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Convoi de la liberté: aux Pays-Bas, les camionneurs bloquent le parlement, à Paris on verbalise

Le Vif

Les pays européens se préparent à un week-end sous le signe des « convois de la liberté ». Aux Pays-Bas, les camionneurs occupent le parlement de La Haye et à Paris, les autorités ont déjà commencé à verbaliser.

Les forces de l’ordre ont utilisé des gaz lacrymogènes samedi en début d’après midi pour disperser des manifestants issus des convois antipass, qui s’étaient donnés rendez-vous sur les Champs-Élysées à Paris, selon un journaliste de l’AFP.

Des milliers d’opposants au pass vaccinal, sous le nom de « convois de la liberté » et venus de toute la France, ont rejoint Paris samedi dans le but de manifester malgré l’interdiction de la préfecture de police, déterminée à empêcher tout blocage.

Convoi de la liberté: aux Pays-Bas, les camionneurs bloquent le parlement, à Paris on verbalise
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Vers 14H00, plus d’une centaine de véhicules avaient rejoint l’avenue, des automobilistes, certains dorénavant à pied, agitaient des drapeaux ou scandaient « liberté ». La situation s’est tendue: des gaz lacrymogènes ont été utilisés.

Les forces de l’ordre ont évacué les piétons qui étaient autour de l’Arc-de-triomphe, avant de repousser peu à peu les manifestants vers les jardins qui se trouvent à l’autre bout de cette célèbre artère de la capitale. « On était depuis hier 17H00 sur Paris, tel un cheval de Troie. On était invisibles, on voulait se fondre dans la masse. Moi je suis +gilet jaune+ mais y a beaucoup de primos manifestants. A 13H15, on a décidé de se rejoindre autour de l’Arc-de-Triomphe parce qu’on savait que plusieurs convois étaient là. Les convois en voiture c’était un test. On a d’autres manifestants qui vont venir aujourd’hui. On peut pas vacciner de force », a déclaré à l’AFP Laure 57 ans monitrice d’auto école en Seine-et-Marne « contre le pass vaccinal », en fuyant les lacrymogènes sur les Champs-Élysées.

Convoi de la liberté: aux Pays-Bas, les camionneurs bloquent le parlement, à Paris on verbalise
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« Même si Macron le veut pas, nous on est là, pour l’honneur des travailleurs et pour un monde meilleur », chantaient des manifestants avant d’être dispersés. Voitures, camping-cars et camionnettes sont partis de Nice, Lille, Strasbourg, Vimy (Pas-de-Calais) ou Châteaubourg (Ille-et-Vilaine), circulant pendant deux ou trois jours à vitesse réduite sur des routes secondaires pour rejoindre la capitale. Après avoir campé aux portes de Paris vendredi soir, une partie des participants – 3.000 véhicules pour 5.000 manifestants en tout selon la police – a rejoint samedi matin le périphérique parisien, où 337 personnes avaient été verbalisées vers 14H30 pour « participation à une manifestation non autorisée », selon la préfecture de police de Paris (PP).

Rassemblement hétéroclite d’opposants au président Emmanuel Macron et de « gilets jaunes », le mouvement s’est constitué sur le modèle de la mobilisation qui paralyse la capitale canadienne Ottawa. Selon des messages consultés par l’AFP, certains convoyeurs veulent devenir « une masse de véhicules impossible à contenir par les forces de l’ordre à moins que ces dernières ne bloquent elles-mêmes les axes principaux de la capitale ». « De fait, face à plusieurs milliers de véhicules capables d’être à l’arrêt comme en mouvement, quelques dizaines de dépanneuses ne pourraient pas faire grand-chose », poursuit l’un des messages. Près de 7.200 policiers et gendarmes ont été déployés » pour faire respecter les interdictions de convois de véhicules », selon la PP.

Le préfet de police Didier Lallement a « créé un certain nombre de fourrières provisoires qui (…) permettront avec plusieurs dizaines de véhicules de remorquage de mettre fin à tout blocage », a-t-il déclaré. Des blindés de la gendarmerie ont aussi été déployés dans la capitale, une première depuis les manifestations des « gilets jaunes » fin 2018. Le Premier ministre Jean Castex a promis d’être inflexible face au mouvement. « S’ils bloquent la circulation ou s’ils tentent de bloquer la capitale, il faut être très ferme », a-t-il insisté sur France 2.

Des camions bloquent l’accès au parlement néerlandais à La Haye

Les protestataires du mouvement « Freedom Convoy Netherlands » (Convoi de la liberté aux Pays-Bas) ne prévoient pas de mettre fin à leur action à La Haye, ont-ils déclaré samedi sur leur compte Telegram, alors qu’ils bloquent, actuellement, l’accès au centre-ville avec leurs camions, tracteurs et autres véhicules.

« Nous resterons ici aussi longtemps qu’il le faudra, même si c’est deux semaines. Amenez votre camping-car, votre tente ou votre caravane et rejoignez-nous », lancent-ils à leurs compatriotes, tout en appelant au calme: « Quoi qu’il arrive, ne faites pas usage de la violence ».

Les manifestants affirment qu’ils resteront mobilisés jusqu’à ce que « toutes les mesures introduites ces deux dernières années aient été complètement abolies », faisant référence notamment aux masques buccaux, aux vaccins et au pass sanitaire.

La police a, cependant, ordonné aux manifestants de quitter la zone. Ceux qui ne respecteraient pas cette injonction risquent une arrestation et une amende, préviennent les autorités locales. Les frais de remorquage des véhicules pourront également être facturés.

Et en Belgique ?

Après Gand et Bruxelles, la province du Brabant flamand a également interdit les convois du dimanche 13 au mardi 15 février, a annoncé vendredi soir son gouverneur, Jan Spooren. « Les manifestations ne sont pas interdites, le droit de manifester est sauvegardé », a-t-il par contre insisté. La province veut en effet éviter de bloquer les grands axes de circulation, les routes d’accès à l’aéroport ou d’autres lieux stratégiques du Brabant flamand et prévenir les désagréments, a-t-il justifié.

Lire aussi: Convoi de la liberté: l’entrave malveillante à la circulation est passible de peines de prison de 10 ans

Ce lundi, des camionneurs de tout le pays et d’autres pays européens doivent se rendre à Bruxelles pour manifester contre les mesures corona actuelles. Selon Jan Spooren, l’action de lundi viserait également les axes de circulation en dehors de Bruxelles, avec des points de rassemblement dans le Brabant flamand. Les zones de service le long des autoroutes à Peutie/Vilvorde, Heverlee, Rotselaar et Ruisbroek auraient été choisies.

Afin de prévenir d’éventuels blocages et troubles et de permettre aux bourgmestres de la province de prendre des mesures uniformes à leur encontre, le gouverneur a pris un arrêté de police.

Il a fait cela en concertation avec les polices locales et fédérale et après communication avec le Centre national de crise. « Il est difficile d’estimer les conséquences qu’aura la manifestation. Tant la police locale que la police fédérale du Brabant flamand sont prêtes à intervenir de manière équilibrée si nécessaire pour préserver ou rétablir l’ordre public », a conclu Jan Spooren.

Canada: la police se positionne pour évacuer le pont frontalier Ambassador

La police s’est positionnée samedi matin aux abords du pont Ambassador pour déloger les manifestants anti-mesures sanitaires qui bloquent cet axe frontalier majeur entre le Canada et les Etats-Unis depuis lundi, a constaté un journaliste de l’AFP. « Nous exhortons tous les manifestants à agir en respectant la loi et de façon pacifique », a tweeté samedi matin la police de Windsor, où est situé le pont, en annonçant avoir commencé son intervention. Elle demande aux habitants d’éviter le secteur.

Des dizaines d’agents et de véhicules sont arrivés sur place après 08h00 (14h00 heure belge) et ont pris position face à la cinquantaine de manifestants installés dans leurs camions et pick-ups pour paralyser le pont qui relie Windsor en Ontario à la ville américaine de Détroit. La Cour supérieure de l’Ontario avait ordonné vendredi le départ de ces manifestants installés depuis lundi sur cet axe frontalier majeur entre les deux voisins américains, un blocage qui a poussé Washington à intervenir auprès du gouvernement Trudeau.

Mais l’injonction n’avait pas ébranlé les manifestants, qui se disaient déterminés à aller jusqu’au bout de leur action. La fermeture a entraîné des perturbations pour l’industrie automobile des deux côtés de la frontière. La contestation anti-mesures sanitaires qui secoue le Canada depuis deux semaines est parti au départ du mouvement de camionneurs canadiens contre l’obligation vaccinale pour passer la frontière avec les Etats-Unis. Les manifestants, qui bloquent la capitale fédérale Ottawa et plusieurs axes frontaliers importants avec les Etats-Unis, réclament maintenant la levée de toutes les restrictions sanitaires.

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