Donald Trump © REUTERS

Face à Pyongyang, Trump vante la puissance nucléaire américaine

Le Vif

Donald Trump a encore intensifié mercredi l’escalade verbale face à la Corée du Nord, vantant la puissance nucléaire américaine, même si son équipe jouait l’apaisement et insistait sur les efforts diplomatiques en cours.

Après avoir promis mardi le « feu et la colère » au régime de Kim Jong-Un, le président américain s’est montré, d’un simple tweet, plus menaçant encore, affirmant que l’arsenal nucléaire américain était « plus fort et plus puissant » que jamais.

S’il a dit espérer ne pas avoir à utiliser l’arme dévastatrice, ses propos, qui font écho à la rhétorique enflammée de Pyongyang, marquent un nouveau palier, au moment où la communauté internationale cherche les moyens de freiner le développement des programmes balistiques et nucléaires nord-coréens.

Ils contrastent singulièrement avec ceux de son secrétaire d’Etat, Rex Tillerson. Depuis le territoire américain de Guam, au cours d’une escale prévue de longue date, il a insisté sur le fait qu’il n’existait à ses yeux « aucune menace imminente ».

Quelques heures auparavant Pyongyang avait menacé de tirer des missiles sur cette petite île du pacifique, d’une importance stratégique pour les Etats-Unis.

« Je pense que les Américains peuvent dormir tranquillement et ne pas s’inquiéter de la rhétorique de ces derniers jours », a ajouté M. Tillerson, insistant sur les intenses tractations diplomatiques en cours.

Le calme régnait à Guam où les autorités se voulaient rassurantes invitaient les habitants et les nombreux touristes à « se relaxer et à profiter du paradis ».

Cette île reculée de quelque 550 km2 est un avant-poste clé pour les forces américaines sur la route de l’Asie, où vivent 162.000 personnes.

Environ 6.000 soldats y sont déployés et elle dispose surtout d’une base aérienne capable d’accueillir les bombardiers lourds américains du B-52 au B-2 en passant par le B-1.

Appel à la retenue

Sur la scène internationale, nombre de de pays ont exprimé, en termes diplomatiques, leur inquiétude face au ton très belliqueux adopté par le locataire de la Maison Blanche.

Si Paris a jugé que Donald Trump avait fait preuve de détermination, Berlin a en effet appelé toutes les parties « à la retenue ».

La Chine, le seul véritable allié du régime nord-coréen, a exhorté à éviter « les paroles et actions » susceptibles d’accroître la tension dans la péninsule.

Pyongyang a été visé le weekend dernier par une nouvelle volée de sanctions de l’ONU qui pourraient lui coûter un milliard de dollars de revenus annuels tout en restreignant des échanges cruciaux avec Pékin, son principal partenaire économique.

« La Corée du Nord ferait mieux de ne plus proférer de menaces envers les Etats-Unis », avait lancé mardi le président américain dans son golf de Bedminster, dans le New Jersey, où il passe des vacances. Les menaces, si elles continuaient, « se heurteront au feu et à la colère », a-t-il ajouté.

Le Nord a surenchéri quelques heures après, annonçant envisager des tirs de missiles près des installations militaires des Etats-Unis sur l’île de Guam.

Une fois finalisé, ce projet pourrait être mis en oeuvre « à tout moment », dès que le dirigeant nord-coréen Kim Jong-Un l’aura décidé, a rapporté l’agence officielle KCNA, qui cite un communiqué de l’armée.

Des bombardiers lourds américains B-1B basés à Guam ont survolé mardi la péninsule coréenne, ce qui « prouve », selon KCNA, que les « impérialistes américains sont des maniaques de la guerre nucléaire ».

Le pays reclus est désormais doté d’armes nucléaires susceptibles d’être embarquées sur des missiles balistiques, y compris des missiles balistiques intercontinentaux (ICBM), selon les conclusions d’un rapport confidentiel achevé en juillet par l’agence américaine de renseignement militaire, la DIA.

Rhétorique ‘provocatrice’

Les spécialistes divergent de longue date sur les véritables capacités du Nord, en particulier à miniaturiser une tête nucléaire de façon à pouvoir la monter sur un missile. La DIA avait émis voici quatre ans des conclusions similaires mais elles avaient été balayées par d’autres services de renseignement.

Tous sont d’accord cependant que Pyongyang avance à grand pas depuis l’arrivée au pouvoir de Kim Jong-Un en décembre 2011.

En juillet, Pyongyang a procédé à deux tirs réussis d’ICBM. Le premier, qualifié par Kim Jong-Un de cadeau pour les « salauds d’Américains », mettait l’Alaska à la portée du Nord, le second était le signe que peut-être même New York et Washington étaient vulnérables.

Les autorités américaines ont répété maintes fois cette année que l’option militaire était « sur la table », mais nombre d’analystes ont exprimé leur surprise face aux propos présidentiels.

« Vouloir surenchérir avec la Corée du Nord en matière de menaces, c’est comme vouloir surenchérir avec le pape en matière de prières », a déclaré sur Twitter John Delury, professeur à l’université Yonsei de Séoul.

Nancy Pelosi, figure du parti démocrate, a dénoncé une rhétorique « provocatrice et impulsive » qui « affaiblit notre capacité à trouvé une issue pacifique à cette crise ».

Pour Siegfried Hecker, ex-directeur du laboratoire national de Los Alamos, cité par le Bulletin des scientifiques atomiques, Pyongyang n’a pas l’expérience pour tirer « une tête nucléaire suffisamment petite, légère et robuste pour pouvoir survivre à un acheminement par ICBM ».

AFP

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