Recep Tayyip Erdogan expose une carte du territoire entre la Syrie et la Turquie, lors de l'Assemblée génétale des Nations Unies le 24 septembre 2019. © reuters

Conflit en Syrie: L’offensive turque peut avoir lieu à tout moment (Erdogan)

Le Vif

Le président turc Recep Tayyip Erdogan a affirmé lundi qu’une offensive turque pourrait être lancée à tout moment dans le nord de la Syrie après que Washington a annoncé qu’il ne s’opposerait pas à une telle opération contre une milice kurde.

Les forces américaines ont commencé lundi à se retirer de zones aux abords de la frontière turque dans le nord de la Syrie, selon des sources kurdes et une ONG, ouvrant la voie à l’offensive militaire promise par Ankara contre les forces kurdes.

« Il y a une phrase que nous répétons tout le temps: on pourrait entrer (en Syrie) n’importe quelle nuit sans prévenir. Il est absolument hors de question pour nous de tolérer plus longtemps les menaces provenant de ces groupes terroristes », a déclaré M. Erdogan lors d’une conférence de presse. La Turquie est déterminée à « nettoyer » le nord de la Syrie des « terroristes » qui menacent sa sécurité, a déclaré pour sa part son ministre des Affaires étrangères. « Depuis le début de la guerre en Syrie, nous avons soutenu l’intégrité territoriale de la Syrie et nous continuerons de le faire. Nous sommes déterminés à protéger notre (…) sécurité en nettoyant cette région des terroristes », a indiqué Mevlüt Cavusoglu sur Twitter.

Les Forces démocratiques syriennes (FDS), alliance de combattants kurdes et arabes, ont indiqué dans un communiqué que les « forces américaines se retirent des zones frontalières avec la Turquie » tandis que l’Observatoire syrien des droits de l’Homme (OSDH) a confirmé un retrait des forces américaines de positions clés à Ras al-Aïn et Tal Abyad. Les Etats-Unis ont annoncé dimanche soir que la Turquie mènerait « bientôt » une incursion militaire « prévue de longue date dans le nord de la Syrie » et que les troupes américaines stationnées dans le pays quitteraient la zone.

Les FDS ont averti qu’une telle opération militaire turque entraînerait une résurgence majeure du groupe djihadiste Etat islamique (EI), et annulerait « des années de combats fructueux » contre les djihadistes. Les chefs de l’EI encore en vie pourraient sortir de leur cachette, selon les FDS, pour qui une opération turque menacerait aussi les prisons et les camps qu’elles gèrent et qui abritent de nombreux djihadistes et leurs familles. Les FDS, soutenues par la coalition internationale antidjihadiste menée par Washington, ont combattu des années durant l’EI et ont reconquis en mars dernier son ultime bastion en Syrie, à Baghouz.

« Les forces américaines ne vont pas soutenir ou être impliquées dans l’opération et les forces américaines, qui ont vaincu le ‘califat’ territorial de l’Etat islamique, ne seront plus à proximité immédiate », a précisé la Maison Blanche dimanche soir. Le président turc Recep Tayyip Erdogan a affirmé mardi que la Turquie arrivait à bout de sa patience vis-à-vis des Etats-Unis au sujet de la création d’une « zone de sécurité » dans le nord de la Syrie. Et il avait menacé d’une opération militaire imminente. Cette zone tampon doit être créée entre la frontière turque et les zones syriennes contrôlées par la milice kurde des Unités de protection du peuple (YPG), principale composante des FDS.

Ankara considère cette milice comme une organisation « terroriste » et voit d’un mauvais oeil le projet d’autonomie à sa frontière, par crainte qu’un noyau d’Etat kurde ne galvanise les velléités séparatistes sur son propre sol. Deux précédentes offensives turques ont été menées en 2016 et 2018 dans le nord syrien, la première en 2016 visait l’EI et la deuxième, en 2018, les YPG. Dimanche, l’OSDH a indiqué que les forces kurdes ont creusé tranchées et tunnels en préparation d’une offensive turque dans les zones de Ras al-Aïn, Tal Abyad et Kobané.

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