Manifestation pro-avortement aux Etats-Unis. © Reuters

Avortement : où est-il encore interdit (carte)

Marie Gathon
Marie Gathon Journaliste Levif.be

Le droit à l’avortement est limité dans deux tiers des pays du monde. Chaque année, 25 millions d’avortements sont ainsi pratiqués dans la clandestinité au péril de la vie des femmes, selon les chiffres de l’OMS.

Alors que plusieurs États américains viennent de voter une loi restrictive sur l’avortement, les mouvements féministes s’inquiètent de ces retours en arrière sur le droit à l’avortement qui est loin d’être acquis à travers le monde. On sait, en effet, que là où l’avortement est interdit, les femmes y ont tout autant recours. La différence, c’est que c’est un péril de leur vie.

Infographie: Le statut de l'avortement dans le monde | Statista Vous trouverez plus de infographies sur Statista

En Europe

En Europe, on pourrait croire que l’accès à l’avortement est quelque chose d’acquis depuis plusieurs générations. Si beaucoup de pays autorisent l’avortement, d’autres sont beaucoup plus restrictifs et la tendance est plutôt au retour en arrière avec la recrudescence des groupes et des politiques « pro-vie » en Espagne, en Italie, mais aussi en France.

À Malte, à Andorre et Saint-Marin, l’avortement est strictement interdit, même lorsque la vie de la femme est en danger. Dans les faits, l’avortement serait tout de même pratiqué pour sauver la vie des femmes sous le couvert de la loi de non-assistance à personne en danger, selon le site internet Worldabortionlaws.com.

Dans d’autres pays comme la Pologne, l’Irlande du Nord ou Monaco, l’avortement est seulement autorisé pour des raisons de santé (malformation du foetus, danger pour la vie de la mère, viol ou inceste).

En Grande-Bretagne, en Islande et en Finlande, l’avortement est également interdit sauf dans certains cas : malformation du foetus ou lorsque ou lorsque l’âge de la mère ne lui permet pas de s’occuper d’un enfant.

Mais, même si ailleurs en Europe la loi permet l’avortement sans restriction, dans les faits, il n’est pas toujours simple d’y avoir recours. En Italie, par exemple, les gynécologues peuvent refuser de la pratiquer pour des raisons morales ou religieuses. Il serait 70 % dans ce cas, selon Brut. En France, où l’avortement est légal depuis 1975, les médecins ont également le droit de faire valoir une double clause de conscience pour ne pas pratiquer l’avortement.

En Belgique, l’avortement est autorisé sans restriction jusqu’à la 14e semaine de grossesse depuis 1990.

En Amérique

En Amérique latine et centrale, de nombreux pays interdisent l’avortement sauf dans certains cas (viol, inceste, danger pour la mère ou malformation foetale). En Amérique latine, sur 320 millions de femmes, seulement 8 % auraient un accès légal à l’avortement, selon Slate. De nombreux pays d’Amérique centrale (Haïti, République dominicaine, Nicaragua, Honduras, etc.) ne font aucune exception. Et de grands pays comme le Brésil et le Mexique interdisent également l’avortement sauf dans certains cas.

Seuls trois pays autorisent l’avortement en Amérique latine : l’Uruguay, la Guyane et la Guyane française.

En Amérique du Nord (Canada et États-Unis), l’avortement est autorisé par une loi fédérale, mais qui est régulièrement mise à mal par les États les plus conservateurs aux États-Unis, c’est-à-dire les États du Sud-est très croyants. Depuis début 2019, environ 300 nouvelles règles sur l’avortement ont été rédigées à travers le pays, rapporte France Inter. « Il y a une tentation de recul dans une moitié des États (sur 50 États). Ce ne sont pas forcément de nouvelles lois, mais ça peut être par exemple un changement dans une réglementation » , affirme Marie-Cécile Naves est chercheuse associée et Présidente de l’Observatoire « Genre et géopolitique » à l’IRIS, l’Institut de Relations Internationales et Stratégiques.

En Asie

L’Asie centrale est relativement ouverte sur la question. La Russie, les pays des Balkans, la Turquie, le Kazakstan, la Chine, la Mongolie, etc. autorisent l’avortement même s’il faut parfois avoir recours à certaines autorisations comme en Turquie où il faut présenter une autorisation écrite de l’époux, ou des parents de la femme le cas échéant. La Chine interdit l’avortement sélectif sur base du sexe de l’enfant. Le Japon l’autorise en cas de viol et avec l’autorisation de l’époux.

En Asie du Sud-est, c’est beaucoup plus compliqué. L’avortement est interdit au Laos, en Birmanie, au Bangladesh, au Bhoutan, au Sri Lanka et aux Philippines.

Au Pakistan, en Thaïlande et en Malaisie, il n’est pratique que pour des raisons de santé.

En Océanie

En Papouasie Nouvelle-Guinée, l’avortement est interdit sauf pour sauver la vie de la femme. C’est également le cas en Indonésie, sauf en cas de viol, de malformation du foetus ou de danger pour la mère, mais avec l’autorisation de l’époux.

Il est également interdit en Nouvelle-Zélande, sauf lorsque la santé physique et/ou mentale de la femme est danger, lorsqu’il y a une malformation ou en cas d’inceste.

Dans le Pacifique, de nombreuses petites îles reculées interdisent purement et simplement le recours à l’avortement.

Il est par contre autorisé en Australie.

En Afrique

En Afrique du Nord et au Moyen-Orient, l’avortement est interdit pratiquement partout. Les seuls pays à l’autoriser sont la Tunisie et la Guinée-Bissau. En Afrique subsaharienne, c’est le cas uniquement en Afrique du Sud et au Mozambique.

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