© AFP

Gaz: Russie, Ukraine et UE trouvent un accord

L’Ukraine et la Russie ont trouvé jeudi soir à Bruxelles, sous l’égide de l’Union européenne, un accord pour régler leur contentieux sur la livraison de gaz cet hiver.

Une table recouverte d’une nappe bleue, où cet accord sera signé, a été dressée dans la salle de presse de la Commission européenne à Bruxelles.

Une conférence de presse a été annoncée pour 21h45 (20h45 GMT). Devaient y participer les ministres russe et ukrainien de l’Energie, Alexander Novak et Iouri Prodan, le président de la Commission européenne José Manuel Barroso et le commissaire à l’Energie Günther Oettinger, mais aussi les présidents du géant gazier russe Gazprom et de Naftogaz, la compagnie nationale ukrainienne.

Le règlement de la dette de 3,1 milliards de dollars se fera en deux tranches, une première immédiatement et l’autre à la fin de l’année, selon une source européenne. « Les Ukrainiens ont l’argent pour payer », a-t-elle ajouté, sans toutefois révéler si l’Union européenne se portait garante de ces paiements comme l’avait réclamé mercredi le président de Gazprom, Alexeï Miller.

L’accord prévoit aussi un prix de 385 dollars les 1.000 m3 pour toute la durée du contrat, qui court de novembre à fin mars 2015. Le paiement s’effectuera à l’avance pour chaque mois suivant. Kiev voulait absolument la garantie que ce prix ne changerait pas pendant la durée du contrat. L’Ukraine, qui aurait besoin au total de quatre milliards de m3, a obtenu cette assurance.

Les négociations trilatérales entre la Russie, l’Ukraine et la Commission européenne, suspendues dans la nuit de mercredi à jeudi, avaient repris jeudi soir après le retour à Bruxelles de la délégation russe, selon une source proche des négociations qui a fait état d’échanges « constructifs » tout au long de la journée.

En arrivant à Bruxelles, le ministre russe Novak avait « espéré » signer ce jeudi.

M. Miller avait affirmé mercredi qu’il fallait un protocole bilatéral prévoyant des garanties financières européennes pour l’Ukraine afin de l’aider à solder une partie de ses impayés et à régler d’avance une nouvelle commande. Sans accord à ce sujet entre Kiev et l’UE, les négociations « n’ont pas de sens », avait insisté un porte-parole du groupe, Sergueï Kouprianov.

M. Barroso, dont ce sont les dernières 24 heures à la tête de la Commission, avait eu à plusieurs reprises au téléphone le président ukrainien Petro Porochenko mercredi. Il avait appelé jeudi « toutes les parties à conclure les négociations », assurant qu’un accord était « à portée de main ».

Gazprom avait presque doublé le prix par m3 de gaz exigé à l’Ukraine après la chute du président prorusse Victor Ianoukovitch, suivie de l’arrivée d’un gouvernement pro-occidental.

Le géant gazier avait interrompu ses livraisons de gaz à Kiev en juin, arguant d’impayés colossaux. L’Ukraine a demandé à l’UE la semaine dernière une ligne de crédit de deux milliards d’euros. Jeudi, le Premier ministre, Arseni Iatseniouk, a annoncé qu’il allait demander de l’aide aux Etats-Unis et à l’Allemagne.

Avant de quitter ses fonctions vendredi, Günther Oettinger, était déterminé à arracher un accord qui devrait sécuriser pour cet hiver l’acheminement des importations européennes de gaz russe transitant par l’Ukraine.

L’UE a besoin chaque année de 450 milliards de mètres cubes de gaz pour sa consommation. Elle doit en importer 300 milliards, dont 125 milliards achetés à Gazprom. 75 milliards de m3 achetés à la Russie transitent par les installations de l’Ukraine.

Rappelant que Kiev avait « déjà obtenu des milliards d’aide » du FMI et de l’UE, M. Oettinger a affirmé qu’elle devait « en utiliser une partie » pour acheter du gaz, reconnaissant qu’elle avait d’autres dépenses urgentes comme « reconstruire des routes » et « acheter des armes ».

De son côté, le FMI a indiqué jeudi qu’il pourrait retarder l’octroi de son prochain prêt à l’Ukraine en attendant la formation d’un nouveau gouvernement, tout en assurant qu’un tel report n’aurait pas de conséquences « cruciales » sur les finances de ce pays.

Sur le terrain, de très intenses tirs d’artillerie en provenance des deux camps ont retenti jeudi soir aux abords de l’aéroport de Donetsk, l’un des principaux points chauds de l’est séparatiste prorusse de l’Ukraine. Auparavant, un porte-parole militaire avait annoncé que sept soldats ukrainiens avaient été tués dans des combats avec les rebelles prorusses, soit les pires pertes dans l’armée ukrainienne depuis la mi-octobre.

Contenu partenaire