Comment répondre à l'aspiration au changement des jeunes Libanais? © belga image

Déconfessionnaliser le Liban, l’immense défi

Gérald Papy
Gérald Papy Rédacteur en chef adjoint

Nawaf Salam, ancien ambassadeur et aujourd’hui juge à la Cour internationale de justice de La Haye, avance dans Le Liban d’hier à demain des pistes de réformes, notamment du système électoral, pour aider son pays à sortir de la crise politique permanente.

En visite au Liban deux jours après l’explosion meurtrière au port de Beyrouth (207 morts, 9 disparus), le président français Emmanuel Macron avait dénoncé, le 6 août 2020, « un confessionnalisme parfois capturé » et appelé les dirigeants à refonder « un ordre politique nouveau ». Un an plus tard, le pays est toujours empêtré dans ses manoeuvres politiciennes. Ancien ambassadeur et aujourd’hui juge à la Cour internationale de justice de La Haye, Nawaf Salam avance dans Le Liban d’hier à demain (1) des pistes de réformes, notamment du système électoral, pour aider son pays à sortir de la crise politique permanente.

Renoncer au confessionnalisme relève cependant de la gageure pour l’auteur. « Il est chimérique de croire toujours en la possibilité d’une solution à la crise du régime politique au Liban par l’abolition totale hic et nunc de toute représentation de type confessionnel. Il n’est cependant pas moins dangereux de continuer à sous-estimer l’importance des aspirations, surtout parmi la jeunesse, à la « pleine participationcitoyenne, étant donné les frustrations qui découlent de la reconnaissance toujours incomplète des individus en tant que « citoyens » égaux. »

Nawaf Salam décrit bien les effets pervers de l’hyperconfessionnalisation du Liban renforcée par la guerre civile (1975-1990) que l’accord de Taëf de 1989, qui mit fin au conflit, était censé réduire. Cette disposition ne fut jamais concrétisée. Il croit pourtant possible et salutaire une « déconfessionnalisation politique » cohabitant avec le maintien des prérogatives dévolues aux communautés. Mais pour y parvenir, il compte en priorité sur la société civile dont la panoplie d’organisations « fournit des exemples concrets de ce que pourraient être des institutions à caractère non confessionnel« .

(1) Le Liban d’hier à demain, par Nawaf Salam, Actes Sud, 176 p.

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