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Babylone 2.0 : quand des hommes s’échangent des photos de leurs conquêtes à leur insu

Le Vif

Envoyer un selfie dénudé à votre amoureux est devenu une pratique courante pour la nouvelle génération. Mais les risques sont réels: plusieurs groupes Facebook viennent d’être mis à jour. Sur ceux-ci, plus de 50.000 hommes s’échangent des photos de leurs conquêtes à leur insu.

Babylone 2.0 et Garde Ta Pêche sont deux groupes Facebook sur lesquels 50.000 hommes se targuent de poster les photos de leurs conquêtes, dénudées ou presque, pendant l’acte ou juste après… Voilà l’information qui a secoué le petit monde du web ce matin. C’est pour le moins misogyne, voire tout simplement abject. Les femmes y sont traitées comme une liste d’expériences que l’on doit aligner, preuves photographiques à l’appui. La pratique n’est pas neuve et les groupes du même acabit ( sur WhatsApp ou autres) n’ont pas attendu hier pour permettre aux hommes de se gausser de leurs conquêtes…

Mais ce qui choque ici est multiple. Le nombre d’abord de 50.000 hommes, ce qui équivaut à rendre ces photos publiques malgré qu’elles soient dans un groupé privé ou secret. Le non-respect du droit à l’image et à la vie privée aussi. Car les membres de ces groupes ne possèdent pas le consentement des femmes prises en photo. La lenteur de réaction de Facebook qui laisse souvent traîner les signalisations. Les propos misogynes, ensuite, considérant leurs conquêtes comme du bétail… Le risque de harcèlement aussi. Des jeunes filles voyant leur réputation ternie et exposée à l’opprobre public. Ou encore ces femmes, dont les photos, circulent parmi leurs collègues, et qui ne seront plus jamais prises au sérieux ou promues…

Mais plus que tout cela, c’est la constatation que les lois ne semblent plus en phase pour arrêter les dérives d’internet. Que pourraient espérer ces femmes? Quelques euros de dommages symboliques? Comment chiffrer les dégâts? Comment les prouver? Il manque des amendes automatiques et des dispositions au pénal…

Sans compter qu’en 2017, la sexualité féminine est encore vue comme honteuse. Ces groupes, c’est du « slut-shaming » puissance 10 000. Là où les hommes se perçoivent comme des chasseurs, les femmes restent encore les victimes dont on abuse. Alors, « propos de vestiaires » qui ne portent pas à conséquence, comme le soutient le futur président des Etats-Unis? Ou véritable violation des droits de la femme?

Une chose est certaine, il est grand temps de s’éduquer aux dérives du web: faire passer le message que dégrader des personnes n’est pas un comportement acceptable, et se souvenir que lorsqu’on envoie un selfie dénudé, on sait d’où il part mais certainement pas où il termine son parcours…

Valerie Sohie

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