La couverture du numéro 12 du journal "officiel" de l'EI. © DR

« Dabiq », le sinistre magazine de propagande de Daech

Le Vif

Daech publie depuis 2014 un magazine en anglais, intitulé « Dabiq ». Le numéro 12 vient de sortir. En couverture: une photo des attentats de Paris avec le titre « Just terror « . Zoom sur cet outil de propagande que les services de renseignements internationaux tiennent étroitement à l’oeil.

Quelques jours après les attentats de Paris, le groupe Etat Islamique a publié le 12e numéro de son magazine « officiel ». Cette parution en anglais intitulée Dabiq est peu connue du grand public. On trouve pourtant l’entièreté de son PDF facilement en ligne, d »un simple clic. En complément des vidéos – souvent insoutenables – diffusées sur les réseaux sociaux, le magazine lancé à l’été 2014 est un outil de propagande puissant pour Daech dans le recrutement de nouveaux djihadistes à travers le monde. L’organisation terroriste y défend le « califat » et y appelle à la propagation de la guerre sainte. En février dernier, la revue djihadiste avait consacré une longue interview à Adelhamid Abaaoud, le commanditaire présumé des attaques à Paris.

Cette semaine, le numéro 12 arbore fièrement en couverture une image des attentats de Paris ayant fait plus de 129 morts vendredi dernier. En lettres rouges, un cinglant « Just terror », un titre à deux sens que l’on pourrait traduire par « C’est simplement la terreur » ou « la terreur juste ». Ce n’est pourtant pas le sujet le plus développé dans la publication de 65 pages. L’EI en fait seulement mention dans son avant-propos en rendant hommage aux « 8 braves chevaliers » qui ont « mis Paris à genoux », sans dévoiler plus de détails au sujet des terroristes liés aux attaques du stade de France et du centre de Paris. Une légende d’une photo montrant François Hollande entouré des forces de l’ordre au soir des attaques le dépeint comme « lâche » (« coward » en anglais). Sous une autre photo d’une victime ensanglantée, on peut lire : « La terreur ne fait que commencer en France« .

Mener les enquêteurs sur une fausse piste

Entre autres extraits du Coran, apologies de ses combattants et reportages sur les actions militaires entreprises par ses membres, Daech fait aussi référence dans son document à la Russie. Cette dernière, également impliquée dans des frappes contre les terroristes en Syrie, a été visée par l’EI via l’attentat contre un avion de ligne russe dans le Sinaï égyptien le 31 octobre dernier (224 morts). La dernière édition du magazine explique que le groupe a agi après avoir découvert une faille dans la sécurité de l’aéroport égyptien d’où a décollé l’avion. Daech publie dans son magazine une prétendue photo du dispositif qui aurait fait sauter l’appareil, soit une simple canette accompagnée d’une petite batterie et d’un détonateur avec en légende « IED » pour « Improvised Explosive Device » ou « engin explosif improvisé ».

La canette qui aurait servi de bombe à bord de l'avion russe.
La canette qui aurait servi de bombe à bord de l’avion russe. © DR

Les informations et photos publiées dans la revue Dabiq doivent être prises avec la plus grande des réserves. Pour le New York Times, il n’y a pas de preuves que ce dispositif expliqué dans le magazine est lié au crash de l’avion de la compagnie russe Metrojet. Le quotidien américain avance que « l’image peut être une fausse information mise en scène afin d’impressionner les rangs du groupe terroriste tout comme les futures recrues et de mener les enquêteurs sur une mauvaise piste ».

Dans cette même publication, le groupe terroriste assure avoir exécuté deux otages chinois et norvégien faute d’avoir reçu les rançons demandées. L’authenticité des photos accompagnant l’article « Le sort de deux prisonniers » est en cours de vérification, mais à leur sujet, le premier ministre norvégien Erna Solberg a déclaré n’avoir « aucune raison […] de douter du contenu ».

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