Tribal Gathering Festival. © Tribal Gathering Festival

En quarantaine au paradis, ils vivent l’enfer (vidéo)

Marie Gathon
Marie Gathon Journaliste Levif.be

Des dizaines de personnes sont coincées depuis des semaines sur une île du Panama, alors que le monde lutte contre le coronavirus. Présent sur place, Vice a réalisé un reportage.

Le festival Tribal Gathering a débuté le 29 février dernier. Il rassemble des centaines de festivaliers occidentaux venus dans ce paradis tropical pour apprendre « comment vivre en symbiose avec la Terre » grâce aux communautés indigènes. L’utopie a été rattrapée par le Covid-19.

Le coronavirus a atteint le Panama le 10 mars. Les conséquences se font rapidement sentir sur le festival. La plupart des artistes autochtones quittent le festival à la moitié de celui-ci.

Le 12 mars, alors que les responsables envisagent de stopper le festival quelques jours avant sa fin officielle, l’île est mise en quarantaine par les autorités panaméennes. Toutes les personnes présentes sur le site du festival sont obligées de rester sur place une semaine. À ce moment-là, la plupart des Panaméens ont déjà quitté le site.

La question de l’approvisionnement en nourriture est rapidement posée. La direction du festival assure qu’il y a assez de nourriture pour une semaine et affirme que ceux qui n’ont pas assez d’argent pour payer ont la possibilité de travailler en échange.

Le bonheur au paradis

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Les premiers jours, tout se passe bien. « Je suis heureux d’être ici, c’est le paradis », témoigne un festivalier. « La médecine indigène piège les gens et les force à travailler sur leur moi spirituel. Je grandis en tant que personne et je suis très heureux d’être ici », affirme un autre. « Nous donnons de l’amour. Nous créons des liens. Nous nous reconnectons à nous-mêmes », disent d’autres. « On embrasse mère Nature ». Tout va bien dans le meilleur des mondes…jusque-là.

Le 15 mars, le festival est officiellement terminé. L’armée et la police panaméennes font leur entrée sur le site. Les passeports de festivaliers sont tous contrôlés, ainsi que leur état de santé. Les problèmes commencent alors pour les personnes qui essayent de partir.

Des navettes vers l’aéroport sont mises en place pour évacuer ceux qui désirent prendre un vol pour quitter le pays. Mais le premier bus qui quitte le site est arrêté par les autorités, alors même qu’elles l’avaient autorisé à partir. « Quelques personnes ont été trainées hors du bus et contraintes de dormir sur le sol, dehors. Le lendemain, la police les a ramenés sur le site, mais a gardé leur passeport », raconte Hannah Bates, une des managers du festival.

Le 19 mars, une semaine après le début du confinement, l’ambiance a radicalement changé. À ce moment-là, plus personne n’est autorisé à quitter le site, à moins d’avoir un vol le lendemain, que celui-ci soit confirmé et de pouvoir le prouver. Au regard de ce que l’on sait sur l’aviation mondiale, cela ne devait pas concerner beaucoup de monde.

« Un grand tourbillon »

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Les informations des autorités fusent sur la durée de la quarantaine et sont contradictoires. D’heure en heure, c’est de plus en plus difficile de trouver une solution pour quitter l’île. Les gens sont confus et ne savent pas quand ils pourront rentrer chez eux. « On essaie de comprendre quoi faire, où aller et à qui faire confiance, car les militaires ont pu se montrer très agressifs. On est dans un grand tourbillon », témoigne un festivalier.

Les organisateurs se sentent eux-mêmes abandonnés par les autorités et commencent à se demander si la situation va finir par s’améliorer. Dès qu’une opportunité de partir se présente, la gens se précipitent.

La quarantaine prend finalement fin grâce aux discussions avec les services de l’immigration, de la santé et les avocats de Tribal Gathering. Certaines personnes sont donc autorisées à quitter le site. Le confinement n’est plus d’application, mais à ce moment-là, la plupart des vols ont été annulés.

Les ambassades entrent en jeu

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Les ambassades françaises, hongroises et allemandes prennent rapidement les choses en main pour rapatrier leurs compatriotes. Alors que les Britanniques et les Américains sont laissés sans nouvelle. La communauté créée lors du festival devient alors une liste de différentes nationalités avec des privilèges différents.

Suite à la pression exercée sur les réseaux sociaux, le 20 mars, l’ambassade britannique envoie des bus pour venir chercher ses compatriotes pour les emmener jusqu’à Panama City où ils doivent se débrouiller pour trouver un logement. Arrivés là-bas, c’est une nouvelle mise en quarantaine de 30 jours qui les attend.

Le 20 avril, la plupart des festivaliers ont finalement trouvé un moyen de quitter l’île. Mais les organisateurs et quelques dizaines de personnes, qui n’ont pas pu trouver un vol,sont restés. Aujourd’hui, ils ne savent toujours pas quand ils pourront rentrer chez eux.

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