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Elections législatives en Allemagne pour tourner la page Angela Merkel

Après 16 ans de bons et loyaux services, la Chancelière allemande ne va pas se représenter lors des élections législatives, une première pour une personne occupant cette fonction depuis 1949. Le début d’une nouvelle ère va commencer outre-Rhin.

L’inconnu après 16 ans de stabilité : l’Allemagne tourne dimanche la page Angela Merkel lors d’élections législatives plus indécises que jamais qui laissent augurer de longs mois de négociations pour former un nouveau gouvernement.

Le départ d’Angela Merkel, au pouvoir depuis 2005, ouvre une nouvelle ère politique. C’est la première fois depuis 1949 que le chancelier sortant ne se représente pas. Les voisins européens de l’Allemagne ont les yeux tournés vers ce scrutin alors que l’influence de Berlin sur la conduite des affaires de l’UE est déterminante. Quelle majorité succèdera à la coalition centriste entre conservateurs démocrates-chrétiens CDU/CSU et sociaux-démocrates du SPD ? Jamais l’incertitude n’a été aussi grande dans ce pays jusqu’à récemment habitué au bi-partisme. La sensibilité croissante aux enjeux climatiques tout comme la radicalisation d’une frange de la population autour de la politique migratoire ont fait émerger deux autres partis, les Verts et l’extrême droite AfD.

Les Verts et l’extrême droite se sont invités à la lutte pour le pouvoir

Résultat: les deux grands mouvements, et notamment la CDU, ont vu fondre leur électorat. Un dernier sondage paru mardi place le SPD en tête des intentions de vote avec 25% des voix contre 22% pour la CDU, 15% pour les Verts et 11% pour l’AfD. « Les sondages ne donnent pas de vainqueur clair (…) Si l’on tient compte de la marge d’erreur, ce sont finalement trois partis qui se trouvent dans un mouchoir de poche », explique à l’AFP le politologue Karl-Rudolf Korte.

Le successeur de Merkel au sein des conservateurs ne rassemble pas

Cette élection pourrait porter un coup dur aux conservateurs de Mme Merkel qui jusqu’à présent avaient toujours récolté plus de 30% des suffrages lors des législatives. Leur chef de file, l’impopulaire Armin Laschet, a les plus grandes difficultés à marcher dans les pas d’une chancelière à la popularité inentamée. Dirigeant de la plus peuplée des régions allemandes, la Rhénanie-du-Nord-Westphalie (ouest), cet homme affable mais gaffeur de 60 ans peine à convaincre jusque dans son propre camp.

Il a vu sa cote s’éroder après les inondations meurtrières de mi-juillet dans l’ouest du pays, lorsqu’il a été filmé hilare pendant un discours empreint de gravité du président allemand Frank-Walter Steinmeier. Il risque de faire subir à son camp une défaite historique, le privant de la chancellerie et, pire, l’éjectant du futur gouvernement.

En face, les sociaux-démocrates ont le vent en poupe: après avoir enchaîné plusieurs revers électoraux ces dernières années, le SPD a su inverser la tendance depuis le début de l’année et l’investiture de son candidat de 63 ans, Olaf Scholz, actuel vice-chancelier et ministre des Finances. Peu charismatique, ce tenant de l’aile centriste des sociaux-démocrates a jusqu’ici effectué une campagne sans faute, allant jusqu’à se présenter lui-même comme le vrai successeur de Mme Merkel.

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Les écologistes menés par Annalena Baerbock, 40 ans, devraient jouer un rôle clé dans le futur gouvernement, même si leur troisième place dans les intentions de vote est une déception pour les militants. La co-dirigeante du parti n’a pas caché sa préférence pour une coalition avec les sociaux-démocrates mais son parti n’exclut pas de travailler avec les conservateurs, comme il le fait déjà dans certains Länder allemands.

Aucune alliance possible avec l’extrême droite

Tous les partis ont jusqu’ici exclu de s’associer avec l’extrême droite AfD mais une autre formation, les libéraux du FDP, crédités de 12% des intentions de vote, se profile en faiseur de roi. Ils pourraient être le pivot d’une alliance à trois avec écologistes et conservateurs ou sociaux-démocrates.

Les options de coalition pourraient être nombreuses et les négociations durer des mois, pendant lesquels Angela Merkel et ses ministres traiteront les affaires courantes. La chancelière a piloté l’Allemagne avec habileté à travers les crises qui ont ponctué ses quatre mandats, de celle de l’euro à la pandémie de Covid-19, en passant par l’afflux de réfugiés syriens et irakiens en 2015.

Mais les dossiers à l’agenda du prochain gouvernement sont nombreux : retard numérique de l’administration et des entreprises, transition écologique, vieillissement de la population, inégalités, définition d’une politique face à la Chine ou la Russie. En 2017, il avait fallu pas moins de cinq mois pour que l’Allemagne se dote d’une coalition et que le nouvel exécutif puisse se mettre au travail.

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