Jawad Bendaoud © Belga

France: Jawad Bendaoud n’aurait « pas hébergé des terroristes », « même pour 150.000 » euros

Le Vif

Jawad Bendaoud, jugé depuis mercredi à Paris pour avoir logé des jihadistes auteurs des attentats du 13 novembre 2015, a affirmé lundi au tribunal que « même pour 150.000 » euros, il n’aurait « pas hébergé des terroristes », redisant qu’il ne connaissait pas le profil des deux hommes.

La présidente Isabelle Prévost-Desprez a par ailleurs dû suspendre l’audience en fin d’après-midi à cause d’une vive altercation entre les prévenus dans le box, Jawad Bendaoud et Mohamed Soumah, qui avaient un différend sur un élément du dossier. Mais le procès a repris environ 30 minutes plus tard en leur présence.

« Je devais toucher 150 euros. Mais même avec trois zéros, pour 150.000, je n’aurais pas hébergé des terroristes », a déclaré Jawad Bendaoud au tribunal correctionnel.

« Je préfère prendre six ans et que la vérité soit faite, plutôt qu’être relaxé et toujours être pris pour un menteur, être interrogé dans la rue », a-t-il dit. Jugé pour « recel de malfaiteurs terroristes », ce délinquant multirécidiviste encourt une peine de six ans de prison.

Le tribunal s’est intéressé lundi à la personnalité des prévenus. Jawad Bendaoud est le troisième de cinq enfants. Sa famille est originaire du Maroc; son père a été restaurateur et formateur en bâtiment et sa mère assistante maternelle. « Tous mes frères ont bien réussi », a-t-il expliqué. L’aîné est mécanicien pour Airbus, un autre gère une boutique d’antiquités.

Le prévenu a eu « une scolarité laborieuse », selon l’étude de personnalité. A 20 ans, il est entré dans une spirale carcérale. Il ne souffre, selon les experts, d’aucune pathologie psychiatrique, mais présente « une intolérance à la frustration ».

Mohamed Soumah, également jugé pour « recel de malfaiteurs », pour son rôle d’intermédiaire, est quant à lui entré en prison pour la première fois à 16 ans. A 28 ans, il a passé neuf en détention, notamment pour des faits de vol avec violence et des violences contre personne dépositaire de l’autorité publique. « C’est un cercle vicieux. Il faut en sortir », a-t-il dit à la présidente.

Il a évoqué ses relations avec ses frères et soeurs. « Moi, j’avance à gauche. Mon petit frère et ma petite soeur, j’aimerais qu’ils avancent à droite ». Et la présidente de répondre, en souriant : « Je préfèrerais tout droit ! ».

Jawad Bendaoud, qui a multiplié les coups de colère et les réparties façon stand up depuis le début du procès, n’a pas râté l’occasion de faire son show, notamment en décrivant sa détention, à l’isolement, et sa rencontre à Fresnes avec un rat. « Je le regarde. Il me regarde. Je lui donne du fromage. Il se met debout. (…) Avec sa petite patte, il fait genre : File-moi le fromage « .

Le procès reprendra mardi avec l’audition de parties civiles.

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