Deux célèbres avocats français, l’ancien ministre Roland Dumas et Jacques Vergès, vont défendre Laurent Gbagbo, chef d’Etat ivoirien contesté et ont lors de leur visite jeudi à Abidjan dévoilé leur stratégie: feu sur la France et la « fraude ».
Arrivés un peu plus d’un mois après l’éclatement de la crise née de la présidentielle du 28 novembre, l’ex-ministre socialiste des Affaires étrangères et le sulfureux ténor du barreau ont été reçus pendant environ une heure et demie par M. Gbagbo au palais présidentiel.
A la sortie, Jacques Vergès, 85 ans, connu pour avoir défendu l’auteur d’attentats vénézuélien Carlos ou le dictateur serbe Slobodan Milosevic, a défendu l’homme fort d’Abidjan.
M. Gbagbo « est devenu un symbole » car il « représente une Afrique nouvelle, une Afrique qui ne s’incline pas », « et c’est ça qui est intolérable pour les dirigeants français », a-t-il lancé devant la presse.
Roland Dumas, 88 ans, a expliqué que les deux avocats allaient « s’occuper » de la crise post-électorale. « Nous allons faire un Livre blanc et puis nous allons prendre la défense des autorités en place ». « Plus nous avançons, (…) plus nous savons qu’il y a eu des fraudes au deuxième tour des élections », a-t-il souligné.
Une grande partie de la communauté internationale, notamment l’ex-puissance coloniale française, appelle Laurent Gbagbo, proclamé élu par le Conseil constitutionnel, à céder la présidence à son rival, déclaré vainqueur par la commission électorale. La crise post-électorale a été marquée par de graves violences, qui ont fait 179 morts depuis la mi-décembre selon l’ONU.
Laurent Gbagbo dénonce « l’ingérence » de la France
Par ailleurs, Laurent Gbagbo a dénoncé « l’ingérence » de la France dans les affaires ivoiriennes et le rôle moteur de l’ancienne puissance coloniale contre son pouvoir, dans un entretien à la chaîne Euronews dont des extraits ont été diffusés jeudi.
Cette interview a été réalisée le 28 décembre à Abidjan et sera diffusée dans son intégralité sur la chaîne d’information vendredi. Laurent Gbagbo a déjà dénoncé dans un récent entretien à la presse française un « complot » de la France et des Etats-Unis contre son régime.
Interrogé sur les risques de guerre civile, Laurent Gbagbo se veut rassurant, tout en adressant une nouvelle mise en garde à la communauté internationale.
« Je ne crois pas du tout à une guerre civile. Mais évidemment, si les pressions continuent comme elles sont, ce sont elles qui vont pousser à la guerre, à l’affrontement », dit-il.
Il paraît par ailleurs exclure de quitter le pouvoir de son plein gré, affirmant que son départ n’offrirait pas de « garantie que cela va amener la paix ».
LeVif.be, avec Belga