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« Et si… on se passait du pétrole ? »

Loïs Denis
Loïs Denis Journaliste

Avec des « si », on pourrait refaire le monde. Refaisons-le !

Produits cosmétiques, engrais, véhicules, pesticides, médicaments, vêtements… presque tout est pétrole. La société se shoote à l’or noir, en toute circonstance. Mais gare à l’overdose : depuis fin 2018, les gosiers mécaniques de l’humanité engloutissent quotidiennement plus de 100 millions de barils, soit 15,9 milliards de litres, selon l’Agence internationale de l’énergie. Et d’ici à 2025, la demande devrait chaque année augmenter d’environ un million de barils par jour. Alors les symptômes de dépendance se font ressentir. Dès que sa dose est mise en danger, le monde retient son souffle. Ce fut encore le cas le 14 septembre dernier, lorsque l’explosion survenue dans les installations de Saudi Aramco a amputé de moitié la production saoudienne, soit 5 % de la production mondiale.

Et si l’homme tentait de se libérer de son addiction au pétrole ? La question mérite d’être posée, pour deux raisons au moins. Premièrement, on le sait, c’est une énergie extrêmement polluante, très largement responsable des émissions humaines de CO2. Deuxièmement, il s’agit d’une ressource dépassée.  » Aujourd’hui, on estime qu’il existe 40 à 50 ans de réserve de pétrole, sachant qu’il y aura d’autres nouvelles découvertes. Donc, mon pari, quelque peu optimiste peut-être, est que les hommes cesseront d’utiliser le pétrole et arriveront à s’en détacher alors qu’il y en aura encore largement sur terre « , confiait sur France Culture Philippe Chalmin, spécialiste des questions relatives aux matières premières. Se détacher du maudit hydrocarbure oui, mais pour quelles alternatives ? Il convient d’abord de cibler les domaines auxquels s’attaquer. Un rapport publié l’an dernier par l’Opep, l’Organisation des pays exportateurs de pétrole, affirme que 57 % de l’or noir mondial est consommé par le secteur des transports. Commençons donc par là. Actuellement, deux solutions existent : les véhicules électriques et ceux roulant aux biocarburants – mélanges de pétrole et de matières organiques ou de gaz -, dont le bioéthanol, le biodiesel et le dihydrogène. Bémol : s’ils émettent moins de CO2, leur fabrication fait encore appel à des énergies fossiles. C’est pourquoi une étude du Centre allemand pour l’aéronautique et l’astronautique préconise non seulement de supprimer rapidement les voitures essence et diesel en Europe mais aussi de mettre fin à leur vente d’ici à 2025, et idem pour les véhicules hybrides d’ici à 2028. Avec une telle mesure, il y aurait 66 % de chances de maintenir le réchauffement de la planète en dessous de 1,5 degré.

Reste que le pétrole intervient également dans la composition de la majorité de nos objets du quotidien, qu’ils soient à base de plastique ou de certains textiles, comme le nylon et le polyester. Par ailleurs, le fioul reste une source importante de chauffage et de production d’électricité. Quant à l’agriculture, elle utilise du pétrole pour ses machines et à travers les engrais et les pesticides. Pour remédier à tout cela, les énergies renouvelables semblent incontournables. D’ailleurs, leur consommation a augmenté de 14 % en 2018 (source BP). Mais la difficulté est toujours la même : rester cohérent. Il serait absurde de déforester pour cultiver de manière intensive du maïs destiné à nos moteurs…

Par Loïs Denis.

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