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Fusée chinoise hors de contrôle en route vers la Terre: ce qu’il faut savoir

La vraie question du week-end pourrait ne pas être « où allons-nous boire un verre? », mais « où les débris d’une fusée chinoise vont-ils s’écraser? » À partir du 8 mai, il sera possible de suivre les débris du lanceur de la plus grande fusée chinoise jamais construite. Au lieu de se consumer dans l’atmosphère, ceux-ci feront une rentrée incontrôlée sur Terre. La question est de savoir à quel endroit.

La Chine a lancé la semaine dernière le premier des trois éléments de sa future station spatiale. Le lancement a été effectué avec une fusée Longue-Marche 5B. C’est le corps de ce lanceur qui doit revenir sur Terre. Après la séparation du module spatial, le lanceur s’est mis à tourner en orbite autour de la planète selon une trajectoire irrégulière, perdant lentement de l’altitude. Il se déplace actuellement de manière incontrôlée à une vitesse de 7 kilomètres par seconde sur une orbite elliptique autour de la terre, mais ne dépasse pas 41 degrés de latitude nord. La Belgique se situe à 50 degrés de latitude nord, notre pays est donc théoriquement à l’abri.

Où et quand la chose entrera dans l’atmosphère est encore un mystère

Le point d’impact de sa chute reste cependant pour l’instant difficilement prévisible. Tout dépend de l’expansion ou de la contraction de l’atmosphère par l’activité solaire. Nous ne le saurons que quelques heures avant son arrivée, soit à partir du 8 mai.

Les spécialistes de l’Agence spatiale européenne ESA craignent que les restes de la fusée s’écrasent quelque part en Europe. Certaines parties de l’Espagne, de l’Italie et de la Grèce se trouvent dans la zone à risque identifiée entre 41 degrés de latitude nord et 41 degrés de latitude sud. Les États-Unis n’écartent pas, eux non plus, que les débris s’écrasent dans une zone habitée et ont indiqué suivre la situation de près. L’armée américaine surveille cette fusée de 30 mètres de long, rebaptisée 2021-035B tout comme les 27 000 autres objets humains en orbite terrestre basse qui pourraient constituer une menace.

Néanmoins, si elle reste entière après être rentrée dans l’atmosphère, il y a de fortes chances que la fusée s’abîme en mer, car la planète est composée à 70% d’eau. Mais elle pourrait aussi s’écraser sur une zone habitée ou sur un navire.

https://twitter.com/planet4589/status/1260222397350887425Jonathan McDowellhttps://twitter.com/planet4589

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Jonathan McDowell, astrophysicien à l’université de Harvard, s’attend également à ce que le crash ait lieu dans l’océan. L’impact serait similaire au crash d’un petit avion. La dernière fois que la Chine a lancé une fusée Longue-Marche 5B., de gros morceaux de métal ont touché la terre, détruisant des bâtiments en Côte d’Ivoire », explique-t-il au Guardian. « Nous avons eu beaucoup de chance que personne ne soit blessé ».

La Chine dément qu’il y a un danger

Bien qu’il existe un certain nombre d’incertitudes, une chose est néanmoins certaine. La Chine aurait pu éviter cette situation, bien qu’elle en démente le sérieux. « En raison de la conception technique de cette fusée, la majorité des composants seront brûlés et détruits lors de la rentrée dans l’atmosphère », a déclaré vendredi Wang Wenbin, un porte-parole du ministère chinois des Affaires étrangères. « La probabilité de causer des dommages aux activités aériennes ou (aux personnes, constructions et activités) au sol est extrêmement faible », a-t-il souligné lors d’une conférence de presse régulière. La Chine qualifie la panique en Occident d' »exagération ». Pour elle, seules des petites particules s’écraseront dans les eaux internationales.

Des affirmations qui ne doivent pas être crues sur parole, puisque ce n’est pas la première fois que la Chine perd le contrôle d’un objet spatial lors d’un retour sur Terre. En avril 2018, le laboratoire spatial Tiangong-1 s’était désintégré à la rentrée dans l’atmosphère, deux ans après qu’il eut cessé de fonctionner. Les autorités chinoises avaient alors nié que le laboratoire avait échappé à leur contrôle.

Nonchalance

Lorsque les nations spatiales larguent des parties qui n’ont plus d’utilité à la mission, elles veillent généralement à ce que celles-ci n’aillent pas trop haut ou trop vite afin qu’elles ne se retrouvent pas en orbite. Au lieu de cela, on opte pour une trajectoire suborbitale parabolique, ce qui signifie qu’une fois son travail terminé, le lanceur par exemple, retombe immédiatement sur Terre de manière prévisible et dans un territoire non peuplé. Dans le cas des lancements effectués au Cap Canaveral américain, il s’agit de l’océan Atlantique. Dans le cas de la Chine, qui effectue ses lancements depuis le centre de lancement de Wenchang, sur l’île tropicale d’Hainan, c’est généralement l’océan Pacifique.

Ce n’est toutefois pas le cas du Longue-Marche 5B qui a été mis en orbite avec un module de station spatiale. Grâce à un système de contrôle, le module reste stable, mais ce n’est pas le cas pour le lanceur. Celui-ci suit une trajectoire plus cahoteuse et finira par s’écraser sur la terre à cause de la gravité.

Le fait que la Chine ait autorisé cela indique une certaine nonchalance, selon les experts. Depuis 1990, aucun lanceur de plus de 10 tonnes est revenue sur Terre sans contrôle. Le lanceur de la fusée Longue-Marche 5B., qui devrait revenir ce week-end, pèse environ 22 tonnes.

Des projets ambitieux

La Chine a investi des milliards dans son programme spatial pendant des décennies pour rattraper les Européens, les Russes et les Américains.

D’autres fusées Longue-Marche 5B seront ainsi envoyées dans l’espace l’année prochaine. La Chine est en train d’assembler la station spatiale chinoise (CSS) ou Tiangong (« Palais céleste »), dont l’assemblage prendra plus d’un an et s’étalera en dix missions consécutives (dont quatre habitées). Le CSS est destiné à servir de base à des opérations de grande envergure telles que des missions habitées sur la lune, le tourisme spatial et les sciences spatiales.

La station chinoise fonctionnera en orbite terrestre basse (entre 340 et 450 km d’altitude) et ressemblera à l’ancienne station russe « Mir » (1986-2001). À titre de comparaison, elle sera environ trois fois plus petite que la station spatiale internationale (ISS).

La Chine a envoyé son premier astronaute dans l’espace en 2003. Début 2019, le pays a fait atterrir une machine sur la face cachée de la Lune, une première mondiale. L’année dernière, la Chine a ramené des échantillons de la lune et a achevé Beidou, son système de navigation par satellite (rival du GPS américain). Les Chinois prévoient également de faire atterrir un robot sur Mars ce mois-ci. Elle a également annoncé son intention de construire une base lunaire avec la Russie.

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