Recep Tayyip Erdogan en Belgique, l'année dernière © REUTERS

Chantage, racket, dictature : la Turquie vertement critiquée par les eurodéputés

Le Vif

« Chantage », « dictateur », « racket »: les eurodéputés n’ont pas mâché leurs mots à l’égard de la Turquie et de son président Recep Tayyip Erdogan lors d’un premier débat sur une possible levée des visas des ressortissants turcs vers l’Europe, mercredi à Strasbourg.

Dans un hémicycle très remonté, la députée conservatrice Helga Stevens a dénoncé un « comportement irresponsable de la Commission européenne vis-à-vis d’un dictateur ». « Pourquoi l’Europe se laisse-t-elle faire? », s’est interrogée de son côté la centriste Sophia in’t Veld. « Parce que les dirigeants n’ont pas réussi à se mettre d’accord entre eux sur une politique commune en matière de réfugiés (…), ils préfèrent avoir des accords avec des dictateurs comme Erdogan », a-t-elle asséné.

Pour Marine Le Pen, chef de file de groupe Europe des nations et des libertés (ENF), « le président Erdogan ne fait que jouer avec les cartes que vous lui avez laissées », évoquant un « racket » et un « terrible chantage ».

Les deux principaux partis de l’hémicycle, le PPE (droite) et le S&D (socialistes), ont également fait part de leur réticence au projet de libéralisation de visas à l’égard d’Ankara, en l’état des choses.

La procédure ne doit être possible « que si tous les critères sont remplis », a estimé Mariya Gabriel, du PPE. « On ne peut pas voter pour la libéralisation avant que tous les critères soient remplis, avant le vote du Conseil », c’est-à-dire des Etats membres, a-t-elle argué, appelant à « prendre le temps de travailler sur les détails ».

« Il est important de coopérer avec la Turquie pour trouver une solution à la crise des réfugiés », a reconnu de son côté la socialiste Tanja Fajon. « Mais cela ne veut pas dire qu’on doit fermer les yeux sur tout ce que fait la Turquie », a-t-elle ajouté.

« Moi aussi je m’inquiète pour la liberté d’expression en Turquie », a répondu la ministre néerlandaise Jeanine Hennis-Plasschaert, dont le pays assume la présidence tournante du Conseil de l’UE. Estimant que la Turquie « mérite d’être soutenue » face au défi des trois millions de migrants réfugiés sur son territoire, elle a toutefois assuré que le pays « sera jugé sur ses mérites ».

Répondre aux critères de l’UE, plus politique que mathématique selon la Turquie

La Commission européenne a ouvert la voie le 4 mai à une exemption de visas pour la Turquie, dont Ankara a fait une condition pour continuer d’appliquer son accord migratoire controversé avec l’UE.

L’exécutif européen a toutefois assorti son avis favorable de réserves, estimant qu’Ankara devait encore remplir cinq critères parmi les 72 fixés pour l’obtenir, notamment une révision de sa législation antiterroriste. Les deux hommes n’ont pas caché leur désaccord à propos du processus de libéralisation des visas pour la Turquie, dont le Parlement européen a refusé de se saisir, estimant que les 72 critères prévus par la législation de l’UE n’ont pas encore été complétés par Ankara. « La Turquie a travaillé très dur, il ne s’agit pas d’une question mathématique sur le nombre de critères, mais d’une interprétation politique », a estimé M. Bozkir, Ministre turc des Affaires étrangères, déplorant le refus du Parlement européen de traiter le dossier pour l’instant.

Le ministre a également souligné qu’un changement de la loi antiterroriste de la Turquie, l’une des exigences européennes, était « complètement impossible », insistant sur le fait que son pays devait faire face au « terrorisme du PKK ».

Martin Schulz a reconnu qu’il s’agissait d’un moment particulièrement compliqué à gérer, mais s’est tout de même voulu optimiste. « Quand il y a des problèmes, il y a toujours des options pour trouver des solutions », a-t-il indiqué.

« Moi aussi je m’inquiète pour la liberté d’expression en Turquie », a répondu la ministre néerlandaise Jeanine Hennis-Plasschaert, dont le pays assume la présidence tournante du Conseil de l’UE. Estimant que la Turquie « mérite d’être soutenue » face au défi des trois millions de migrants réfugiés sur son territoire, elle a toutefois assuré que le pays « sera jugé sur ses mérites ».

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