A l'espoir a succédé le désenchantement en Tunisie. © belga image

Echec des révolutions, succès des populismes

Gérald Papy
Gérald Papy Rédacteur en chef adjoint

Depuis le début du XXIe siècle, les révolutions populaires se sont soldées par des échecs et des leaders populistes ou nationalistes ont réussi à capitaliser sur le ressentiment des populations pour prospérer.

En écrivant Le Rendez-vous manqué des peuples (1), il s’agissait pour ses auteurs, Pierre Blanc, professeur de géopolitique à Sciences Po Bordeaux, et Jean-Paul Chagnollaud, président de l’Institut de recherche et d’études méditerranée Moyen-Orient (Iremmo), de rappeler deux constats. « La nouvelle vague démocratique qui montait dans la foulée de l’effondrement soviétique [ de 1989 ] est venue buter en partie sur la solidité de régimes autoritaires » et « non seulement la vague démocratique n’a pas déferlé autant que certains l’auraient imaginé, mais les démocraties déjà en place, parfois depuis longtemps, vacillent sur leurs bases ». Ainsi, depuis le début du XXIe siècle, les révolutions populaires se sont soldées par des échecs et des leaders populistes ou nationalistes ont réussi à capitaliser sur le ressentiment des populations pour prospérer.

Les phénomènes de révolte populaire et de montée du populisme ont souvent été étudiés. Le grand intérêt du livre de Pierre Blanc et de Jean-Paul Chagnollaud est de les analyser en parallèle et de voir dans quelle mesure ils interagissent. C’est l’occasion de dégager quelques enseignements. « L’idée de la révolution relève pour beaucoup du mythe et de la nécessité. » Pour autant, « le processus révolutionnaire n’est […] pas forcément synonyme de progrès, de liberté ou d’affirmation des droits de l’homme ». Quant aux populistes, « ils se réclament [ du peuple ] mais finalement pour mieux l’oublier dès lors qu’ils s’emparent du pouvoir ». La « Tunisie nouvelle » pourrait à elle seule résumer ce triste constat: entrée en démocratie à la faveur d’une révolution citoyenne, elle est désormais sous la menace d’un président autoritaire, Kaïs Saïed, tenté par le populisme.

Echec des révolutions, succès des populismes

(1) Le Rendez-vous manqué des peuples. De l’échec des révolutions populaires aux dérives populistes, par Pierre Blanc et Jean-Paul Chagnollaud, Autrement, 280 p.

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