Richard Malka.

« Cela fait vingt ans que l’on achète la paix sociale avec des accusations d’islamophobie »

Olivier Mouton
Olivier Mouton Journaliste

Richard Malka, avocat de Charlie Hebdo et de la jeune Mila, crève l’écran en dénonçant le silence coupable ayant conduit à l’assassinat barbare de l’enseignant Samuel Paty.

Son visage crève l’écran depuis l’assassinat barbare du professeur Samuel Paty, en France, décapité parce qu’il enseignait la liberté d’expression en montrant les caricatures de Charlie Hebdo. Richard Malka, avocat de l’hebdomadaire satirique mais aussi de la jeune Mila, menacée de mort,a un petit air de notre Sven Mary national, il défend à tort et à travers le « droit au blasphème » et s’en prend frontalement à ceux qui ont permis l’innommable par leur silence ou en fustigeant l’islamophobie.

Plusieurs sorties médiatiques de cet avocat tournent en boucle sur les réseaux. Ses déclarations résonnent en France, bien sûr, où le président Emmanuel Macron et son gouvernement ont affirmé que « la peur devait changer de camp », mais aussi chez nous où les attentats de Bruxelles et les filières terroristes restent dans toutes les mémoires.

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Interrogé sur la complaisance de certains à l’égard de l’islamisme radical, Richard Malka fustige un article de Mediapart sur l’exécution sommaire de l’assaillant du professeur ou une émission de Cyril Hanouna réhabilitant un rappeur antisémite, mais estimant que la jeune Mila a été trop loin. « Concernant les caricatures qui ont été montrées par le malheureux Samuel Paty, poursuit-il, j’étais en train de travailler dessus pour ma plaidoirie pour le procès Charlie quand l’assassinat a été réalisé. Moi, il se trouve que j’ai des réactions parce que cela fait quinze ans ou vingt ans que je mène ce combat. J’ai les réactions de nos politiques à l’époque, en 2012, ce n’était pas les mêmes qu’aujourd’hui.« 

Il faut recontextualiser les caricatures du prophète publiées par Charlie Hebdo insiste-t-il d’abord. « Ces publications n’étaient pas gratuites. La mission de Samuel Paty, c’était de transmettre de la connaissance. Qu’est-ce qui s’est passé pour que ce numéro de Charlie Hebdo soit publié ? Il y avait eu un film, un navet, qui avait été tourné aux Etats-Unis sur la vie du prophète Mahomet. Passons… Il se fait que ce film qui a été vu par quinze personnes a enflammé le monde musulman, faisant trente morts. Cela a fait des titres dans les journaux du monde entier. Charlie Hebdo a traité cette actualité en faisant des parodies d’affiches de cinéma et de l’actualité comme ils le font toutes les semaines ».

Polémique mondiale à la clé. Richard Malka cite une litanie de propos de responsables politiques de l’époque estimant qu’il s’agit d’une « provocation inutile », que l’on « jette de l’huile sur le feu » et appelant au sens des responsabilités de chacun. Parmi les auteurs de ces citations, le Premier ministre de l’époque Jean-Marc Ayrault (PS), son collègue Laurent Fabius, les républicains Brie Hortefeux et Jean-François Copé ou l’écologiste Daniel Cohn-Bendit…

« En réalité, conclut-il, cela fait vingt ans que l’on achète la paix sociale, que l’on achète des votes, que l’on achète sa bonne conscience par le silence et par des accusations d’islamophobie. Et par une victimisation et une culpabilisation permanente, par l’utilisation de cette rhétorique de l’humiliation qui rend fou et qui programme ces tueurs. »

Des propos forts. Frédéric Cauderlier, ancien porte-parole de Charles Michel lorsqu’il était Premier ministre, souligne: « Tout est dit ». Benoît Piedboeuf, chef de groupe libéral à la Chambre, appuie: « En effet et c’est pareil ailleurs ».

« Né en 68, Richard Malka est d’une génération qui entretient avec la religion, un rapport détaché, décomplexé, pouvait-on lire en 2013 dans un portrait signé Libération. Malka tient à l’exception laïque française. Il aurait voté la loi sur la burqa, hésite à légiférer sur le voile à l’université.  » Le portrait mettait aussi en exergue son côté controversé comme lorsqu’il défend les frasques de DSK ou Clearstream contre le journaliste Denis Robert. Un Sven Mary à la belge, dont les propos, en ces heures graves, portent pourtant par-delà le silence.

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