Ghyslain Wattrelos se bat pour que son fils Alexandre connaisse un jour la vérité sur la mort de sa mère et de ses frère et soeur. © BELGA IMAGE

Ghyslain Wattrelos à propos du vol MH370: « Un enchaînement de manipulations »

Gérald Papy
Gérald Papy Rédacteur en chef adjoint

Ghyslain Wattrelos a perdu son épouse et deux de ses trois enfants dans la disparition du Boeing de la Malaysia Airlines. Il juge plausible l’intervention d’une force extérieure en mer de Chine pour l’expliquer.

Le 8 mars 2014, Ghyslain Wattrelos, cadre chez Lafarge, revient à Pékin après un séjour en France auprès de son grand fils Alexandre, étudiant à Paris. Il doit y rejoindre son épouse Laurence et ses deux autres enfants, Hadrien et Ambre, de retour, eux, de vacances en Malaisie. Ils ne les reverra jamais. Depuis sept ans, le Français se bat pour découvrir la vérité sur la volatilisation du Boeing 777-200, persuadé que la version officielle est fausse. Il a raconté son calvaire et sa quête dans Vol MH370. Une vie détournée (Flammarion, 2018, 352 p.).

Que pensez-vous de la thèse de Florence de Changy sur l’occultation des vraies raisons de la disparition du Boeing du vol MH 370?

C’est une démonstration très claire de la manipulation dont nous sommes victimes depuis le début de cette histoire. Les autorités malaisiennes entreprennent des recherches en mer de Chine et, au bout d’une semaine, elles nous disent que l’avion a été repéré de l’autre côté à des milliers de kilomètres. Depuis lors, je suis persuadé qu’on nous ment. Un mois plus tard, le gouvernement australien prend le contrôle de l’enquête sans aucune raison. J’y vois un enchaînement de manipulations, de mensonges et d’incohérences, bien orchestré puisque l’opinion publique croit effectivement que l’appareil a fait demi-tour, a été signalé par des radars, a émis des « pings » enregistrés par la société Inmarsat et qu’un débris de l’avion a été retrouvé à La Réunion. Nous n’avons jamais eu accès aux données des radars ni aux relevés d’Inmarsat. Jamais. L’avion n’est pas là où on l’a cherché, à l’ouest de l’Australie. Car s’il s’était crashé là, on y aurait découvert des débris flottants, comme cela a toujours été le cas dans l’histoire de l’aviation. Florence de Changy émet une hypothèse plausible qui, pour moi, est une des deux possibles. L’avion est bien tombé en mer de Chine. Il n’a pas fait demi-tour.

Plus les enquêteurs français avancent, plus ils s’aperçoivent que ce que l’on leur dit ne colle pas.

Les données ont pu être trafiquées. Mais les débris d’avion retrouvés à La Réunion ne constituent-ils pas un élément plus probant de la disparition de l’appareil dans l’océan Indien?

Plusieurs débris ont été retrouvés à La Réunion, au Mozambique, à l’île Maurice. Quatre seulement ont été identifiés par l’enquête officielle comme appartenant à l’avion de la Malaysia Airlines. Or, chaque fois qu’un avion s’est écrasé en mer, on a toujours retrouvé beaucoup plus que quelques débris. Aussi peu de débris, c’est louche. En plus, on n’a retrouvé aucun débris flottant. Les seuls découverts l’ont été sur les plages. Enfin les preuves qui relient ces débris au Boeing du vol MH370 – je les connais puisqu’elles figurent dans l’enquête française – ne sont pas irréfutables. Ils pourraient très bien provenir d’un autre appareil.

L’hypothèse que le mobile de la disparition du Boeing se trouve dans sa cargaison vous semble- t-elle crédible?

Il y a pour moi deux hypothèses: une cargaison ou des personnes qui ne doivent pas arriver à Pékin. Il y avait des passagers louches dans l’avion, américains notamment. Si c’est la cargaison, il est possible que l’avion devait être détourné, atterrir dans un pays ami comme la Thaïlande, être débarrassé de son chargement et être renvoyé à Pékin. Cela a pu mal se passer. Et ils ont été obligés d’abattre l’avion. L’autre hypothèse, encore probable pour moi, est liée au fait qu’il y avait énormément d’avions militaires de pays différents sur zone à cette époque-là en raison de manoeuvres prévues avant et après la nuit de la disparition. L’un d’entre eux a pu heurter le Boeing de la Malaysia Airlines.

Etes-vous confiant dans l’enquête française? Est-elle votre dernier recours?

Il faut savoir que c’est la seule enquête indépendante qui ait jamais existé sur cette affaire. Elle est très bien menée. Et les enquêteurs font un travail extraordinaire. Plus ils avancent, plus ils s’aperçoivent que ce que l’on leur dit ne colle pas. Malheureusement, les données sont en Malaisie, en Australie, au Royaume-Uni, avec les sociétés Inmarsat et Rolls Royce, aux Etats-Unis, chez Boeing et auprès du FBI. Tous ces acteurs ont du mal à parler. On est face aux « Five Eyes » (NDLR: l’alliance des services de renseignement des Etats-Unis, du Canada, du Royaume-Uni, de l’Australie et de la Nouvelle-Zélande) et devant eux, le juge français n’a pas de pouvoir, d’autant que le gouvernement français, sur cette histoire, est totalement absent. L’implication du FBI dans cette enquête suscite des questions. Pourquoi est-il dépêché à Kuala Lumpur? Pourquoi saisit-il le simulateur de vol du pilote pour l’analyser? Sachez qu’il n’y a aucun rapport du FBI dans les documents de l’enquête. Je ne peux pas croire que le FBI ne fasse jamais de rapport. Ou alors c’est qu’il doit cacher quelque chose. Cela fait maintenant six ans que le juge français négocie avec l’ambassade des Etats-Unis à Paris pour rencontrer des gens du FBI. Et six ans que celui-ci le balade…

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