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Brel, Hergé et Annie Cordy entrent dans le Dictionnaire des étrangers qui ont fait la France

Le Vif

Quel est le point commun entre l’écrivain Apollinaire, la maison Hermès, le philosophe Bergson ou encore les Belges Hergé, Jacques Brel ou Annie Cordy ? Ils figurent dans un Dictionnaire des étrangers qui ont fait la France, composé après moult « débats » sous la direction de l’historien Pascal Ory.

« S’interroger sur l’identité nationale, c’est bon pour tout le monde, à condition d’éviter toute diabolisation », explique ce professeur d’histoire à la Sorbonne. « La France est un grand pays d’immigration. Mais contrairement aux Etats-Unis, notre mythe national met plutôt l’accent sur l’unité de la Nation », ce qui contribue parfois à occulter l’apport des étrangers, poursuit-il. Le dictionnaire « rappelle une évidence »: « tous les aspects de notre vie politique, économique, culturelle sont irrigués par l’immigration ».

Mais une fois ce constat posé, il restait le plus dur à faire: « choisir » les communautés ou les individus dignes de figurer dans cet opus, qui commence en 1789 avec la proclamation de la « Nation française ».

Avec la soixantaine d’auteurs des notices, « nous avons passé notre temps à discuter où faire passer la frontière », raconte M. Ory. Pour distinguer les étrangers, les auteurs se sont entendus sur un critère juridique: être né sous statut étranger.

Les Belges et les Suisses francophones, comme Hergé, Jacques Brel ou Annie Cordy, figurent ainsi dans le dictionnaire « même si ça peut paraître absurde d’intégrer des gens tellement proches culturellement ». A l’inverse, exit les bi-nationaux (Marguerite Yourcenar), lesdescendants d’immigrés (Zinedine Zidane) ou les natifs d’anciennes colonies (Léopold Sédar Senghor).

Les auteurs ont également dû répondre à la question: « Qu’est-ce que faire la France ? ». « On a plutôt privilégié le choix de la langue et de la culture française à la notion de territoire », explique M. Ory.

Tous les secteurs sont pris en compte: les arts (le peintre Pablo Picasso ou le musicien Frédéric Chopin), l’entreprise (Marcel Bich, le père des stylos Bic, ou le PDG de Renault Carlos Ghosn), le sport (le premier vainqueur du Tour de France Maurice Garin ou le footballeur Basile Boli), etc.

Au côté des 1.112 notices individuelles, des notices collectives mentionnent les foules d’anonymes. On y découvre le rôle des ingénieurs britanniques au début de l’industrialisation, des manouches dans la diffusion du cinématographe, ou des dockers sénégalais à Marseille après la Seconde guerre mondiale.

De cette galerie de portraits ressortent deux constats. D’une part, « la France a été et reste un pays très attractif pour des raisons économiques, mais aussi parce qu’elle offre un refuge en terme de liberté », souligne M. Ory. « Elle attire aussi les artistes parce qu’elle passe pour un pays accordant une grande importance à la culture ».

D’autre part, « si la plupart des étrangers ont été mal accueillis. A l’échelle historique, c’est l’intégration qui l’emporte. »

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