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Fusillade à Ottawa: le tireur considéré comme un « voyageur à haut risque »

L’auteur de la fusillade au Parlement d’Ottawa mercredi a été identifié comme Michael Zehaf-Bibeau, un Canadien de 32 ans considéré par les services de renseignements comme un « voyageur à haut risque » et qui s’était fait récemment retirer son passeport, selon plusieurs médias.

La chaîne américaine CBS cite des sources officielles américaines pour révéler l’identité du suspect, qui a été abattu par la police en milieu de journée à Ottawa. Des responsables canadiens ont confirmé son identité au quotidien canadien Globe and Mail, précisant que ce Canadien était présenté comme « un voyageur à haut risque » par les services de renseignement et s’était fait récemment retirer son passeport. L’homme qui a tué lundi avec sa voiture un militaire dans la banlieue de Montréal s’était lui aussi fait confisquer son passeport en juillet, avaient annoncé mardi les enquêteurs. Michael Zehaf-Bibeau aurait été condamné à deux ans de prison pour vol et possession d’armes en 2003, selon la chaîne canadienne CTV. Il serait également poursuivi pour possession de stupéfiants, près de Montréal et d’Ottawa. M. Zehaf-Bibeau est suspecté d’avoir tué près du Parlement le caporal Nathan Cirillo, qui était en faction devant le monument aux morts d’Ottawa, a indiqué le ministre des Affaires étrangères John Baird.

Un militaire et un assaillant tués

Un assaillant a été abattu par les forces de l’ordre peu après cette attaque, a indiqué la police de la capitale canadienne, emportée pendant quelques heures par un vent de panique, craignant la présence de deux autres tireurs dans l’enceinte même du bâtiment fédéral situé en plein centre ville. Un peu avant 10H00 (14H00 GMT), l’un des deux militaires postés devant le monument aux morts a été touché par balles et a succombé à ses blessures, malgré les massages cardiaques rapidement effectués par les services de secours. Le ministre du Travail Jason Kenney a également indiqué qu’un garde de sécurité du Parlement avait été blessé lorsqu’une fusillade a éclaté à l’intérieur de l’édifice victorien. Le centre ville d’Ottawa a été totalement bouclé et investi par des centaines de policiers et commandos lourdement armés, soutenus par des véhicules blindés légers. Les habitants du centre d’Ottawa ont reçu pour consigne de s’éloigner des fenêtres car, selon la Gendarmerie royale du Canada, un tireur s’est « probablement » retranché sur le toit du Parlement. Des tireurs d’élites ont été aperçus sur les toits alentours, notamment celui du Musée des Beaux-arts. Le Canada avait relevé mardi son niveau d’alerte anti-terroriste, de bas à moyen, et selon des médias locaux les bases militaires du pays ont été fermées mercredi et les militaires ont reçu l’ordre de rester confinés, sans uniformes.

Face à cette attaque inédite dans l’histoire canadienne, la défense aérienne américano-canadienne (Norad) a été placée en état d’alerte pour « être à même de répondre rapidement » à tout incident aérien qui pourrait être lié, ont indiqué des responsables militaires américains.

Selon différents témoignages, un ou plusieurs tireurs ont d’abord fait feu sur l’un des deux soldats stationnés devant le monument aux morts, avant de s’emparer d’un véhicule officiel pour approcher des portes du Parlement, un périmètre uniquement réservé aux véhicules autorisés et de police. De un à trois assaillants se seraient ensuite rués à l’intérieur du bâtiment central où siègent les députés et sénateurs. Un peu après, une forte détonation a été entendue, aussitôt suivie d’un tir nourri des policiers, selon une vidéo d’un journaliste du Globe and Mail présent dans l’enceinte et filmée avec son téléphone portable. « Un homme est entré dans le Parlement en courant. Il était poursuivi par des policiers armés de fusils qui criaient à tout le monde de se mettre à couvert », a raconté un employé du Parlement qui estime avoir dénombré « une vingtaine de coups de feu » tirés dans l’enceinte. Les échanges de coups de feu ont duré « quelques minutes », a souligné le sénateur Pierre-Hugues Boisvenu.

Le Premier ministre Stephen Harper se trouvait alors dans l’édifice, assistant à la traditionnelle réunion hebdomadaire des députés et sénateurs du parti conservateur qu’il dirige. « Il a été mis rapidement en sécurité (…) malgré un court moment de panique », a raconté à la télévision le sénateur Boisvenu, témoin de la scène. Le Premier ministre « est en sécurité » et a été évacué du quartier du Parlement, a souligné son porte-parole, notant que M. Harper devait s’exprimer plus tard dans la journée. Le président américain Barack Obama s’est entretenu par téléphone avec M. Harper. « Je suis consterné » par cette attaque, a écrit le Premier ministre britannique David Cameron sur son fil Twitter. Les chefs de l’opposition, Thomas Mulcair pour le NPD (gauche) et Justin Trudeau du Parti libéral ont également été placés en lieux sûrs. Les autorités canadiennes avaient relevé mardi d’un cran le niveau d’alerte terroriste, de bas à moyen, pour la première fois depuis 2010. Cette décision intervenait après la mort d’un militaire à Saint-Jean-sur-Richelieu, au Québec, fauché volontairement par un jeune de 25 ans converti à l’islam et « radicalisé », qui a ensuite été abattu par la police. Cette agression a été qualifiée d’acte terroriste par le gouvernement canadien. Cet attentat était le premier lié à l’extrémisme islamiste de l’histoire du Canada. L’auteur de l’attaque de lundi avait été identifié par les services de renseignement comme faisant partie des 90 Canadiens présents sur le sol national et soupçonnés de vouloir fomenter des attentats. Sur ces 90 individus suivis par les autorités, 80 sont revenus récemment de zones de guerre, et plus spécialement d’Irak et de Syrie, avait indiqué au début du mois le gouvernement canadien.

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Le Canada va « redoubler » sa lutte anti-terroriste

Le Premier ministre Stephen Harper a assuré mercredi lors d’une allocution télévisée que « le Canada ne sera jamais intimidé » par les « organisations terroristes » contre qui les services de sécurité vont « redoubler » d’efforts après l’assassinat de deux soldats en trois jours.

Sans plus de détails, il n’a pas exclu que l’homme ayant ouvert le feu au Parlement, avant d’être abattu, ait pu avoir d' »éventuels complices ». Revenant sur l’attaque, M. Harper a promis à ses compatriotes que « ces gestes nous amèneront à augmenter notre détermination et à redoubler nos efforts et ceux de nos agences de sécurité nationale ».

Pour la première intervention officielle d’un membre du gouvernement canadien, M. Harper a déclaré que « les événements de cette semaine rappellent tristement que le Canada n’est pas à l’abri de ce genre d’attaques terroristes que nous avons vues ailleurs dans le monde ». « Mais il ne peut y avoir de doute, nous ne serons pas intimidés, le Canada ne sera jamais intimidé », a fait valoir le Premier ministre.

Avec l’assassinat lundi d’un militaire par un Québécois converti à l’islam et « radicalisé » par les thèses jihadistes, le gouvernement de M. Harper a affronté le premier « acte terroriste » lié à l’extrémisme islamiste de l’histoire du Canada. Ottawa va « prendre toutes les mesures nécessaires pour contrer et identifier les menaces et assurer la sécurité du Canada », a avertit M. Harper, soulignant sa « détermination à travailler avec nos alliés pour combattre les organisations terroristes qui brutalisent tant de gens dans le monde ».

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