Plus de 6.000 joueurs sont attendus dès le 9 juillet pour le Main Event des WSOP 2016 © REUTERS

Championnats du monde de Poker : « chacun a sa chance et peut connaître son jour de gloire »

Stagiaire Le Vif

 » Shuffle up and deal!  » ( » Mélangez et distribuez « ). Cette phrase résonne tel un leitmotiv, jour après jour, à Las Vegas depuis des décennies et cela est d’autant plus vrai au cours des mois de juin et juillet, à l’occasion des championnats du monde de poker, les WSOP (World Series Of Poker). Sans surprise, 2016 ne déroge pas à la règle puisque l’événement tant attendu de tous les joueurs de poker revient pour une 47e année consécutive à Sin City.

Année après année, les championnats du monde de poker réunissent des dizaines de milliers de joueurs venus des quatre coins de la planète. C’est la fête et le rendez-vous annuel du poker international, coché dans l’agenda de tout joueur en quête d’émotion, d’argent et de gloire.

Du 31 mai au 12 juillet, amateurs comme professionnels aguerris feront voler les jetons dans un tourbillon de quintes et brelans, enchaînant les bluffs réussis et coups de maitre (du moins c’est ce qu’ils espèrent) au cours des 69 tournois proposés lors du festival.

Mais, comme chaque année, le point d’orgue de ces WSOP, le tournoi que tous ont en ligne de mire, sera le Main Event, qui désignera le champion du monde 2016. Pas le tournoi le plus cher (le droit d’entrée est de 10.000 dollars alors que d’autres tournois tournent aux alentours des 50.000, 100.000, et même du million de dollars), ni le plus difficile (la proportion de joueurs amateurs y reste très importante), il n’en reste pas moins le plus prestigieux, celui qui permettra à son vainqueur de rentrer dans la postérité.

Ayant vu le jour en 1970, une époque où le vainqueur était élu par vote, le tournoi a grandi d’année en année, passant petit à petit d’une dizaine de joueurs à plusieurs centaines jusqu’au boom de 2003. Un boom créé par Chris Moneymaker (le hasard fait bien les choses), un joueur amateur, qui remporta le titre et deux millions et demi de dollars après s’être qualifié sur un tournoi en ligne à 39 dollars seulement. Il n’en fallait pas plus pour laisser miroiter aux joueurs amateurs, même les plus novices, un destin similaire. Depuis lors, le tournoi phare des WSOP accueille en moyenne plus de 6.000 joueurs, le record établi en 2006 de 8.773 compétiteurs étant toujours d’actualité.

2015 : une année record, preuve que le poker se porte toujours bien

Ces dernières années, alors que certains éléments pouvaient laisser à penser que le poker était sur le déclin – preuves à l’appui : le contrat non renouvelé de plusieurs grands joueurs par leurs sponsors, la baisse du trafic sur les sites en ligne ou encore la fermeture des sites de poker aux États-Unis en 2011 — les WSOP 2015 ont démontré que la discipline avait encore de beaux jours devant elle.

Ainsi, la précédente édition a battu plusieurs records, parmi lesquels le nombre total d’entrants : 103.512. Un nombre en partie atteint grâce à l’apparition d’un petit nouveau, le Colossus. Grâce à un prix d’entrée inédit (565 dollars, c’est la première fois qu’un tournoi WSOP coutait moins de 1000 dollars), l’affluence en tournoi live avait été pulvérisée ; plus de 22.300 joueurs étaient venus tenter leur chance. Mais il n’y pas qu’aux États-Unis que le poker continue de séduire. En Europe, l’affluence de l’European Poker Tour (le circuit de poker le plus important d’Europe) continue d’attirer les foules, et a même adopté Malte comme nouvelle destination phare du circuit. Cette saison fut aussi celle d’un record, à Barcelone qui a accueilli 1.694 joueurs pour son Main Event.

Et la Belgique dans tout ça ?

Comme chaque année, les joueurs belges devraient être au rendez-vous. Même si ils font moins parler que d’autres joueurs européens comme les Allemands, Français ou encore Anglais, les Belges ne déméritent pas pour autant. Le pays plat se classe d’ailleurs aux 11è rangs des pays avec le plus de bracelets (5) – récompenses obtenues suite à une victoire dans un tournoi WSOP-, tous obtenus grâce à deux joueurs : Davidi Kitai, surnommé le « génie » dans le monde du poker francophone et qui a déjà récolté trois bracelets depuis 2008, et Michael Gathy et ses deux titres.

Les deux joueurs seront très attendus et essaieront de ramener un nouveau titre à la Belgique. Il faudra aussi compter sur Pierre Neuville qui s’était illustré l’an dernier en terminant 7è du Main Event (sur 6420 joueurs), devenant par la même occasion le plus vieux joueur à atteindre la table finale du plus grand tournoi au monde (72 ans).

Pour le reste, comme le rappelle Stéphane Allard, blogeur pokeristique qui participa à des tournois sous les couleurs de GoldenPalace lors de leurs débuts sur la scène belge, «  chacun a sa chance et peut connaître son jour de gloire « . Outre les noms cités précédemment, il ajoute parmi ses favoris, « Walter Buss, un joueur expérimenté qui est en plein essor. Il y a aussi Kenny Hallaert qui connait très bien les WSOP et il pourrait également décrocher un titre. Il est d’ailleurs rentré six fois dans l’argent en 2015 « .

D’autres joueurs, plus jeunes mais, au style de jeu plus agressif pourraient, selon lui, se distinguer tels que Jonathan Abdellatif ou encore Bart Lybaert. Pour Leandro Gaone, l’un des dirigeants de l’ASBL Poker Belgique qui propose des tournois à prix démocratiques en collaboration avec le casino de Namur, « il est difficile de nommer un joueur favoris pour l’instant (à part les joueurs déjà cités). Il n’y a pas eu de grandes performances ces derniers temps. Après, il y a toujours des surprises et si je devais mettre une pièce sur un joueur, je dirais Éric Lescot qui a notamment fait trois tables finales dans des tournois annexes à l’EPT Monte-Carlo« . Le joueur a aussi la faveur de Stéphane Allard, mais sa participation aux championnats du monde n’est pas encore assurée.

Les joueurs au rendez-vous

Ces possibles futures performances pourraient donner envie à de nouvelles personnes de se lancer dans le poker et en conforter d’autres qui font déjà du poker un hobby et un loisir. Car, même si les joueurs de poker professionnels sont peu nombreux en Belgique, il existe un véritable engouement dans la sphère amateur, et ce depuis plusieurs années. Une spirale positive qui se concrétise surtout au niveau des tournois live, comme le confirme Stéphane Allard : «  En ce qui concerne le live, l’offre en tournoi s’est améliorée. Même si certains casinos ont jeté le gant (Ostende, Chaudfontaine), d’autres comme Namur, Spa et Bruxelles proposent de nombreux tournois d’envergure nationale ou internationale. Dans ce domaine, le casino de Namur sort du lot en ayant vite compris l’intérêt de s’associer avec des clubs amateurs. L’offre de jeu y est pléthorique« .

Des clubs amateurs et associatifs comme Poker Belgique qui propose dans les salles du casino namurois des tournois entre 20 et 100€. Ces tournois séduisent toujours plus de monde : « L’affluence des tournois de Poker Belgique augmente chaque année de 10 %. En moyenne, on a 1.600 joueurs uniques qui viennent chaque mois, sans compter les grands festivals organisés durant l’année« , confirme Leandro Gaone.

Le Casino de Namur
Le Casino de Namur© BELGA

Le poker en Belgique continue donc de croitre à son rythme, mais certaines mesures pourraient assombrir son futur. « Il est difficile de prévoir comment le poker en Belgique va évoluer. Cela dépend surtout de la commission des jeux. Il faut aussi voir si la taxe sur la TVA souhaitée par le gouvernement passe. Si oui, les casinos ne seront plus rentables et intéressés de proposer du poker. C’est dommage, car le poker en Belgique se porte bien comme le prouve les championnats de Belgique à Namur ou le WPTn à Bruxelles« , ajoute le fondateur de Poker Belgique. Une potentielle mauvaise nouvelle pour le poker belge surtout quand on sait que de plus en plus de joueurs online se tournent vers le live ces dernières années.

« Las Vegas et les WSOP : la Mecque du poker »

Mais pour le moment, l’heure est plutôt aux préparatifs. Que ce soit pour Leandro Gaone ou Stéphane Allard, Las Vegas sera une partie intégrante de leur été. Ce dernier est d’ailleurs unanime : « Las Vegas représente le rêve ultime pour les amateurs de poker et la période des WSOP est la cerise sur le gâteau. L’offre pour les tournois est immense et variée« .

Le joueur amateur y retourne cette année pour la troisième fois, et participera à un tournoi des championnats du monde grâce à une qualification acquise en ligne. Il croisera peut-être sur sa route Leandro, qui défendra lui aussi les couleurs belges pendant trois semaines. « C’est la Mecque du poker. Il faut y aller au moins une fois dans sa vie si on aime le poker. Il y a des tournois, des affluence que l’on ne voit que là-bas« , ajoute-t-il. L’ASBL Poker Belgique aura aussi permis à un joueur de remporter un package de 4000€ pour disputer un tournoi des WSOP, pour un investissement initial de seulement 100€. Il ne reste plus qu’à les faire fructifier dans la ville du péché.

2016 : Quoi de neuf pour ces WSOP ?

Cette année, il y en aura une nouvelle fois pour tous les goûts. Que ce soit au niveau du buy-in, des structures ou des variantes, la variété est une nouvelle fois de mise. Après le succès sans précédent du Colossus l’année passée, les organisateurs ont, sans surprise, décidé de renouveler le tournoi, qui s’intitule cette année Colossus II. Un pseudo Colossus en Pot-Limit Omaha (variante où les joueurs reçoivent quatre cartes au début de chaque coup) verra aussi le jour. Il s’agira du tournoi le moins cher jamais organisé aux WSOP dans cette variante.

Une autre nouveauté est l’apparition d’un tournoi par équipe. Composées de deux à quatre joueurs, les équipes devront débourser 1.000 dollars au total. En définitive, un joueur pourrait n’avoir à payer que 250 dollars pour y participer. Un prix qui va dans la continuité de ce que souhaitent les organisateurs des WSOP, à savoir, ouvrir les championnats du monde au plus de joueurs possible. Grégory Chochon, directeur des WSOP, avait déclaré aux micros du RMC Poker Show, « à l’instar de la Ryder Cup ou de la Coupe Davis, c’est une bonne idée de transformer un jeu individuel en une compétition collective« . Histoire d’offrir de nouvelles opportunités aux joueurs.

À noter aussi, un tournoi intitulé Summer Solstice, le 20 juin, pour fêter l’arrivée de l’été, qui offrira une structure plus profonde. Enfin, à un niveau plus général, tous les tournois à 10.000 dollars offriront aux joueurs un tapis de départ plus conséquent : 50.000 jetons contre 30.000 précédemment. L’échelle des paiements sera elle aussi modifiée puisque 15 % des joueurs seront récompensés et rentreront dans l’argent contre 10 % auparavant.

Par François Cahour

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