Jordi Sanchez et Pere Aragones.

Catalogne: les indépendantistes trouvent, enfin, un accord de gouvernement

Stagiaire Le Vif

Ce Lundi 17 mai, trois mois après les dernières élections régionales, les deux partis indépendantistes de Catalogne ont réussi à sortir de l’impasse.

La nouvelle a été officialisé ce lundi: après plus de trois mois de négociations infructueuses entre les partis indépendantistes, la Catalogne semble finalement sortir de l’impasse. La Gauche républicaine de Catalogne (ERC) est arrivée à un accord visant à former un gouvernement de coalition avec le parti séparatiste de droite Junts (Ensemble pour la Catalogne) représenté par Jordi Sanchèz.

Nouveau gouvernement

Lors de la conférence de presse de présentation de cet accord, Pere Aragonès et Jordi Sanchèzont présenté leurs excuses auxélecteurs: « Nous avons beaucoup trop tardé ». Il ne restait en effet que neuf jours avant la date limite d’investiture, moment où de nouvelles élections régionales auraient été inéluctables. Les deux formations indépendantistes ont conclu un principe d’accord pour investir le candidat républicain, Pere Aragonès, comme président de la Generalitat.

L’objectif de cet accord « n’est autre que de servir le pays et son peuple de la meilleure façon possible, de gouverner pour tous et en même temps d’avancer vers l’objectif commun de l’indépendance de la République catalane », explique Pere Aragonès, avant d’ajouter: « travailler ensemble est la meilleure manière de faire avancer notre pays, résoudre les conflits politiques actuels civilement, et pacifiquement (…) et aller vers l’autodétermination de notre pays ». Les quatorze conseillers de la nouvelle coalition se partageront égalitairement les seize ministères de la Generalitat.

« Un chemin vers l’indépendance »

Les deux formations politiques qui composent cette coalitionont déjà travaillé ensemble en 2015, faisant partie de « Junts pel si » (« ensemble pour le oui »), ancienne coalition politique indépendantiste catalane.Elles avaient oeuvré ensemble au référendum du 1er octobre 2017 pour l’indépendance de cette région autonome espagnole, suite auquel la Catalogne avait unilatéralement décrété son indépendance, provoquant les foudres de Madrid.

Depuis, les tensions ont été récurrentes entre les deux partis, dont les principaux responsables ont été emprisonnés ou ont pris le chemin de l’exil. Lors des élections régionales du 14 février dernier, l’ERC était arrivé légèrement en tête, devant Junts, inversant le rapport de forces qui prévalait jusque-là.

Le 8 mai de cette année, l’ERC avait annoncé rompre toutes discussions avec Junts per Catalunya. Au coeur du désaccord : le rôle qu’entendait jouer le « Conseil pour la République catalane ».Cette association a été créée par et pour CarlesPuigdemont,l’ancien président catalan lors de la déclaration d’indépendance désormais en exil en Belgique, afin de représenter les intérêts indépendantistes à l’étranger et influencer le processus indépendantiste en Catalogne.Il s’agit, selon ses détracteurs, d’unesorte dedeuxièmegouvernement catalan dirigé par Carles Puigdemont, depuis sa résidence de Waterloo.

De plus, les deux partis, ERC et Junts, ont des projets différents concernant la stratégie indépendantiste et divergent sur les relations avec Madrid. La principale divergence porte sur la stratégie de l’ERC, qui prône le dialogue avec le gouvernement du Premier ministre Pedro Sánchez, à qui il apporte son soutien de l’extérieur au Parlement national, alors que Junts refuse la négociation avec le pouvoir central.

La conférence de presse de présentation de l’accord de gouvernement, ce lundi, a été marquée par une forte volonté de construire « un chemin solide vers l’indépendance de la République catalane », et ce, dans une « confiance et loyauté mutuelle ». Si les deux partis semblent réconciliés, et bien décidés de reprendre les discussions concernant l’indépendance, il reste à voir si le nouveau gouvernement de la Generalitat de Catalogne va pouvoir trouver un terrain d’entente avec le gouvernement central de Madrid, d’ici les mois à venir. L’organisation d’un nouveau référendum, cette fois-ci, légal et reconnu par l’État espagnol, est l’une des revendications principales des partis indépendantistes.

Lina Bouzekri

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