Brésil: les hommes forts d’un éventuel gouvernement Bolsonaro

Le Vif

Des généraux à des postes-clé et un « Chicago Boy » ultra-libéral à l’économie: s’il est élu président du Brésil, le candidat d’extrême droite Jair Bolsonaro formera un gouvernement atypique avec des hommes pour la plupart dénués d’expérience politique et aux personnalités clivantes.

Grand favori du second tour de dimanche, l’ex-capitaine de l’armée veut réduire de moitié le nombre du ministères, de 29 à 15, et surtout ne plus attribuer les postes selon l’appartenance à des partis pour former une coalition.

« Il veut réinventer la façon de gouverner en mettant fin au présidentialisme de coalition. Ce sera son plus grand défi », affirme Marcos Coimbra, spécialiste en stratégie politique à l’université Mackenzie de Brasilia.

Le président du parti de Bolsonaro (le Parti social libéral), Gustavo Bebianno, par ailleurs pressenti ministre de la Justice, a révélé au journal O Globo que le gouvernement comporterait « quatre ou cinq généraux ».

« En promettant des généraux au gouvernement, il tente de donner une image de retour à l’ordre, mais beaucoup des hommes pressentis n’ont pas la moindre expérience politique. On peut s’attendre à des difficultés de dialogue avec le Parlement », estime Geraldo Monteiro, politologue à l’Université de l’Etat de Rio de Janeiro.

Voici les principaux noms pressentis dans un éventuel gouvernement Bolsonaro.

Paulo Guedes, le gourou économique

Paulo Guedes
Paulo Guedes © REUTERS

Il est la caution ultra-libérale apportée par Bolsonaro pour gagner la confiance des marchés. Ce dernier avoue ne « rien comprendre » à l’économie, mais assure que son gourou Paulo Guedes aura réponse à tout.

Cet économiste de 69 ans a soutenu sa thèse à l’Université de Chicago, berceau du libéralisme économique moderne.

Dans un gouvernement Bolsonaro, il serait un « super-ministre » de l’Economie qui pourrait avoir sous sa houlette les actuels ministères des Finances, de l’Industrie, du Commerce, du Plan et le secrétariat d’Etat chargé des Investissements publics.

Son crédo: privatiser à tour de bras pour réduire la dette.

Onyx Lorenzoni, le chef d’orchestre

Onyx Lorenzoni
Onyx Lorenzoni© REUTERS

C’est avec lui que Jair Bolsonaro compte compenser le manque d’expérience d’autres ministres dans les méandres tumultueux de la politique brésilienne. Le poste de ministre de la Maison Civile, à mi-chemin entre Premier ministre et chef de cabinet, lui est vraisemblablement promis.

« Il a une grande expérience au Parlement, il sait comment il fonctionne », assure Marcio Coimbra.

Parlementaire depuis plus de 20 ans, d’abord à l’assemblée d’Etat de Rio Grande du Sud (1995-2002) puis à la chambre nationale des députés, Onyx Lorenzoni, 64 ans, est l’éminence grise de la campagne de Bolsonaro.

Membre du parti de droite DEM, il s’est illustré ces dernières années à la chambre pour avoir été rapporteur d’un projet de loi anticorruption.

Augusto Heleno, le modèle

Augusto Heleno Pereira, à droite,
Augusto Heleno Pereira, à droite, © REUTERS

Jair Bolsonaro voue une grande admiration à ce général qui a été son instructeur à l’académie militaire, dans les années 70. Le ministère de la Défense lui est promis.

Premier commandant en chef de la mission de l’ONU en Haïti, Augusto Heleno Ribeiro Pereira, 70 ans, était pressenti pour composer le ticket présidentiel, mais son parti, le PRP, n’a pas accepté sa nomination.

Dans un entretien au journal Estado de S. Paulo en avril 2017, Bolsonaro a affirmé que le général pourrait occuper « le poste qu’il veut » dans son gouvernement et qu’il aurait aimé « être ministre sous sa présidence ».

Oswaldo Ferreira, M. Environnement

Ancien chef du département de génie et construction de l’armée, le général Oswaldo Ferreira, 64 ans, est pressenti au ministère des Transports.

C’est lui qui a défini le programme de gouvernement de Jair Bolsonaro en termes d’infrastructures et d’environnement.

Dans un entretien récent à l’Estado de S. Paulo, il a affirmé qu’à l’époque où il construisait des routes, dans les années 70, « il n’y avait pas le Parquet ni (l’agence environnementale) Ibama pour embêter le monde ».

Marcos Pontes, l’astronaute

Marcos Pontes, premier astronaute brésilien, ici en 2006
Marcos Pontes, premier astronaute brésilien, ici en 2006 © AFP

Pilote de chasse et astronaute, il est le premier Brésilien à être allé dans l’espace, en 2006, à bord d’une fusée Soyouz qui l’a amené à la Station spatiale internationale (ISS), où il a passé une semaine.

Considéré comme un héros national, l’astronaute pourrait devenir à 55 ans ministre des Sciences dans un gouvernement Bolsonaro.

« Je crois que peu de gens peuvent dire qu’ils risquent la vie pour leur pays et moi je l’ai fait, aussi bien à bord de fusées que d’avions de chasse », a-t-il affirmé en juillet au journal Folha de S. Paulo.

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