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Coronavirus au Brésil : lutter contre l’épidémie et contre la faim

Marie Gathon
Marie Gathon Journaliste Levif.be

Le Brésil, avec ses 210 millions d’habitants, est marqué par les fortes inégalités au sein de sa population. Les plus pauvres sont aujourd’hui confrontés de plein fouet aux conséquences de la lutte contre l’épidémie de coronavirus.

Le Brésil dénombre aujourd’hui près de 40.000 cas confirmés de coronavirus et près de 2.500 décès. Le pays est en grande partie confiné. Les écoles ont été fermées depuis le 23 mars. Les commerces et de nombreuses activités ont suivi le mouvement quelques jours plus tard.

Dans des États comme Rio de Janeiro ou Sao Paulo, les plus touchés par le virus, la quarantaine n’est pas aussi stricte que dans la plupart des pays européens. Seuls les commerces considérés comme essentiels peuvent rester ouverts, mais aucune mesure coercitive ne contraint la population à rester chez elle.

Au Brésil, ces décisions sont du ressort des collectivités territoriales et la Cour suprême a décidé que le gouvernement fédéral ne pouvait pas s’y ingérer.

Une majorité de 68% des Brésiliens approuve le confinement malgré son impact sur l’économie, selon un sondage de l’institut Datafolha. Le chiffre est toutefois déclinant, puisqu’il était de 76% début avril.

Les favelas privées de revenus

Pour une partie de la population pauvre, celle des favelas essentiellement, cette situation est très difficile. Privés des repas distribués à l’école, de nombreux enfants ont faim. Leurs parents ayant dans le même temps perdu leur source de revenus.

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« Dans la périphérie de São Paulo, la faim progresse plus rapidement que le coronavirus. Avec la fermeture des écoles, les enfants qui y bénéficiaient de repas [ou de collations] jusqu’à cinq fois par jour voient désormais leur alimentation se résumer à du riz », rapporte le Courrier international.

Ce régime pauvre en éléments nutritifs essentiels, faible en quantité comme en qualité, fait que certaines familles entrent dans une grave insécurité alimentaire. « Et qui dit insécurité alimentaire, dit faim », déclare Semíramis Martins Álvares Domene, professeure de nutrition à l’université fédérale de São Paulo, qui ajoute que « la fermeture des garderies portera un lourd préjudice aux enfants des familles pauvres. Les premiers signes d’un déficit en vitamines et minéraux sont peu perceptibles, mais contribuent à fragiliser le système immunitaire, ce qui risque d’augmenter la gravité des maladies, entre autres celles qui ont des effets sur le système respiratoire comme le Covid-19. »

La municipalité de São Paulo et le gouvernement de l’État ont néanmoins lancé des programmes d’aide aux familles d’enfants scolarisés. Ils commencent ce mois-ci [en avril]. Mais pour la responsable du Conseil de l’alimentation à l’école, Mária Simões, les sommes proposées seront insuffisantes.

Le président qui lutte contre le confinement

Le président Jair Bolsonaro.
Le président Jair Bolsonaro.© Belga

De son côté, le président brésilien Jair Bolsonaro a affirmé qu’il espérait que les mesures de confinement prises par les gouverneurs des États seraient levées dès cette semaine, alors que le pic de la pandémie devrait être atteint en mai ou en juin, selon les estimations du ministère de la Santé.

« J’espère que ce sera la dernière semaine de quarantaine », a déclaré le chef de l’État à la sortie de sa résidence officielle du Palais de l’Alvorada, à Brasilia. « Les masses ne peuvent pas rester à la maison parce que leur frigo est vide », a-t-il ajouté, qualifiant d' »excessives » les mesures prises par les maires et gouverneurs de presque tous les États du Brésil.

Les masses ne peuvent pas rester à la maison parce que leur frigo est vide

La semaine dernière, Jair Bolsonaro a limogé le très populaire ministre de la Santé Luiz Henrique Mandetta, qui avait une vision diamétralement opposée sur la façon d’affronter la pandémie, prônant le confinement et suivant à la lettre les recommandations de l’OMS.

« Ce que nous entendons le plus, ce sont des personnes qui veulent revenir à la normale. Depuis le début, je dis que nous avons deux problèmes, le virus et le chômage. (…) Je ne défends pas l’économie, je dépends les emplois. (…) C’est impossible de comprendre que les conséquences du chômage, c’est ce qui va tuer les gens? », s’est exclamé le président.

Tout en reconnaissant qu’il ne pouvait pas forcer les autorités locales à suspendre le confinement, il a dit: « Pour ce qui dépend de moi, on va commencer à assouplir et montrer que ce n’est pas le bon chemin ».

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