Esteban Santiago © Reuters

Fort Lauderdale: inculpé, Esteban Santiago risque la peine de mort

Le Vif

L’homme accusé d’avoir abattu cinq personnes vendredi à l’aéroport international de Fort Lauderdale, en Floride, a été inculpé samedi par la justice fédérale.

Alors que les enquêteurs n’excluent pas la piste d’un acte terroriste, plusieurs témoignages de proches et de policiers tendent à indiquer qu’Esteban Santiago, un ancien soldat de la Garde nationale américaine déployé dix mois en Irak, souffre de troubles mentaux.

Il a été inculpé par la justice fédérale pour infraction à la législation sur les armes et acte de violence commis dans un aéroport, a indiqué dans un communiqué le procureur fédéral Wifredo Ferrer. Ces chefs d’inculpation sont passibles de la peine de mort ou de la réclusion perpétuelle.

Des inculpations séparées de meurtre pourraient être prononcées par la justice de l’Etat de Floride, mais aucune décision n’a encore été prise, a déclaré un porte-parole au quotidien local Sun Sentinel.

Le suspect devrait comparaître pour la première fois lundi devant un tribunal.

Esteban Santiago, 26 ans, est accusé d’avoir tiré avec un pistolet semi-automatique de calibre 9 mm dans la zone des bagages à l’arrivée. Il avait voyagé depuis Anchorage (Alaska), via une escale à Minneapolis (Minnesota), et aucune altercation ne semble avoir déclenché son geste, selon le FBI.

L’arme se trouvait dans son bagage en soute, comme le permet la réglementation américaine.

Santiago a tué cinq personnes et en a blessé six autres.

La fusillade a eu lieu dans le hall des bagages du terminal 2. Selon les autorités, Santiago est allé charger son arme dans les toilettes, puis il a ouvert le feu sur des passagers venus récupérer leurs bagages.

« Santiago a commencé à tirer, visant ses victimes à la tête jusqu’à ce qu’il n’ait plus de munitions », a précisé le procureur fédéral.

Selon le shérif local, il s’est écoulé entre 70 et 80 secondes entre le premier tir et l’arrivée des policiers. Le tireur se serait rendu sans chercher à fuir, et les policiers n’ont pas eu à faire usage de leurs armes.

« Nous continuons à enquêter sur toutes les pistes possibles. Nous n’excluons rien », a déclaré samedi George Piro, agent de la police fédérale (FBI), lors d’une conférence de presse.

« Pour le moment, nous continuons à examiner la piste terroriste comme motivation potentielle pour cette attaque », a-t-il dit.

Le suspect a quitté l’armée en août et était porteur d’une carte d’identité militaire. Il a été déployé en Irak d’avril 2010 à février 2011.

Problèmes mentaux

Il y a deux mois, il s’était rendu dans un bureau du FBI à Anchorage, en Alaska. Il s’était présenté avec un chargeur, mais avait laissé son pistolet et son nouveau-né dans sa voiture. L’arme lui avait alors été retirée mais il avait pu la récupérer le 8 décembre, sans qu’on sache si c’est celle dont il s’est servi à l’aéroport, a fait savoir le chef de la police d’Anchorage Christopher Tolley.

Son comportement « incohérent » avait alarmé les agents qui le recevaient, au point qu’ils ont à l’époque contacté la police afin qu’il soit « examiné » dans un établissement psychiatrique, selon George Piro.

Pour autant, le nom de Santiago n’a pas été ajouté à la liste des personnes interdites de vol, selon les enquêteurs.

Lors de sa visite au FBI d’Anchorage en novembre, Esteban Santiago avait selon CBS déclaré qu’il avait été forcé à travailler pour le groupe Etat islamique et que la CIA contrôlait son esprit pour l’obliger à regarder des vidéos de l’EI.

Une de ses tantes, Maria Luisa Ruiz, a déclaré au site NorthJersey.com qu’il souffrait de problèmes mentaux. « Il y a un mois environ, il a semblé perdre la tête », a-t-elle affirmé. « Il disait avoir des visions ».

Pour son frère Bryan Santiago, les autorités n’ont pas pris en charge correctement l’ancien soldat. « Comment pouvez-vous laisser quelqu’un quitter un établissement psychiatrique après quatre jours quand il assure entendre des voix lui disant que la CIA lui demande de rejoindre certains groupes? », a-t-il critiqué lors d’une interview avec CNN.

« Tout le monde ne réagit pas de la même manière en rentrant de la guerre. Certains se portent mieux que d’autres », a-t-il ajouté.

La parlementaire démocrate de Floride Debbie Wasserman Schultz a posé la question d’un éventuel renforcement de la législation sur les armes, éternel sujet de débat partisan aux Etats-Unis.

« Nous devons nous poser la question du droit des gens de voyager avec des armes, même dans les bagages enregistrés, mais nous devons aussi réexaminer les questions de sécurité dans les zones de récupération de bagages », a dit l’élue démocrate.

La brève et sanglante fusillade a créé une gigantesque panique dans l’aéroport, qui a été fermé entièrement. Trois des quatre terminaux ont rouvert samedi à 05h00 heure locale (10h00 GMT), et le terminal 2, où s’est déroulé l’incident, a été rouvert samedi.

Aux Etats-Unis, il est légal de voyager avec ses armes en soute

La réglementation américaine autorise les passagers aériens à transporter leurs armes, à condition qu’elles soient en soute et déchargées.

Les passagers doivent en informer l’agent de la compagnie aérienne à l’enregistrement, qui fait alors remplir un formulaire au voyageur. Selon les règles édictées par l’autorité des transports, la TSA (Transportation Security Administration), les armes doivent être enfermées sous clés dans un étui en dur.

Les munitions peuvent également être transportées, à condition d’être également sous clés.

Armes et munitions ne peuvent en aucun cas être transportées en cabine.

Cela n’empêche pas des passagers de se présenter aux contrôles de sécurité avec des armes dans leurs bagages à main, souvent par mégarde.

En 2015, 2.653 armes à feu ont ainsi été découvertes aux contrôles de sécurité par les agents de la TSA.

La dernière semaine de décembre, 53 armes à feu ont été saisies dans les aéroports américains, dont 42 étaient chargées, selon la TSA. Les passagers contrevenants risquent une amende pouvant aller jusqu’à 11.000 dollars. La plupart disent avoir simplement oublié les armes dans leurs sacs.

Ces règles s’appliquent au transport aérien et s’ajoutent aux réglementations locales qui varient grandement d’un lieu à l’autre. Dans certains Etats, le port d’armes est interdit dans les espaces publics comme les aéroports.

Mais, sous l’impulsion du lobby des armes et de la multiplication des fusillades, de nombreuses juridictions ont récemment assoupli leurs législations afin de permettre le port d’armes dans des lieux tels que les campus universitaires et les terminaux d’aéroports.

Le tireur présumé de la fusillade qui a fait cinq morts vendredi dans la zone bagages de l’aéroport de Fort Lauderdale, Esteban Santiago, avait transporté son pistolet semi-automatique dans son bagage en soute et l’a récupéré à son arrivée pour commettre son acte fou.

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