozy ni Hollande ne sont des politiciens inspirants.


François Hollande, car la droite ne voit plus en Sarkozy son porte-drapeau – Xavier Beseme, documentaliste du Vif/L’Express

Les Français vont préférer la « relative » inconnue que représente le candidat Hollande à l’énorme déception qui se dégage du quinquennat de Sarkozy. Le président sortant a trop souvent surfé sur la vague dominante et populiste, quitte à changer de cap et abandonner en chemin de fidèles amis. Il a étonné où on ne l’attendait pas mais surtout déçu sur les promesses pour lesquelles on l’avait élu. La droite au sens large, encore toujours majoritaire en France, ne voit plus en Sarkozy son porte-drapeau. La crise a balayé l’ère du bling-bling !


Hollande, avec la plus grande des réticences – Johan Van Overtveldt, rédacteur en chef de Knack
Hollande ou Sarkozy : quel dilemme. On dit souvent qu’un peuple a les politiciens qu’il mérite. Les Français auraient-ils raté quelque chose d’important ? Ce qui est sûr, c’est que Sarkozy n’est pas une option. L’homme dépasse à peine le niveau de la grandiloquence divertissante. Contrairement à ce qu’il avait promis, il n’a pas réussi à changer la France. La crise de l’euro est plus aiguë que jamais. Hollande, quant à lui, est également un désastre. De deux choses l’une : ou il applique l’ensemble des mesures annoncées et la France deviendra la Grèce, fonçant la tête dans le mur sur le plan économique, financier et social. Ou il se révèle en tant qu »homme d’état’ et retire ses plus grosses pitreries électorales afin d’éviter une crise importante. Mais le candidat du PS tromperait alors le public français de long en large. Pour moi, ni Hollande ni Sarkozy ne constituent un réel choix. Je me raccroche donc au faible espoir de voir François Hollande surprendre positivement. Sarkozy n’est plus en état de le faire.


François Hollande, parce qu’on va assister à un vote contre Sarkozy – Marie Gathon, journaliste du Vif.be
François Hollande deviendra le nouveau président des Français dimanche. D’abord, parce que les sondages le donnent gagnant depuis le début des élections. Ensuite, parce que je pense que cette élection est plus une campagne contre Nicolas Sarkozy et sa politique que pour un candidat qui porterait les espoirs du peuple français. Le premier tour et les nombreux votes vers les deux extrêmes (gauche et droite) l’ont montré.


François Hollande, sans hésitation – Eddy Eerdekens, rédacteur en chef Knack.be Sarkozy porte la plus écrasante des responsabilités dans la crise économique européenne. Renvoyer cet homme à l’Elysée pour cinq ans serait une erreur sans précédent : avec Angela Merkel, il aura joué un rôle pionnier – déplacé et raté – dans l’approche de la crise. Outre son positionnement en matière de multiculturalisme français, nous retiendrons surtout de lui qu’il partage le lit de Carla Bruni et qu’il a osé demander à un ami rédacteur en chef de retoucher ses photos de vacances dans Photoshop afin que disparaisse la cellulite dépassant de son short de bain.


François Hollande, car il incarne le changement – Laetitia Pepe, stagiaire (française) du Vif.be
Bien que Nicolas Sarkozy soit le plus à même à diriger la France et à maintenir le statut de son pays au sein de l’Union européenne, une majorité de Français perçoit le changement et le renouveau au travers du vote socialiste. Indépendamment de ses idées, François Hollande est souvent apparu comme inapte à incarner la fonction de chef de l’Etat. Les citoyens français voient toutefois en lui, un moyen de contrer non pas un mouvement ou un parti, mais un homme. Un sentiment renforcé par le ralliement probable au second tour d’une partie de l’électorat centriste et lepéniste.


François Hollande, car Sarkozy lutte comme une abeille prise dans un bocal – Muriel Lefevre, journaliste du Vif.be Sarkozy me fait penser à une bête traquée. Il lutte comme une abeille prise dans un bocal. Si même lui ne semble plus guère y croire, qui le pourrait encore ? Dans un contraste cruel, il a en face de lui un Hollande placide qui attend avec une sérénité affichée le soir du 6 mai. Mais c’est de cette victoire trop annoncée que pourrait venir la surprise. Tel un rebondissement de roman de gare, les électeurs français pourraient faire mentir les sondages et prouver que la « sarkophobie » n’a pas fait tant de victimes qu’annoncées. Alors, tel le phoenix, Sarkozy reviendrait, flamboyant, au-devant de la scène. Mais cela se saurait si la politique était un roman de gare.


François Hollande, pour trois raisons – Anthony Planus, journaliste de sportmagazine.be Je vois François Hollande remporter la présidentielle pour trois raisons : 1. Le ras-le-bol après cinq années de sarkozisme est trop important pour se laisser endormir par une campagne sans grand éclat du candidat de droite. 2. Le grand débat de mercredi n’a pas permis au président sortant de prendre un avantage décisif sur son rival socialiste. 3. Aucun candidat malheureux du premier tour n’a appelé à voter pour Sarkozy, alors qu’Hollande bénéficie du soutien tacite de Jean-Luc Mélenchon et François Bayrou, entre autres.


François Hollande devrait l’emporter d’un cheveu – Alexandre Binamé, rédacteur en chef de Canal Z Donné gagnant depuis des mois, François Hollande devrait l’emporter dimanche, mais pas avec une avance aussi énorme qu’on lui prédisait encore récemment. Fort d’un report massif de voix des autres formations de gauche et même du centre (merci Bayrou), Hollande devra plus sa victoire à un rejet du président sortant qu’à son programme, sa personnalité ou un engouement soudain pour la gauche. Si François Hollande s’est montré moins excessif que son adversaire dans la pêche aux voix du FN, il devra aussi sa victoire à Marine Le Pen. Plus que quiconque, cette dernière rêve de terrasser Nicolas Sarkozy, et à travers lui l’UMP, pour redessiner une « nouvelle droite » française. Ces présidentielles auront plus été le reflet d’un choix « pour ou contre » des hommes et des personnalités que l’expression d’un choix politique et d’idées. Combatif et sûr de lui, Nicolas Sarkozy rêve encore d’inverser la tendance. Qui sait, peut-être réservera-t-il aux Français une surprise du chef ?

Vous avez repéré une erreur ou disposez de plus d’infos? Signalez-le ici

Contenu partenaire