Theresa May. © REUTERS

Brexit: une « intervention importante » de May pourrait retarder les négociations

Olivia Lepropre
Olivia Lepropre Journaliste au Vif

Selon Guy Verhofstadt, la Première ministre britannique s’apprête à faire un discours qui pourrait bien gêner les négociations du Brexit.

Selon Guy Verhofstadt, coordinateur du Brexit pour le Parlement européen, une prochaine allocution de Theresa May pourrait bien changer le cours du Brexit, rapporte The Guardian. Il prédit que la Première ministre britannique fera une « intervention importante » au cours du mois de septembre, ce qui pourrait retarder la prochaine salve de négociations sur le divorce entre le Royaume-Uni et l’Union européenne.

Définir la relation Royaume-Uni – UE

Les commentaires de l’ancien Premier ministre belge surviennent alors que Theresa May doit faire un discours sur le Brexit avant la conférence du Parti conservateur, au mois d’octobre. Guy Verhofstadt s’explique : « Apparemment, il va y avoir une intervention importante de la Première ministre dans les prochains jours, c’est prévu pour le 21 septembre ». La quatrième partie des négociations en vue du Brexit pourraient en être repoussées car elles sont supposées commencer le 18 septembre prochain. Concernant les négociations en tant que telles, Verhofstadt affirme qu’il n’y a « aucun progrès sur le règlement financier » et, « plus inquiétant », que le Royaume-Uni conteste les arguments juridiques de l’UE.

Inquiétudes sur la position britannique

Guy Verhofstadt
Guy Verhofstadt © ISOPIX

Guy Verhofstadt a fait part lundi soir en commission des Affaires constitutionnelles de son inquiétude quant à la position britannique sur la facture de son divorce avec l’UE. Il a souligné l’importance que Londres se conforme aux engagements financiers qu’elle a pris précédemment. Le montant de cette facture de sortie est l’un des sujets les plus épineux des tractations entre Européens et Britanniques. Aucun chiffre officiel n’a été publié, mais des sources européennes font état d’une addition comprise entre 60 et 100 milliards d’euros.

L’ancien Premier ministre belge trouve que les négociations récemment menées ont permis de réaliser des progrès limités. Il a reconnu des évolutions positives dans le domaine de la préservation des droits des citoyens, notamment sur les soins de santé, la coordination en matière de sécurité sociale et les travailleurs frontaliers. Il estime toutefois que la proposition du gouvernement britannique d’offrir aux citoyens de l’UE un « statut de résident permanent » est inacceptable et causerait une surcharge administrative considérable pour de nombreuses personnes. (avec Belga)

Selon une source proche du gouvernement britannique, le plan du discours évoqué par Guy Verhofstadt n’a pas encore été finalisé. Ce dernier minimise la possibilité qu’il contienne des éléments susceptibles de provoquer une suspension des négociations. « Vous pouvez vous attendre à ce que la Première ministre veuille définir ce que nous recherchons dans la relation avec l’UE. Mais aucune date ou lieu précis n’ont encore été fixés pour un discours et nous sommes impatients de poursuivre les négociations. Nous pensons que c’est de l’intérêt de tous », ajoute cette source.

Tensions avant la reprise des négociations

De son côté, Downing Street ne souhaite pas commenter ses rumeurs et assure vouloir continuer les négociations concernant le Brexit aussi vite que possible : « Nous sommes prêts à intensifier les négociations. Rien n’a formellement été accepté, mais c’est quelque chose dont nous pouvons discuter. » Dans le même temps, la Première ministre doit tenter de rassembler son camp en vue des votes à la Chambre des communes, notamment sur les législations liées au Brexit. Les Tories ayant une courte majorité, il se pourrait que quelques conservateurs pro-UE et les défenseurs d’un « soft Brexit » lui mettent des bâtons dans les roues.

Jean-Claude Juncker, Michel Barnier et Martin Selmayr.
Jean-Claude Juncker, Michel Barnier et Martin Selmayr.© ISOPIX

La relation tendue entre les deux parties ne risque pas de s’apaiser, surtout après la récente sortie médiatique de Martin Selmayr, le chef de cabinet de Jean-Claude Juncker. « Le Brexit est une mauvaise chose et une décision stupide. Les seules personnes qui peuvent l’inverser sont les Britanniques, mais je ne suis pas un rêveur, je suis réaliste. Le Brexit aura lieu le 29 mars 2019 », a-t-il lancé lors d’une conférence à Bruxelles. Il a cependant ajouté que la porte de l’Union européenne restait ouverte à « tous nos amis britanniques » après le Brexit.

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