Pogrom dans la Judengasse ou " rue des juifs " de Francfort-sur-le-Main, en 1614. Depuis le Moyen Age, des communautés juives ont été confrontées à de violents accès de haine dans toute l'Europe.

Avant les murs: un monde de ghettos

Le Vif

Ce 9 novembre, on commémore les trente ans de la chute du mur de Berlin. Mais depuis que l’humanité réside dans des villes, les nouveaux venus dont les idées ou les croyances pouvaient paraître séditieuses ont parfois été perçus comme indésirables – et traités comme tels ! Diverses communautés ont dû, bien malgré elles, s’accommoder d’être emmurées pour que les autres citadins tolèrent leur présence.

Par Marc Gevaert

Entre 1123 et 1215, les quatre conciles oecuméniques qui se sont réunis à Rome, dans la basilique Saint-Jean-de-Latran, ont scrupuleusement déterminé l’organisation de l’Eglise catholique. Des règles strictes y ont été édictées pour le mode d’élection du pape, de même que des mesures drastiques contre divers courants hérétiques, dont le catharisme, par exemple. Mais la décision de limiter les rapports entre juifs et chrétiens auront un impact encore plus fondamental sur le fonctionnement des sociétés occidentales.

SÉPARATION ENTRE LES CHRÉTIENS ET LES JUIFS

A partir de 1215, les juifs doivent commencer à afficher des signes distinctifs comme le chapeau pointu, dès cette époque, ou l’étoile jaune par après. On les incitera aussi à vivre dans des quartiers séparés. Tous les pays occidentaux seront touchés par ces mesures, la diaspora juive ayant fondé en deux mille ans des colonies dans presque toutes les villes et les provinces de la Rome antique. Au milieu du ier siècle de notre ère, sous le règne de Claude, on estime que 7 à 10 % de la population devait être juive, soit sept millions d’individus.

Au début, l’interdiction de considérer les juifs comme membres de la communauté à part entière n’a pas toujours été suivie à la lettre dans toutes les municipalités, et encore moins en Italie où ce sont justement les papes eux-mêmes qui se montraient souvent plus indulgents en la matière. Toutefois, le nombre de villes où les juifs sont tenus d’habiter dans des secteurs confinés a augmenté au fil du temps. En 1516, les autorités vénitiennes ont décidé de transplanter les juifs sur le site d’une fonderie de bombardes désaffectée, le Getto Nuovo – auquel sera adjoint le Getto Vecchio par la suite – localisé au nord du Grand Canal dans le quartier de Cannaregio actuel. Après Venise, d’autres villes ont repris son exemple et le nom de  » getto  » (ou  » ghetto « ) a été attribué par extension à tous ces quartiers assignés aux juifs en Italie. En France, ils étaient appelés  » Carrière des Juifs  » et le terme allemand est  » Judengasse  » ou  » Judenstadt  » ( » rue  » ou  » ville  » des juifs).

Plan de Venise dessiné par l'architecte Sullam (1592-1641), montrant le quartier du Getto, site d'une fonderie de bombardes désaffectée, où les juifs ont été contraints de vivre de 1516 à 1797.
Plan de Venise dessiné par l’architecte Sullam (1592-1641), montrant le quartier du Getto, site d’une fonderie de bombardes désaffectée, où les juifs ont été contraints de vivre de 1516 à 1797.© BETH HATEFUTSOTH PHOTO ARCHIVE

Dans les petites villes, un ghetto se limite souvent à une seule rue ou place fermée, mais dans de grandes cités comme Venise, Milan, Florence et Rome, il peut occuper tout un quartier. En principe, on y accède par un seul portail, voire deux de part et d’autre de l’enceinte. Chaque nuit, les portes sont verrouillées de l’extérieur du crépuscule jusqu’au lever du soleil. Les chrétiens chargés de l’ouverture et de la fermeture du ghetto sont censés être rémunérés par les résidents. Autrement dit, ce sont les juifs eux-mêmes qui doivent financer leur propre confinement.

Toutes les propriétés du ghetto ne pouvant appartenir qu’à des chrétiens, le droit à leur location par des juifs est néanmoins protégé par des règles strictes. L’extension territoriale du ghetto étant interdite, de nouveaux étages devront être ajoutés aux bâtiments existants à mesure que la population augmente. Au fil des ans, fils iniront dès lors par ressembler de loin à de véritables places-fortes. Bien qu’il permette aux juifs de préserver plus facilement leur propre culture, tout en les protégeant en quelque sorte face à l’extrémisme virulent de certaines factions chrétiennes, un tel assignement forcé est souvent ressenti comme un fardeau. En pratique, la plupart des ghettos évolueront vers une forme d’Etat dans l’Etat, ce qui ne leur évitera pas d’être régulièrement la cible de pogroms meurtriers – surtout dans les principautés allemandes.

Les persécutions répétées et l’exclusion du judaïsme décrétée – temporairement ou définitivement – dans des pays comme l’Espagne, le Portugal, l’Angleterre, ainsi que dans diverses régions françaises et allemandes, pousseront de vastes communautés juives à se chercher un nouveau refuge vers l’est de l’Europe, notamment en Pologne, en Russie et dans les pays baltes. Mais pour une majeure partie d’entre elles, leurs conditions de vie dans ces contrées seront encore plus pénibles qu’en Occident : plus question pour les juifs d’entourer leur quartier ou village de fortifications quelconques, ni de s’en remettre à la bienveillance des autorités pour assurer leur sécurité.

Dès l'invasion de la Pologne, près de trois millions de juifs polonais ont été transplantés par les nazis dans des ghettos. Ici, en 1941, un convoi de juifs conduit au ghetto de Lodz par un soldat allemand et un agent de la police juive.
Dès l’invasion de la Pologne, près de trois millions de juifs polonais ont été transplantés par les nazis dans des ghettos. Ici, en 1941, un convoi de juifs conduit au ghetto de Lodz par un soldat allemand et un agent de la police juive.© US HOLOCAUST MEMORIAL MUSEUM, WASHINGTON D.C.

Dans la seconde moitié du xviiie siècle, l’avènement des Lumières contribuera enfin à améliorer le sort des juifs en Europe occidentale. Ainsi, en 1781, l’Edit de tolérance promulgué par l’empereur autrichien Joseph II accorde sa protection à tous les chrétiens, ainsi qu’à la communauté juive, mais pas encore l’égalité en droit. Une véritable percée pour l’émancipation des juifs ne viendra qu’avec la Révolution française, qui donnera naissance aux droits de l’homme.

En Europe centrale, le ghetto de Prague a longtemps été considéré comme exemplaire. Bien que la ville ait connu les premiers pogroms de la première croisade (1096-1099), un ghetto a vu le jour à Prague peu après cette période, auquel le roi de Bohême Ottokar II a concédé une relative autonomie. Mais ni celle-ci ni les remparts qui l’encadraient n’ont pu lui éviter d’être décimé le dimanche de Pâques 1389 par l’un des plus terribles massacres de toute l’histoire. Plus de mille cinq cents juifs y ont laissé la vie. Quatre siècles plus tard, Prague bénéficie, elle aussi, des réformes de Joseph II, et le ghetto est baptisé Josefov, ou Josefstadt, en signe de reconnaissance. Mais ce nouvel esprit de tolérance amènera aussi de nombreux juifs à s’installer dans d’autres quartiers antérieurement réservés aux chrétiens. Par conséquent, la majeure partie du ghetto sera entièrement démolie entre 1893 et 1913 afin de doter la ville d’un quartier flambant neuf.

Des protestants nord-irlandais célèbrent la victoire de Guillaume III d'Orange à la bataille de la Boyne (1690) par des cortèges tapageurs. Les membres de l'association The Orangemen militent pour la défense de l'unité avec la Grande-Bretagne.
Des protestants nord-irlandais célèbrent la victoire de Guillaume III d’Orange à la bataille de la Boyne (1690) par des cortèges tapageurs. Les membres de l’association The Orangemen militent pour la défense de l’unité avec la Grande-Bretagne.© GETTY IMAGES

EXPLOITATION PAR LES NAZIS

Le 20 janvier 1942, peu après le brusque arrêt de l’avancée allemande par l’armée russe aux portes de Moscou, Reinhard Heydrich, le chef de la police secrète allemande, convoque quatorze fonctionnaires, juristes et hauts gradés SS à une conférence à Berlin. C’est là, dans une luxueuse villa au bord du lac Wannsee, qu’ils doivent trouver la  » solution finale à la question juive en Europe  » – selon les propres termes de Heydrich – qui conduira à l’extermination de six millions de juifs.

Mais le début de l’holocauste remonte en fait à 1940, quand à peu près trois millions de juifs polonais ont été transplantés par les nazis dans les ghettos surpeuplés du pays. Le plus grand a été construit à Varsovie. Il est fermé par une enceinte haute de trois mètres et des fils barbelés. Au début de la guerre, près de cent quarante mille juifs ont emménagé de force dans le ghetto. Après avoir triplé en quelques mois, sa population retombe à plus de soixante mille personnes fin 1942, le reste ayant été déporté plus à l’est, dans des camps d’extermination.

Un an exactement après la conférence de Wannsee, un millier de juifs s’insurge contre les dernières rafles dans le ghetto de Varsovie. La lutte s’engage contre les deux mille soldats de la garnison allemande commandée par un général SS. Déterminés à se battre jusqu’au bout, les résistants du ghetto sont très bien préparés. Ils ont construit des bunkers reliés au reste de Varsovie par des tunnels via lesquels le quartier est raccordé aux réseaux de distribution d’eau et d’électricité. Ainsi, ils sont parés, sauf en armes et munitions.

Surpris par la résistance obstinée des juifs, les Allemands mettent beaucoup plus longtemps que prévu à reconquérir le ghetto. L’offensive finale ne sera finalement lancée que la veille de la Pâque juive, le 19 avril 1943. Sous le feu de bombardements ininterrompus, le soulèvement est brisé moins d’une semaine plus tard. Le 8 mai, livrés à l’impuissance dans les décombres du ghetto en flammes, les tout derniers révoltés vont se suicider.  » Les juifs essayent de résister le plus longtemps possible dans les immeubles en feu jusqu’au moment d’être sur le point de brûler vifs. Ils sautent alors par les fenêtres des derniers étages « , écrit le commandant allemand dans un de ses derniers rapports journaliers.  » Ceux qui en sont encore capables rampent avec leurs membres mutilés en direction d’autres bâtiments intacts, préférant le risque de périr dans les flammes à celui de tomber entre nos mains. « 

Les nazis établiront ensuite un camp de concentration et un pénitencier sur les ruines du ghetto. Selon les nazis, l’insurrection du ghetto de Varsovie a fait dix-sept morts et nonante-trois blessés dans leurs propres rangs. Quant au nombre de défenseurs sacrifiés, il s’élève à treize mille. Après ces événements, une soixantaine de milliers de juifs seront encore déportés dans les camps d’extermination. Fondé au lendemain de la création de l’Etat d’Israël par des survivants de la révolte du ghetto, le kibboutz Lohamei Hagetaot – ou  » combattants du ghetto  » – est situé à michemin entre les villes israéliennes d’Acre et de Nahariya.

SÉPARATION ENTRE LES CATHOLIQUES ET LES PROTESTANTS

Le seul endroit d’Europe où les dissensions entre catholiques et protestants pourraient encore donner lieu de nos jours à des flambées de violence est l’Irlande. Celle-ci est partagée entre l’Etat d’Irlande au sud de l’île, et les six comtés majoritairement protestants d’Ulster constituant l’Irlande du Nord qui, depuis la création de l’Irlande indépendante en 1919, a continué de faire partie du Royaume-Uni. Au sein de la minorité catholique d’Ulster, le massacre perpétré en 1649 par l’armée d’Olivier Cromwell après le siège de Drogheda – l’une des cités fortifiées – demeure ancré dans les mémoires. Et la grande famine qui a sévi au milieu du xixe siècle, à cause d’une succession de mauvaises récoltes de pommes de terre, reste un sujet aussi sensible que si ce désastre avait eu lieu la veille. De leur côté, les protestants nord-irlandais ne peuvent pas s’empêcher de célébrer année après année la victoire de Guillaume III d’Orange à la bataille de la Boyne – en 1690 – à grand renfort de cortèges tapageurs, ce qui a le don d’agacer les catholiques, auprès de qui les grands feux de joie et tout le tintamarre des libations et des tambours orangistes passent pour autant de provocations inadmissibles.

30 janvier 1972, Bloody Sunday à Derry/Londonderry : des paras anglais tirent dans la foule lors d'une marche dans une rue du Bogside. Le dérapage des forces de l'ordre coûtera finalement la vie à quatorze manifestants catholiques désarmés.
30 janvier 1972, Bloody Sunday à Derry/Londonderry : des paras anglais tirent dans la foule lors d’une marche dans une rue du Bogside. Le dérapage des forces de l’ordre coûtera finalement la vie à quatorze manifestants catholiques désarmés.© DR

Ceux qui croyaient en 1919 que la partition de l’île résoudrait tous les problèmes ont forcément dû déchanter depuis lors, parce qu’elle est aussi à l’origine de tous les drames et les malentendus qui allaient suivre. Le problème, c’est que de part et d’autre de la barrière religieuse, nombreux sont ceux qui n’affichent pas la moindre volonté de s’entendre. D’un côté comme de l’autre, des milices se sont formées et puis la hargne des uns envers les autres n’a fait que croître. L’Armée républicaine irlandaise (IRA) catholique se retrouve à face l’Ulster Volunteer Force (UVF) protestante.

Jusqu’à la fin des années 1960, l’Ulster connait un calme relatif. Les catholiques nord-irlandais sont fort influencés par le Mouvement pour les droits civiques mené outre-Atlantique par le pasteur Martin Luther King. Mais pour les protestants, les heurts de ces prétendues marches pour l’égalité des droits incitent plutôt à la violence. Persuadés que l’IRA est en réalité à la manoeuvre, ils vont se mettre à employer les mêmes méthodes. Les esprits s’échaufent de plus en plus et la violence gagne rapidement du terrain.

En 1969, les troubles atteignent un premier point de non-retour sur les barricades dressées dans les quartiers majoritairement catholiques de Derry et Belfast, les deux plus grandes villes. Mais le 30 janvier 1972, les événements vont échapper à tout contrôle. A l’occasion d’une marche pacifique, les manifestants catholiques avancent ce jour-là en direction de l’hôtel de ville de Derry – ou Londonderry, pour les protestants. La marche n’est pas autorisée à cet endroit et les soldats anglais stoppent le cortège dans le quartier de Bogside, proche du centre. D’abord armés seulement de balles en caoutchouc et de gaz lacrymogène, les militaires tirent finalement à balles réelles. Quatorze manifestants désarmés sont morts, dont sept avaient moins de vingt ans.

L’enquête judiciaire visant à établir les responsabilités des drames survenus en ce  » Bloody Sunday  » durera des années. Un premier tribunal a rapidement estimé que les tireurs ont certes manqué de sang-froid, mais tout en excluant leur culpabilité dans la mort de ces manifestants. Rendu en juin 2010, un nouveau verdict incrimine sévèrement les forces de l’ordre, jugeant la réaction des militaires aussi inexcusable qu’injustifiée. Dans une intervention devant la Chambre des communes, le Premier ministre David Cameron a alors publiquement entériné cette version des faits en s’excusant officiellement au nom du gouvernement britannique. Mais à ce stade, les auteurs du bain de sang restent libres de toutes poursuites pour leurs actes. Tout récemment, le 14 mars 2019, le Procureur général a néanmoins inculpé un ex-parachutiste – le soldat F – du meurtre de deux jeunes gens. Dix-huit autres accusés, dont seize vétérans anglais et deux anciens membres présumés de l’IRA, ne pourront être poursuivis, les preuves disponibles étant jugées insuffisantes.

Avant les murs: un monde de ghettos
© DR

Au lendemain des faits, arguant que le massacre du Bogside tendait à démontrer l’incapacité des partis nord-irlandais à parvenir en toute autonomie à un accord, le gouvernement de Londres a décidé de reprendre en main les rênes de cette province belliqueuse. Mais ce n’est qu’au prix d’énormément de difficultés qu’il finira par apaiser un tant soit peu les  » Troubles  » d’Irlande du Nord.

En 1969, voyant des barricades se dresser dans toute la province, les dirigeants nord-irlandais ont fait bâtir des  » Murs de la paix  » pour séparer les quartiers catholiques et protestants dans les endroits les plus sensibles. C’était censé être provisoire, mais au moment fixé pour leur démantèlement, six mois plus tard, la situation n’avait guère progressé. Bien que ces murs aient clairement démontré leur efficacité, il faudra encore une trentaine d’années pour voir se dessiner un accord entre les gouvernements de Londres et de Dublin et les principaux partis politiques d’Ulster.

Par cet accord du Vendredi saint, les signataires s’engagent à ne plus poursuivre leurs objectifs qu’en recourant à des méthodes démocratiques et pacifiques. Outre une réforme en profondeur de la police locale, il impose la restitution de toutes les armes par les groupes paramilitaires concernés et la libération dans les deux ans de tous leurs membres encore emprisonnés pour crimes politiques. Un mois après sa signature, l’accord a fait l’objet d’un référendum soumis à la population des deux parties de l’île. Entériné par la quasitotalité des citoyens de l’Etat d’Irlande, il a été rejeté par nombre de radicaux protestants et quelques catholiques unionistes en Irlande du Nord où une large majorité de 71 % a néanmoins permis son adoption. Ses principaux artisans, le protestant David Trimble et le catholique John Hume, ont été récompensés en 1998 par le prix Nobel de la Paix. En fin de compte, malgré la vague d’enthousiasme qu’a suscité ce dénouement dans le monde entier, les Murs de la paix sont toujours là et nul ne songe pour l’instant à les abattre !

Dans les années 1970, les protestants et catholiques nord-irlandais semblent loin de pouvoir vivre sereinement ensemble. Des barrières se sont élevées pour séparer - d'abord provisoirement - les deux communautés dans les quartiers sensibles. Ces
Dans les années 1970, les protestants et catholiques nord-irlandais semblent loin de pouvoir vivre sereinement ensemble. Des barrières se sont élevées pour séparer – d’abord provisoirement – les deux communautés dans les quartiers sensibles. Ces « murs de paix » (à g.) coupent même parfois des arrièrecours en deux.© EXTRAMURAL ACTIVITY

Les murs de la haine ou murs de la paix

Fin 2013, quinze ans après les accords de paix du Vendredi saint, la Belfast Interface Project recensait nonante-neuf  » murs de la paix  » en Irlande du Nord, au lieu des dix-huit construits initialement. Les plus courts ne font que quelques centaines de mètres, mais les plus longs atteignent cinq kilomètres. Faits de matériaux aussi divers que brique, béton, tôle ondulée, barrières ou fil de fer barbelé, ils peuvent s’élever jusqu’à huit mètres de haut. Sans grande surprise, la plupart se dressent dans les quartiers défavorisés de Belfast et de Derry, là où les heurts ont le plus souvent éclaté. Comme dans les ghettos d’antan, les murs comportent ici et là des ouvertures que l’on referme chaque nuit avec des portes en métal. Depuis que le calme est revenu en Ulster, ces murs, qui délimitent encore les arrière-cours des protestants de celles des catholiques, sont désormais surtout une attraction touristique.

Depuis 2008, l’idée de démolir ces murs fait son chemin et des stratégies ont même été mises au point. Mais en 2013, 61 % des habitants de Belfast et Derry, entre autres, estimaient encore leur présence nécessaire parce que les risques d’affrontements restent selon eux bien réels. Planifiée par les autorités nord-irlandaises à partir de 2023, la suppression des murs de la paix a donc sans doute peu de chance d’être menée à bien.

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