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Egypte : la santé d’Hosni Moubarak est-elle instrumentalisée ?

L’état de santé de l’ancien président égyptien s’est détérioré depuis sa condamnation à la perpétuité, le 2 juin. Dans un climat tendu à la veille du second tour de la présidentielle, de nombreux Egyptiens s’interrogent sur cette coïncidence, et critiquent le traitement de faveur dont il a bénéficié.

L’état de santé de l’ancien président égyptien, Hosni Moubarak, s’est détérioré depuis sa condamnation à la perpétuité. Les polémiques autour de son procès continuent d’agiter la scène politique à quelques jours du second tour de la présidentielle, les 16 et 17 juin. Les partisans de l’ancien raïs demandent son transfert vers un hôpital. Mais, pour une partie des Egyptiens, ses problèmes de santé servent à susciter la pitié et à amadouer les juges.

Quelque 200 partisans d’Hosni Moubarak ont manifesté, samedi 9 juin, devant le siège de l’Autorité pénitentiaire égyptienne pour obtenir le transfert de l’ancien président dans un hôpital, comme cela était le cas avant sa condamnation. L’état de santé de l’ancien raïs, âgé de 84 ans, serait inquiètant depuis qu’il a été condamné à vie, le 2 juin, pour avoir ordonné de tirer sur les manifestants lors de la révolution de l’an dernier.

Difficultés à respirer

L’ancien président souffre d’une dépression et d’hypertension selon l’agence officielle Mena. Il aurait des difficultés à respirer et devrait porter un masque à oxygène et ne pourrait consommer que des yaourts et des aliments liquides, d’après certains responsables des services de sécurité. Hosni Moubarak est apparu lors de son dernier procès derrière ses lunettes de soleil et allongé sur une civière. Selon les services de sécurité, il se serait mis à pleurer lorsqu’il est descendu de l’hélicoptère qui l’a mené du tribunal à la prison de Tora.

Selon Abdel Razek, le procureur général, il n’y aurait aucun obstacle à un transfert de Moubarak de l’aile médicalisée de la prison de Tora, au Sud du Caire, vers un hôpital. L’Autorité pénitentaire doit, cependant, donner son accord.

Mais la sortie de prison de l’ancien homme fort de l’Egypte pourrait enflammer davantage la rue égyptienne. Avant même l’information indiquant que Moubarak pourrait être déplacé, après le jugement du 2 juin, des milliers de personnes ont défilé dans les rues du Caire et d’Alexandrie. Et le QG cairote du candidat à la présidentielle Ahmad Chafiq, dernier Premier ministre de Moubarak, a également été attaqué.

Hosni Moubarak et son ancien ministre de l’Intérieur, Habib al-Adli, -passibles de la peine capitale- ont été condamnés à la perpétuité (le parquet a annoncé qu’il ferait appel). Mais en revanche, six hauts responsables de la police poursuivis pour meurtres pendant la révolte qui a fait près de 850 morts début 2011 ont été acquittés. Ces verdicts ont provoqué la colère des manifestants.

Luxueux hôpital militaire

La santé du président déchu a souvent fait l’objet de controverses. Depuis qu’il a quitté le pouvoir en février 2011, des informations contradictoires ont circulé à ce sujet. Le 13 avril 2011, il avait dû être hospitalisé après un malaise cardiaque pendant un interrogatoire. Deux mois plus tard, à la veille d’un autre procès, un communiqué affirmait qu’il souffrait d’un cancer. Désormais, les médias locaux évoquent la dépression, quelques jours après sa condamnation…

Certains en déduisent que Moubarak a sciemment été présenté affaibli devant la cour lors de son dernier procès pour éviter la peine de mort qui était requise contre lui. D’autres estiment que l’ancien président a bénéficié, jusqu’au verdict, du 2 juin d’un traitement de faveur.

Depuis août dernier, il était en effet installé dans un luxueux hôpital militaire du Caire où sa femme, Suzanne, et sa famille pouvaient lui rendre visite aisément. Il pouvait se faire livrer des plats commandés chez le traiteur et aller nager quotidiennement.
A l’approche du second tour de la présidentielle, les 16 et 17 juin, pour lequel s’affrontent un candidat des Frères musulmans, Mohammed Morsi, et le dernier Premier ministre de Hosni Moubarak, Ahmad Chafiq, l’Egypte reste hantée par l’ère Moubarak…

Marina Rafenberg, L’Express.fr

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