Les Forces démocratiques alliées (ADF) ont opéré leur radicalisation islamiste sous l'égide de Daech à partir de 2017. © belga image

Comment répondre aux dangers de la racialisation?

Gérald Papy
Gérald Papy Rédacteur en chef adjoint

Les revendications identitaires qui agitent depuis quelques années le débat sur la vie en société étouffent la juriste Rachel Khan et la journaliste Sonia Mabrouk. Elles y apportent des réponses plus ou moins pertinentes.

La montée des revendications identitaires, symbolisée par l’émergence dans le langage courant de la qualité de « personne racisée », électrise les débats sur la vie en société. Deux femmes « racisées » qui se défendent de l’être, la juriste Rachel Khan et la journaliste Sonia Mabrouk, ont publié chacune un essai, l’un intitulé Racée (1), l’autre Insoumission française (2), pour dénoncer l’action de celles et ceux qui « sous couvert de lutte contre les discriminations croisées, […] cherchent à modeler une société mue par la différence raciale, qui s’avère être la principale source du racisme ».

L’esclavage comme la colonisation ne sont pas à la source de tous les maux. On peut aussi être esclave de soi-même et colonisateur de sa communauté.

« Un jour, on m’a dit que je ne méritais pas ma couleur, confie dans Racée Rachel Khan, femme, noire et juive. Qui dois-je être exactement? Ce qui est attendu de moi, c’est d’être racisée, afro-descendante, intersectionnelle, faisant partie d’une minorité, une proquota qui déteste les Souchiens. » Ce qualificatif utilisé par les indigénistes pour désigner les Français de souche fait partie des « mots qui séparent » dont celle qui est aussi scénariste, actrice et débatteuse sur LCI fustige l’usage abusif, aux côtés de racisé (« qui a pour but de séparer les Blancs des non-Blancs »), afro-descendant, intersectionnalité, minorité, quota ou cause. « Affirmer son appartenance à une minorité a vocation à se couper du reste de la population et d’en jouir », analyse Rachel Khan à propos des professionnels de la victimisation. « L’esclavage comme la colonisation ne sont pas à la source de tous les maux. On peut aussi être esclave de soi-même et colonisateur de sa communauté », enchérit-elle. Aux mots qui séparent, elle préfère donc les « mots qui réparent », intimité, silence, invisible, création, désir, créolisation, signature… Le terme « créolisation » est consacré par l’auteure comme l’antidote à la racialisation: « Nous devons avoir conscience de l’atout qu’est cette hybridation aujourd’hui, puisqu’il n’y a pas plus réparateur que d’avoir l’étranger en soi. »

C’est un propos plus politique que Sonia Mabrouk, pourtant journaliste, à CNews et à Europe 1, livre dans Insoumission française. Elle dresse le même constat que Rachel Khan sur les dangers des discours communautaristes. « Dans le monde merveilleux des nouveaux antiracistes, la race est statufiée », explique-t-elle, y voyant une volonté de dissoudre ce qui peut forger le bien commun dont se nourrit une nation. Pour elle, le principal danger provient de « l’islam politique conquérant ». Pourtant, bien qu’exhortant à la défense des valeurs typiquement françaises, ce n’est pas sur la laïcité qu’elle compte pour y faire obstacle mais tantôt sur une « chrétienté davantage affirmée », tantôt sur un retour du sacré, « à la condition que le sacré soit pensé indépendamment du religieux »… On s’y perd. Et on préfère à cette démarche vindicative la position plus sage et tout aussi ferme de Rachel Khan, pour laquelle, reprenant la formule de l’écrivain Romain Gary, « on est tous des additionnés ».

(1) Racée, par Rachel Khan, L’Observatoire, 160 p.

(2) Insoumission française, Décoloniaux, écologistes radicaux, islamo-compatibles: les véritables menaces, par Sonia Mabrouk, L’Observatoire, 128 p.

Comment répondre aux dangers de la racialisation?
Insoumission française, Décoloniaux, écologistes radicaux, islamo-compatibles: les véritables menaces, par Sonia Mabrouk, L'Observatoire, 128 p.
Insoumission française, Décoloniaux, écologistes radicaux, islamo-compatibles: les véritables menaces, par Sonia Mabrouk, L’Observatoire, 128 p.

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