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Crimée: une base ukrainienne attaquée par des blindés

Le Vif

Des véhicules blindés ont pénétré samedi dans une base ukrainienne en Crimée, au milieu de rafales d’armes automatiques tirées en l’air, ont constaté des reporters de l’AFP, tandis que deux cents hommes sans armes ont envahi une base aérienne de Novofedorivka.

Un véhicule armé a forcé l’entrée de la base de Belbek, près de Sébastopol, où un homme a pointé son arme sur les soldats ukrainiens. Une ambulance a également été vue sur place.

Quelque deux cents hommes sans armes ont par ailleurs envahi la base aérienne de Novofedorivka, dans l’ouest de la péninsule, ont constaté des journalistes de l’AFP.

Des hommes armés s’emparent d’un navire de commandement ukrainien

Un groupe d’hommes armés s’est emparé samedi du navire de commandement ukrainien Slavoutitch, à l’ancre à Sébastopol, a annoncé le porte-parole du ministère ukrainien de la Défense en Crimée Vladislav Seleznev.

« Des sources à Sébastopol indiquent que les membres de l’autodéfense (pro-russe) de la Crimée et d’unités spéciales de l’armée russe se sont emparés du Slavoutitch », a indiqué M. Seleznev sur sa page Facebook. Jeudi dernier, les mêmes forces pro-russes avaient pris le contrôle de la corvette Ternopil, ancrée à côté du Slavoutitch.

Les deux corvettes étaient bloquées ces derniers jours dans le port de Sébastopol par la marine russe et s’étaient éloignées l’une et l’autre du quai dans le but d’éviter une attaque.

Les forces russes et pro-russes en Crimée cherchent depuis quatre jours à s’emparer des bases des forces ukrainiennes dans la péninsule, rattachée de facto à la Russie malgré les protestations de Kiev et de l’Occident.

Transnistrie

Vendredi, le ministre ukrainien des Affaires étrangères s’est dit « très préoccupé » par la Transnistrie.

« La situation en Transnistrie constitue une grande préoccupation, pas seulement pour l’Ukraine, pas seulement pour la Moldavie », a déclaré le ministre ukrainien des Affaires étrangères, Andriï Dechtchytsia, lors d’une conférence de presse dans le cadre du Brussels Forum du German Marshall Fund. Cela devrait aussi être une « grande préoccupation pour l’Europe ». « Si la Russie décide de connecter la Transnistrie avec la Crimée et l’Abkhazie », territoire séparatiste en Géorgie occupé par les forces russes, « formant un corridor qui créerait une zone de forte déstabilisation en Europe ». « Nous devons regarder une carte et l’éviter », a-t-il ajouté.

La Transnistrie, petite bande de terre de 500.000 habitants dans l’est de la Moldavie, a gagné, avec le soutien de la Russie, une courte guerre d’indépendance après l’effondrement de l’URSS en 1991. Elle n’est pas reconnue par la communauté internationale.

« Nous défendrons notre territoire, c’est le plan B »

Par ailleurs, interrogé sur l’existence d’un « plan B » en cas d’intervention de la Russie dans l’Est de l’Ukraine, le ministre a indiqué: « Nous défendrons notre territoire, c’est le plan B ». On « ne peut pas empêcher le peuple ukrainien de défendre sa patrie ».

Jeudi, le Premier ministre ukrainien, Arseni Iatseniouk, avait affirmé que son pays répondrait « fermement, y compris par des moyens militaires », à toute tentative russe d' »annexer » les régions de l’Est russophone.

Le leader pro-européen et candidat à la présidentielle, Vitali Klitschko, a assuré que les Ukrainiens des régions de l’Est affirmaient vouloir « défendre le pays », son « unité » et son « indépendance ». « Nous sommes prêts pour cela, c’est notre plan B », a-t-il ajouté lors de la même conférence de presse.

M. Dechtchytsia a rejeté toute idée d’acceptation du rattachement de la Crimée à la Russie.

De l’or et des millions de dollars chez un ex-ministre

Par ailleurs, des perquisitions au domicile de l’ex-ministre ukrainien de l’Energie, soupçonné de détournement de fonds publics, ont abouti à la saisie de 42 kilos d’or et de 4,8 millions de dollars en liquide, a annoncé le ministre de l’Intérieur.

« Quarante-deux kilogrammes d’or, 4,8 millions de dollars en liquide, des sacs avec des pierres précieuses ressemblant à des diamants, 16 montres de valeur: tels sont les résultats des perquisitions menées aux domiciles de l’ex-ministre de l’Energie Edouard Stavitski », a écrit Arsen Avakov sur la page Facebook. Ces recherches ont été menées dans le cadre d’une enquête lancée par le parquet général et l’unité de lutte contre le crime organisé du ministère de l’Intérieur, a-t-il précisé.

Selon le site Ukraïnska Pravda, M. Stavitski, qui aurait fui en Italie, serait impliqué en particulier dans des affaires en rapport avec la résidence qu’occupait Viktor Ianoukovitch dans la banlieue de Kiev et dont le luxe et la pompe ont choqué la population après la fuite du président déchu.

Ces nouvelles déclarations interviennent au lendemain de l’arrestation du directeur général de la compagnie nationale de pétrole et de gaz Naftogaz, Evguen Bakouline, soupçonné de corruption représentant environ quatre milliards de dollars, selon les enquêteurs.

Des perquisitions ont également eu lieu vendredi au domicile de l’ex-ministre de l’Agriculture Mykola Prysiajniouk où ont été saisis 286.000 dollars en liquide et des montres de luxe.

Les troupes russes s’emparent du seul sous-marin ukrainien

On a également appris ce matin que la marine russe s’est rendue maître en Crimée du seul sous-marin dont dispose l’Ukraine, a indiqué la chaîne de télévision Canal 5, et l’ont remorqué vers la base russe de Sébastopol.

Des membres de la marine russe se sont emparés par la force du sous-marin à Strelezki, près de Sébastopol. Aucune confirmation officielle n’a encore cependant été diffusée.

Ces derniers jours, plusieurs autres bases et navires ukrainiens ont subi le même sort, les militaires ukrainiens cédant sans combattre devant les forces russes et pro-russes.

L’OSCE en Ukraine, à l’exception de la Crimée Enfin, les 57 pays membres de l’Organisation pour la sécurité et la coopération en Europe (OSCE) ont annoncé vendredi soir l’envoi d’une mission d’observation en Ukraine, la Russie ayant accepté de lever ses objections. Une centaine d’observateurs civils, dont une « antenne avancée » attendue sur place d’ici 24 heures, composeront l’équipe appelée à se déployer dans l’ensemble du pays, à l’exception de la Crimée sécessionniste. Moscou se voyait reprocher depuis le début de la semaine ses réticences à l’envoi d’une telle mission réclamée par l’Ukraine et les Occidentaux.

Andreï Kelin, le représentant russe à l’OSCE, a salué après l’accord « une décision très importante ». « Nous pensons fortement qu’il pourrait s’agir du premier pas important vers la baisse de la tension dans cette région », a-t-il déclaré à quelques journalistes. La Russie est prête à déléguer des observateurs dans le cadre de la mission, a poursuivi l’ambassadeur, qui a aussi exclu sans ambiguïté que le travail de l’OSCE s’étende à la Crimée.

« Le mandat de la mission est parfaitement clair et découle de la réalité géopolitique », a-t-il martelé: « Depuis aujourd’hui, la Crimée fait partie de la fédération de Russie ». Le rattachement de la Crimée a été ratifié vendredi à l’unanimité par la chambre haute du parlement russe, cinq jours seulement après le référendum dans la presqu’île russophone.

Selon le texte de l’accord accepté vendredi à l’OSCE par consensus, les observateurs se rendront notamment dans les villes de Kherson, Odessa, Lviv, Ivano-Frankivsk, Kharkiv, Donetsk, Dnepropetrovsk, Chernivtsi et Luhanks. Le siège de la mission sera à Kiev.

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