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Dernière opération de séduction frénétique pour Clinton et Trump avant un scrutin serré

Le Vif

Donald Trump et Hillary Clinton ont courtisé frénétiquement les électeurs indécis vendredi en quadrillant les Etats-Unis et multipliant les efforts pour remporter un scrutin qui s’annonce serré mardi.

Les deux candidats ont ciblé particulièrement les Etats-clés, trois chacun, afin de rallier les suffrages face à la cacophonie de sondages parfois contradictoires, et en tout cas serrés (2,4 points d’avance pour la démocrate, selon la moyenne des sondages à quatre candidats de Real Clear Politics).

Après avoir passé les derniers jours à dénoncer ce qu’elle estime être le sexisme, l’intolérance et l’impréparation à la fonction suprême du milliardaire, l’ancienne secrétaire d’Etat de 69 ans s’en est pris vendredi à son passé d’homme d’affaires et de promoteur immobilier.

A Pittsburgh, précédée sur scène par le milliardaire Mark Cuban, elle a exhumé des accusations de discrimination au logement ou de vieilles factures non payées par Donald Trump, en l’étrillant sur l’opacité de ses finances personnelles.

« Donald Trump veut une économie qui lui profite », a-t-elle accusé devant environ 2.500 personnes dans ce bastion démocrate de Pennsylvanie, affirmant que les baisses d’impôts proposées par le candidat feraient gagner des milliards de dollars à sa famille.

Plus tard, à Detroit, ville qui a durement souffert de la désindustrialisation, elle a pointé la « vision sombre » de son rival sur une Amérique selon lui plongée dans la pauvreté et la corruption: « Quand j’entends mon adversaire parler de l’Amérique je ne la reconnais pas », a-t-elle dit, mettant en exergue sa vision à elle, « confiante, optimiste, inclusive ».

Mme Clinton a fini sa journée Cleveland, dans l’Ohio.

Travail de terrain

Le suspense côté sondages concerne une douzaine d’Etats-clés, où les deux camps concentrent leurs déplacements. Hillary Clinton y domine dans une majorité de sondages récents, mais certains donnent des sueurs froides aux démocrates.

Les marchés sont aussi inquiets de la perspective d’une victoire de Donald Trump et l’indice S&P 500 à la Bourse de New York a fini en baisse pour la neuvième journée consécutive vendredi.

Donald Trump, 70 ans, qui n’a jamais été élu, a passé également une partie de la journée dans son Boeing 757, avec trois Etats très disputés sur son itinéraire: New Hampshire, Ohio et Pennsylvanie.

Savourant sa remontée dans les enquêtes d’opinion et prédisant une surprise dans les urnes, le milliardaire exploite la relance de l’enquête du FBI sur le serveur privé de l’ancienne chef de la diplomatie, il y a une semaine, pour mettre en doute la capacité de sa rivale à occuper la présidence. Il s’efforce en parallèle depuis le début de la semaine d’asseoir sa propre stature en évitant tout dérapage.

« On va gagner la Pennsylvanie, largement », a-t-il dit à Hershey, ville connue pour ses usines de chocolat, se moquant des célébrités qui soutiennent sa rivale. « Et au fait, je n’ai pas eu besoin d’amener Jennifer Lopez ou Jay-Z, je suis ici tout seul ! ».

Jay-Z et sa femme Beyoncé ont rejoint Clinton dans la soirée.
Jay-Z et sa femme Beyoncé ont rejoint Clinton dans la soirée.© REUTERS

« Je pense sincèrement qu’on a besoin de quelqu’un qui soit un homme d’affaires, pas un politicien », déclarait à l’AFP un militant dans l’assistance, Logan Sechrist, soudeur de 27 ans. « On est prêts pour quelque chose de différent. Hillary est corrompue ».

« Cette semaine on a vu une vague d’élan pour M. Trump », s’est félicité quant à lui Chris Carr, directeur politique du parti républicain. « Il se rapproche rapidement dans des Etats où les observateurs disaient qu’il n’avait aucune chance il y a quelques semaines », a-t-il ajouté, louant le travail de terrain entamé par le parti « dès 2013 dans ces Etats clés ».

‘Ne huez pas, votez’

La clé pour Hillary Clinton consiste à maximiser la participation des électeurs qui ont formé la « coalition Obama »: Noirs, Hispaniques et jeunes.

Or les Noirs votent à ce stade moins qu’en 2012, selon les chiffres de participation du vote anticipé en Caroline du Nord et en Floride.

« Ne huez pas, votez! », a martelé Barack Obama devant une foule qui huait les républicains, le président ayant été encore déployé en renfort sur le terrain vendredi, justement en Caroline du Nord.

Epaulée par un Barack Obama en grande forme, la démocrate se targue d’être son héritière et a salué à cet égard vendredi la baisse du chômage, quand Donald Trump dénonce au contraire le bilan du président sortant.

Au milieu de ces échanges, des Américains indécis après une campagne marquée par un niveau de violence verbale sans précédent.

Au meeting de Donald Trump dans le New Hampshire, à l’évocation de l’affaire des emails d’Hillary Clinton, un homme dans l’auditoire a crié: « Exécutez-la! »

Elections américaines: les Etats-clés à suivre mardi soir

Une douzaine d’Etats sont particulièrement importants dans l’élection présidentielle américaine mardi soir.

Ce sont les Etats-clés où la bataille est parfois serrée et qui, vu le mécanisme particulier du scrutin, peuvent faire basculer le résultat final.

Certains comme la Floride, le gros lot de ces Etats-clés, font et défont des victoires, parfois à quelques centaines de voix près comme durant l’élection Bush-Gore en 2000.

Très surveillés cette année, l’Ohio, la Pennsylvanie et la Caroline du Nord, suivis du Colorado, Nevada, Arizona, New Hampshire et Iowa.

Pour gagner l’élection, il faut à Hillary Clinton ou Donald Trump 270 grands électeurs.

Ces grands électeurs sont attribués Etat par Etat, au gagnant dans chaque Etat. Plus l’Etat est peuplé, plus son nombre de grands électeurs est élevé.

Voici la liste de ces Etats-clés, leur nombre de grands électeurs, la moyenne des sondages au 4 novembre selon le site Real Clear Politics, et le rappel des gagnants lors des précédentes élections.

Floride: 29 grands électeurs. Gagné par Barack Obama (démocrate) en 2008 et 2012, par le républicain George W. Bush en 2000 et 2004. Clinton 47,4%, Trump 46,2% (Johnson 2,4%, Stein 1,3%).

Ohio: 18 grands électeurs. Gagné par Obama en 2008 et 2012, par les républicains en 2000 et 2004. Trump 46,3%, Clinton 43%.

– Caroline du Nord: 15 grands électeurs. Gagnée en 2008 par Obama et en 2012 par Mitt Romney son opposant républicain. Trump 46,8%, Clinton 46%.

Pennsylvanie: 20 grands électeurs. Historiquement démocrate, gagnée par Obama en 2008 et 2012. Clinton 46,8%, Trump 43,8%.

Virginie: 13 grands électeurs. Historiquement républicaine, gagnée en 2008 et 2012 par Obama. Clinton 46,6%, Trump 41,4%.

Géorgie: 16 grands électeurs. Traditionnellement républicaine. Gagnée par le républicain John McCain en 2008, et par Romney en 2012. Trump 48,3%, Clinton 42,7%.

Michigan: 16 grands électeurs. Traditionnellement démocrate, gagné par Obama en 2008 et 2012. Clinton 46%, Trump 40,3%.

Arizona: 11 grands électeurs. Traditionnellement républicain. Gagné par les républicains en 2008 et 2012. Trump 46,3%, Clinton 42,3%.

Colorado: 9 grands électeurs. Gagné par les démocrates en 2008 et 2012, par les républicains lors des trois précédentes élections. Clinton 42,8%, Trump 40,2%.

Iowa: 6 grands électeurs. Gagné par Obama en 2008 et 2012, par Bush en 2004. Trump 41,7%, Clinton 40,3%.

Nevada: 6 grands électeurs. Gagné par les démocrates en 2008 et 2012, par les républicains en 2000 et 2004. Trump 46%, Clinton 44%.

New Hampshire: 4 grands électeurs. Gagné par Obama en 2008 et 2012. Trump 43,5%, Clinton 42%.

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