© REUTERS

Corées : la zone démilitarisée, un sanctuaire écologique sous les barbelés

Le Vif

Les menaces proférées par le dirigeant nord-coréen Kim Jung-un contre Séoul font monter la tension le long du 38e parallèle. Mais paradoxalement, la paix froide qui depuis 60 ans divise la péninsule a fait de la zone « démilitarisée » entre les deux Corées une réserve environnementale.

Des forêts, des marécages, des dizaines de milliers de grues… et un million de soldats aux aguets. Voilà à quoi ressemble la zone démilitarisée (demilitarized zone, DMZ) qui sépare les deux Corées, entre la mer Jaune à l’Ouest et la mer du Japon à l’Est, à proximité du 38e parallèle.

Interdite aux humains depuis six décennies, cette bande de terre de 249 km de long sur quatre de large est à la fois la zone la plus militarisée au monde, et une réserve de biodiversité.

Le 27 juillet 1953, au terme d’une guerre qui a coûté la vie à plus de deux millions de personnes en trois ans de combats, les adversaires ont signé un armistice sur la ligne de front, dans le village de Panmunjom. Celui-ci prévoyait que les deux belligérants reculent de deux kilomètres par rapport à cette ligne.

L’espace ainsi libéré, qui couvre une superficie de 1000 km², est devenu un paradis pour naturalistes. Ours noir, tigre de Corée ou daim musqué de Sibérie, ces animaux font partie des quelque 146 espèces en voie d’extinction qui ont trouvé refuge dans cette langue de terre hors d’atteinte des humains. Il s’agit d’une des zones les mieux préservées de la planète dans les régions tempérées. Cette réserve naturelle involontaire abrite près de 3000 variétés de plantes, 70 types de mammifères et plus de 300 espèces d’oiseaux, selon les spécialistes. Ce retour à la vie sauvage a été facilité par les restrictions d’accès et de circulation instaurées sur une dizaine de kilomètres le long de la DMZ par Séoul, au sud.

Au point que les autorités de Corée du Sud avaient déposé à l’Unesco, en 2011, une demande de classement de la partie sud de la DMZ sur la liste des « réserves de biosphère » mondiales, dans le cadre du programme Man and Biosphere de l’ONU. L’inscription n’a pas abouti en raison de l’opposition de Pyongyang à cette démarche.

Surveillée par l’ONU, cette bande de terre bordée de murs de barbelés de 4m de hauteur est pourtant jalonnée de miradors et truffée de mines antipersonnel. Plus d’un million de soldats stationnent de part et d’autre. Les deux ennemis, qui sont toujours officiellement en guerre puisqu’ils n’ont pas signé de traité de paix, ont installé des postes de garde avancés à l’intérieur de la zone.

Côté sud, des agences de voyage organisent des visites -essentiellement destinées au étrangers- le long de la frontière. Les touristes peuvent descendre dans l’un des quatre tunnels creusés par la Corée du Nord, découverts en 1978, tenter d’apercevoir de vrais Nord-coréens du haut des tours de garde, tout en se désaltérant avec de l’eau minérale DMZ puisée dans la zone démilitarisée.

Catherine Gouëset

Vous avez repéré une erreur ou disposez de plus d’infos? Signalez-le ici

Contenu partenaire