© Reuters

Corée du Nord : nouveau dirigeant, même attitude avec Séoul

Le pays le plus fermé au monde a prévenu ce vendredi que l’arrivée au pouvoir de Kim Jong-un n’améliorera pas les relations avec la Corée du Sud.

La transition du pouvoir en Corée du Nord après la mort de Kim Jong-il mi-décembre pourrait-elle introduire un soupçon d’ouverture dans ce pays réputé comme l’un des plus fermés du monde? Les Etats-Unis misaient sur la reprise d’un dialogue informel avec le régime mené par Kim Jong-un qui aurait passé du temps en Occident pendant sa jeunesse. Et certains Coréens du Sud faisaient déjà renaître l’espoir d’une réunification de la péninsule…

Mais non, Pyongyang tient le cap. Pas question d’infléchir la politique de la dynastie Kim. Ce vendredi, le pays a prévenu le monde, dans un langage fleuri, qu’il n’y aurait pas de dialogue avec le gouvernement actuel à Séoul, au lendemain de l’intronisation du jeune fils de Kim Jong-il. « Nous déclarons solennellement et fièrement aux responsables politiques stupides dans le monde, y compris les fantoches de Corée du Sud, qu’ils ne doivent pas s’attendre au moindre changement de notre part », a indiqué la Commission de défense nationale, selon l’agence officielle KCNA.
Pyongyang a également écarté toute possibilité de discussion avec le gouvernement en place à Séoul. « Comme nous l’avons dit, nous nous refuserons toujours à nouer des liens avec le traître Lee Myung-bak et son groupe », a ajouté la Commission de défense nationale, en référence au président sud-coréen.

Jeudi, au lendemain des obsèques de Kim Jong-Il mort le 17 décembre, Kim Jong-un a été proclamé « leader suprême du parti, de l’armée et du peuple » lors d’un gigantesque rassemblement militaire organisé à Pyongyang. « Le monde devrait voir clairement comment des millions de nos soldats et de nos citoyens, unis fermement autour de notre cher leader Kim Jong-un pour transformer le chagrin en courage et les larmes en force, atteindront la victoire finale », a ajouté le communiqué.

Séoul doit « payer pour ses péchés »

Le Nord a également promis à Séoul de lui faire payer pour ses « péchés » commis à l’occasion de la mort de Kim Jong-il. « Nous ferons payer jusqu’au bout le traître Lee Myung-bak et sa clique pour les péchés impardonnables, pour l’éternité, qu’ils ont commis à l’occasion des obsèques nationales » de Kim Jong-il, ont indiqué les médias nord-coréens, sans préciser en quoi consisteraient ces représailles.

Le Nord reproche à Séoul d’avoir interdit les visites de condoléances à Pyongyang. Seules deux délégations sud-coréennes ont été autorisées à se rendre de l’autre côté de la frontière, avant les obsèques de Kim Jung-il, pour rendre hommage au défunt. Les deux délégations étaient menées par la veuve de l’ancien président sud-coréen Kim Dae-jung, qui avait tenu avec Kim Jong-il le premier sommet inter-coréen de l’histoire en 2000, et par la présidente du groupe Hyundai.

Pyongyang est également furieux du lancer de tracts par des activistes appelant à l’insurrection contre la dynastie Kim. Ces tracts ont été envoyés le jour des obsèques, accrochés à des ballons lancés vers la Corée du Nord.

La Corée du Sud capitaliste a pourtant tenté de calmer les tensions souvent vives entre les deux voisins. Séoul a notamment fait part de « ses condoléances au peuple de Corée du Nord » et a annulé un projet d’éclairage de Noël près de la frontière, que Pyongyang considérait comme partie de la « guerre psychologique ». « Nous avons pris ces mesures pour montrer que nous ne sommes pas hostiles à la Corée du Nord », a souligné le président sud-coréen.

Kim Jong-un est un héritier très entouré. Son arrivée au pouvoir ne devrait rien changer à la politique nord-coréenne.

Kim Jong-un entouré par la vieille garde de son père
Malgré les appels occidentaux pour que la Corée du Nord suive l’exemple de la Birmanie et lance des réformes politiques et économiques, le nouveau dirigeant devrait, au moins au début, coller à la doctrine familiale de la seule dynastie communiste au monde, estiment les analystes.

Agé de moins de 30 ans, le fils cadet de Kim Jong-il manque d’expérience d’Etat et hérite d’un pays à l’économie délabrée, peinant à nourrir sa population. Il pourrait, les premières années, être chaperonné par la vieille garde qui entourait déjà son père, dont notamment Jang Song-thaek, le mari de sa tante.

Les premiers pas de l’héritier sont scrutés avec attention par les chancelleries. Dotée de l’arme nucléaire, la Corée du Nord représente un enjeu de taille pour la diplomatie régionale de la Chine – son seul allié de poids – et des Etats-Unis. Washington vient d’annoncer que son secrétaire d’Etat-adjoint pour l’Asie de l’Est, Kurt Campbell, se rendrait en Chine, en Corée du Sud et au Japon en janvier pour discuter « des derniers développements en Corée du Nord ».

Le Vif.be, avec L’Express.fr

Vous avez repéré une erreur ou disposez de plus d’infos? Signalez-le ici

Contenu partenaire