Anne Hidalgo © AFP

Déroute pour le PS et Les Républicains: la fin des partis traditionnels français ?

Olivia Lepropre
Olivia Lepropre Journaliste au Vif

Le premier tour de l’élection présidentielle française a livré son verdict : ce sera, une nouvelle fois, Emmanuel Macron face à Marine Le Pen, comme en 2017. Les partis « traditionnels » ont, de leur côté, subi une claque et devront réagir vite. Analyse des enjeux avec Pierre Vercauteren, politologue et professeur à l’institut de sciences politiques Louvain-Europe de l’UCLouvain.

Tant le Parti Socialiste que Les Républicains ont connu des échecs cuisants, lors de ce premier tour. Anne Hidalgo obtient moins de 2%, Valérie Pécresse moins de 5%. Les partis traditionnels de droite et de gauche étaient déjà à l’agonie depuis des années en France, mais le premier tour de la présidentielle dimanche a enfoncé un nouveau clou dans leur cercueil.

On savait la gauche mal en point, cela se confirme avec le score historiquement bas d’Anne Hidalgo, qui se retrouve derrière Jean Lassalle. Mais la droite ne s’en sort par mieux, avec moins de 5% pour Valérie Pécresse. On assiste à la fin des partis traditionnels en France ?

On assiste aussi à la déliquescence des partis historiques, le PS et Les Républicains, voire même les écologistes, et cela pose aussi beaucoup de questions. Il y a deux choses à distinguer: la capacité de mobiliser pour une élection présidentielle, et pour les législatives. On est en quelque sorte devant une élection à 4 tours. En dépit de mauvais score des partis historiques, ils gardent un fort ancrage au niveau local.

Vont-ils avoir la capacité de remobiliser, de recréer une dynamique pour redresser la barre pour les législatives, ou la pente descendante est-elle inarrêtable ? C’est ça l’enjeu immédiat et vital. Ces partis ont encore un capital local. Le vrai enjeu pour eux, outre le barrage à l’extrême droite, c’est de survivre politiquement aux élections législatives. Ils ont un potentiel qui doit le leur permettre, mais ils ne peuvent pas uniquement compte sur l’ancrage local.

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Pierre Vercauteren, politologue

Des défaites comme celles-ci laissent des traces. Le PS, LR et les écologistes ne doivent pas seulement resserrer leurs rangs, mais revenir avec un programme remobilisateur. Le temps presse et le délai est très court.

Le vote des jeunes se manifeste davantage en faveur de Mélenchon. Un bon score, mais qui n’est pas suffisant pour le candidat de gauche radicale. Les jeunes sont-ils condamnés à être déçus pendant encore quelques années ?

Comme on a pu l’observer à travers les sondages, l’abstention est davantage présente chez les jeunes que chez les plus âgés. C’est quelque chose qu’on constate ailleurs aussi, pas uniquement en France.

Il y a chez les jeunes une certaine défiance à l’égard des politiques, qui fait qu’il y a une volonté de chercher « autre chose ». Cela peut se manifester via une alternative politique, de type Jean-Luc Mélenchon, – ou via l’abstention. Les jeunes cherchent à s’engager ailleurs (mouvements associatifs, réseaux sociaux…) qu’en politique, c’est un vrai défi pour les partis. Ils sont prêts à s’engager, mais sous une autre forme.

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