Pascal De Sutter

Des solutions concrètes face au drame des migrants

Pascal De Sutter Psychologue politique à l'UCL

L’afflux actuel de migrants en Europe suscite beaucoup d’émotion, beaucoup de bonnes intentions, mais bien peu de solutions.

Quand ces malheureux s’entassaient dans des camps de réfugiés en Turquie, en Jordanie ou au Liban, rares étaient ceux qui se souciaient d’eux. Tout aussi rares sont ceux qui se préoccupent aujourd’hui des femmes et enfants trop pauvres (1) pour quitter les pays en proie à la guerre civile. Et les autres ?

D’abord, il convient de créer immédiatement des zones-refuges sécurisées par des casques bleus internationaux aux frontières des pays plongés dans la guerre civile. On y installerait tous les migrants en s’assurant de leur donner des conditions de vie décentes. On les aiderait (notamment par des programmes éducatifs économiques et politiques de qualité) à créer des conditions de prospérité dans leurs pays d’origine, une fois la paix revenue. Mais cette paix doit être gagnée avec leur aide. On a bien vu que ce ne sont ni les GI américains, ni les drones occidentaux qui donnent le goût de la démocratie aux Arabes ou aux Africains.

Une solution consisterait à former des brigades internationales démocratiques combattant les groupes terroristes et apportant la sécurité aux populations locales. Tous ces migrants masculins dans la force de l’âge qui affluent en Europe pourraient s’engager dans ces brigades pour contribuer à rétablir la paix chez eux. Tout comme le firent bien des jeunes hommes belges, polonais, tchécoslovaques ou français pendant la Seconde Guerre mondiale. Ces réfugiés arrivés en Angleterre se portèrent volontaires en grand nombre pour combattre le nazisme.

Pourquoi les migrants d’aujourd’hui ne combattraient-ils pas, eux aussi, les nouvelles formes de fascisme ? Non seulement ils prouveraient ainsi leur attachement aux valeurs démocratiques, mais ils auraient la fierté d’amener dans leur pays d’origine la paix, la liberté et la tolérance religieuse. Pourquoi seuls les soldats kurdes, les militaires occidentaux et quelques courageux volontaires locaux doivent-ils mener le combat ? Peut-être aussi que certains jeunes issus de l’immigration choisiraient cette noble cause pour la démocratie plutôt que de faire le djihad en rejoignant les rangs des ennemis de la liberté ?

Tous les militants de la cause démocratique pourraient rejoindre ces nouvelles brigades internationales ; peu importe leur ethnie ou leur religion. Mais plus il y aurait des volontaires issus de l’immigration se battant contre les nouveaux fascismes religieux, moins on pourrait suspecter certains immigrés de complaisance à l’égard du terrorisme anti-occidental. En 1942, les citoyens américains d’origine japonaise furent injustement traités d’une manière honteusement raciste. Et, malgré cela, les jeunes nippo-américains se portèrent en masse comme volontaires pour aller combattre les ennemis de l’Amérique (2). Ils se couvrirent de gloire et firent taire tous ceux qui doutaient de leur loyauté vis-à-vis de leur pays d’accueil. Si la même chose se produisait aujourd’hui, bien des préjugés et tensions interculturelles tomberaient. Mais rien ne vous oblige à penser comme moi.

(1) Le voyage vers l’Europe coûterait de 5 000 à 20 000 euros par personne (lire Le Vif/L’Express du 11 septembre).

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