A Berlin, le 15 mai, le rassemblement propalestinien a donné lieu à des heurts entre manifestants et forces de l'ordre. © GETTY IMAGES

Conflit israélo-palestinien: entre-deux délicat en Allemagne

Nathalie Versieux Journaliste, correspondante en Allemagne

Angela Merkel réitère le soutien indéfectible de Berlin à Israël. Mais les manifestations de soutien aux Palestiniens placent la République fédérale devant de nouveaux défis.

Angela Merkel a assuré Benjamin Nétanyahou de son « soutien », le 17 mai, tout en souhaitant voir les hostilités « prendre fin le plus rapidement possible ». Ces déclarations sont survenues au lendemain de heurts entre les forces de l’ordre et des manifestants palestiniens dans plusieurs villes d’Allemagne. Cinquante-neuf personnes ont été interpellées et une centaine de policiers blessés, le 15 mai, à la suite de violents affrontements à Berlin. Ailleurs dans le pays, des drapeaux israéliens ont été brûlés et l’entrée d’une synagogue a été endommagée à Bonn par des jets de pierres ; des scènes insoutenables pour la classe politique comme pour l’opinion, près de 90 ans après l’arrivée d’Hitler au pouvoir.

« Nous ne tolérerons pas que des drapeaux israéliens brûlent sur le sol allemand », a notamment réagi le ministre de l’Intérieur, le conservateur bavarois Horst Seehofer. « Nous assistons à de forts débordements d’émotions et à une grande mobilisation de jeunes d’origine arabe et de Turcs d’extrême droite, s’inquiète pour sa part le ministre de l’Intérieur de Rhénanie-du-Nord-Westphalie, le conservateur Herbert Reul. Ce qui les unit n’est pas la critique envers Israël mais un antisémitisme primaire que l’Etat doit poursuivre avec la plus grande conséquence. »

Une position mal comprise

Depuis la résurgence des tensions, le 10 mai, la presse allemande est majoritairement aux côtés des Israéliens. Le soutien inconditionnel à Israël depuis l’instauration officielle de relations diplomatiques entre les deux pays en 1965 est devenu l’un des piliers de la diplomatie allemande. « La responsabilité historique de l’Allemagne envers Israël fait partie de la raison d’Etat de mon pays », avait par exemple assuré Angela Merkel en 2008, s’exprimant en allemand à la Knesset. L’étroitesse des liens entre les deux pays avait connu un renouveau avec l’arrivée de centaines de milliers de Juifs d’Europe de l’Est depuis l’effondrement du bloc soviétique, encouragés par une politique d’accueil bienveillante. La renaissance d’une vie juive en Allemagne est pour la chancelière « un miracle » dont elle se réjouit régulièrement dans ses déclarations.

Dans les faits, le conflit israélo-palestinien et le regain de violences qu’il provoque sur le sol allemand place Berlin face à de nouveaux défis. La constance du soutien à l’Etat hébreu est mal comprise par la communauté musulmane. La République fédérale avait accueilli des dizaines de milliers de réfugiés palestiniens dans les années 1970. Quelques décennies et générations plus tard, beaucoup sont toujours apatrides et vivent dans des communautés parallèles, sans perspectives d’avenir et soudés par leur haine de l’Etat hébreu. L’arrivée en 2015-2016 de centaines de milliers de réfugiés arabes, originaires de pays hostiles à Israël et parfois dépourvus d’éducation aux principes démocratiques selon les autorités allemandes, complique encore la donne.

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