Comme en de nombreuses autres occasions, la stratégie du régime nord-coréen suscite la perplexité après l’agression dont a été victime la Corée du Sud, le mardi 22 novembre.
Le tir de dizaines d’obus sur l’île sud-coréenne de Yeonpyeong, distante de dix kilomètres, a tué deux soldats et deux civils et en a blessé quelques dizaines d’autres. La justification donnée par Pyongyang (des tirs sud-coréens à la faveur d’exercices militaires en mer Jaune) apparaît bien faible en regard de la disproportion de la « riposte ». L’attaque a provoqué une réplique sous forme de tirs d’artillerie ; l’armée sud-coréenne a été placée en état d’alerte et Séoul a promis des représailles en cas de « nouvelle provocation ». Mais la Chine, à l’intention de la Corée du Nord, et les Etats-Unis, en allié de la Corée du Sud, ont exhorté les protagonistes à la retenue.
Reste à déterminer ce qui a pu réellement motiver cette escalade dans des relations notoirement tendues depuis la fin de la Guerre de Corée (1950-1953). Des experts sud-coréens y voient la volonté du dirigeant nord-coréen Kim Jong-Il d’asseoir la légitimité de son fils, Kim Jong-Un, dont la promotion, il y a moins de deux mois, à la vice-présidence de la Commission de défense nationale a été perçue comme une élévation au rang d’héritier présumé. S’inscrirait dans la même logique la révélation par Pyongyang, le dimanche 20 novembre, de l’existence d’un programme d’enrichissement d’uranium ; nouvelle provocation en regard des laborieux efforts de la communauté internationale pour faire pièce aux ambitions nucléaires militaires de la Corée du Nord. Pékin en a profité pour appeler à une reprise rapide des négociations internationales sur la question. Autant dire que Séoul n’appréhende pas l’évolution de la situation de la même manière…
G.P.