Ilham Aliev, Président de la République d'Azerbaïdjan. © Belga

Azerbaïdjan : début du procès d’une journaliste connue pour ses enquêtes sur la corruption

La journaliste indépendante Khadija Ismaïlova, connue pour ses enquêtes sur la corruption du régime azerbaïdjanais, a comparu vendredi à l’ouverture de son procès qu’elle estime orchestré par le pouvoir.

« Je suis persécutée parce que j’ai révélé la corruption au sein de la famille (du président Ilham) Aliev », a-t-elle déclaré au tribunal, ajoutant que les chefs d’accusation -elle est notamment poursuivie pour évasion fiscale- retenus contre elle étaient « falsifiés et fondés sur des mobiles politiques ».

En détention depuis décembre, cette journaliste azerbaïdjanaise, qui travaille pour la radio Azadliq, risque jusqu’à 12 ans de prison.

« Aucune accusation n’est fondée », a renchéri son avocat Fariz Namazly, dans un entretien avec l’AFP. « C’est un procès monté de toutes pièces ».

De nombreux policiers, déployés autour du tribunal, empêchaient les journalistes et les diplomates étrangers d’assister au procès, repoussant également des dizaines de personnes présentes pour soutenir Khadija Ismaïlova, rédactrice en chef de 2008 à 2010 du bureau local du réseau et média financé par les Etats-Unis Radio Free Europe/Radio Liberty (RFE/RL).

Elle est aussi accusée d’avoir poussé un collègue à se suicider. Ce dernier, Toural Moustafaïev, ancien journaliste à RFE/RL, avait tenté de mettre fin à ses jours en septembre, en raison, avait-il dit, de son licenciement plusieurs années auparavant par Khadija Ismaïlova.

Mais vendredi, pendant l’audience, M. Moustafaïev a annoncé avoir menti sous la pression des autorités.

Toute contestation publique du régime du président Aliev, 53 ans, réélu en 2013 pour un troisième mandat consécutif, provoque aussitôt, selon les associations de défense des droits de l’homme, une réaction sévère des autorités.

L’arrestation en décembre de Mme Ismaïlova, qualifiée par l’ONG Amnesty International de « prisonnière d’opinion », avait été vivement dénoncée par des organisations internationales et les défenseurs des droits de l’Homme.

« Je m’attends à un verdict sévère », avait-elle confié à l’AFP au téléphone en juin, tandis qu’elle entamait son sixième mois de détention. « Ils me voleront 10 ans de ma vie, mais je n’ai pas peur ».

Mardi, l’avocat et défenseur des droits de l’homme Intigam Aliev a vu sa condamnation à sept ans et demi de prison pour évasion fiscale confirmée par un tribunal, au terme d’un procès que ses soutiens estiment manipulé par le pouvoir dans ce pays très riche en hydrocarbures.

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