Aung San Suu Kyi, à Naypyidaw, le 28 novembre. " Elle est arrivée au pouvoir sans expérience politique. Une bonne dissidente n'est pas forcément une bonne dirigeante. " © P. HEIN kYAW/POOL/REUTERS

Aung San Suu Kyi défend l’emprisonnement de journalistes

La dirigeante birmane Aung San Suu Kyi a défendu jeudi l’emprisonnement de deux journalistes de Reuters après leur enquête sur un massacre de musulmans rohingyas par l’armée de son pays, mais elle a concédé que la crise globale, qualifiée de génocide par l’ONU, aurait pu être « mieux gérée ».

« Ils n’ont pas été emprisonnés parce que c’étaient des journalistes » mais parce que « le tribunal a décidé qu’ils avaient enfreint » la loi, a-t-elle dit lors du Forum économique mondial de l’Association des Nations d’Asie du Sud-Est à Hanoï, commentant pour la première fois ce jugement prononcé le 4 septembre.

« Si nous croyons en l’État de droit, ils ont tout à fait le droit de faire appel du jugement », a-t-elle préconisé, alors que l’indépendance du système judiciaire birman est sujet à caution. La Prix Nobel de la Paix a été très critiquée à l’étranger pour son silence dans cette affaire, au point d’être qualifiée de « porte-parole des militaires » par un haut-responsable de l’ONU.

Campant sur sa ligne de défense, elle s’est aussi montrée imperméable aux accusations contre l’armée birmane venues de l’ONU, qui a parlé fin août de « génocide » de la minorité musulmane des Rohingyas.

Tout juste a-t-elle concédé que les militaires auraient pu « mieux gérer » la crise, qui a conduit à l’exode au Bangladesh de 700.000 personnes depuis l’été 2017. « A posteriori, il y a bien sûr des façons dont la situation aurait pu être mieux gérée », a-t-elle dit en marge du Forum économique à Hanoï.

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