Attentats de Paris: Salah Abdeslam apte à comparaître à l’audience

Le Vif

Perturbé par la situation sanitaire, le procès du 13-Novembre doit reprendre jeudi avec les premiers interrogatoires des accusés sur les faits, l’état de santé de Salah Abdeslam, testé positif au Covid fin décembre, ne l’empêchant plus de comparaître.

« D’un point de vue sanitaire, rien ne s’oppos(e) à son extraction le jeudi 6 janvier 2022 pour la reprise de l’audience », a affirmé mercredi un communiqué du Parquet national antiterroriste (Pnat).

Selon le Pnat, un complément d’expertise médicale doit toutefois être réalisé mercredi.

Ce complément fait suite, selon une source proche du dossier, aux interventions de l’avocate de Salah Abdeslam, Me Olivia Ronen, qui a soutenu mardi à l’audience que son client n’était pas en état de comparaître.

Une première expertise effectuée lundi avait conclu que Salah Abdeslam était « apte tant sur le plan médical que sanitaire à assister aux audiences de la cour d’assises », malgré une « asthénie secondaire de l’infection », selon le rapport consulté par l’AFP.

La présence de Salah Abdeslam jeudi reste toutefois incertaine: il refuse de comparaître depuis le 25 novembre.

Au terme de près de quatre mois d’audience marqués par les auditions de rescapés des attaques et de leurs proches, le procès entre dorénavant dans une nouvelle phase, très attendue: l’interrogatoire sur le fond du dossier des 14 accusés présents (six autres, donc cinq présumés morts, sont jugés en leur absence).

« Enfin, enfin, enfin », s’est réjouie Me Marie Violleau, avocate de Mohamed Abrini.

Le procès a commencé le 8 septembre « et on ne sait toujours pas ce que les accusés pensent. On raconte leur histoire, on parle d’eux à longueur de journée, et ils sont là à regarder ça comme des spectateurs », a-t-elle regretté.

Initialement prévu mardi et mercredi, l’interrogatoire de Mohamed Abrini devrait être reporté plus tard dans le mois, afin de ne pas « décaler en effet domino tout le planning », a précisé une source proche du dossier.

Selon le planning, c’est donc Osama Krayem, Suédois de 29 ans et l’un des principaux accusés, qui sera interrogé le premier. Sa présence dans le box est cependant incertaine: comme Salah Abdeslam, il refuse de comparaître depuis le 25 novembre, et il était absent à la reprise mardi.

L’interrogatoire de Salah Abdeslam est lui prévu les 13 et 14 janvier.

« Pointe des pieds »

Pour décortiquer le titanesque dossier, le président Jean-Louis Périès a construit son calendrier de manière chronologique: jusqu’à l’été 2015, les mois précédant les attaques, les derniers préparatifs, l’après 13-Novembre… A chaque fois, les enquêteurs sont entendus les premiers, puis les accusés interrogés.

« Ca va aller crescendo en termes d’intensité », a commenté Negar Haeri, autre avocate de la défense qui ne « regrette pas » qu’on ait « tardé » à s’occuper des accusés: dans un procès inédit par sa durée, son nombre de parties civiles et sa charge émotionnelle, « il faut qu’on entre dans le vif des débats sur la pointe des pieds ».

Comme les enquêteurs, les accusés seront pour cette première phase uniquement interrogés sur l’avant août 2015.

D’abord les cinq partis en Syrie rejoindre le groupe Etat islamique, puis les neuf restés en Belgique, d’où est originaire une grande partie de la cellule jihadiste. Leur rapport à la religion, leurs relations avec leurs coaccusés seront aussi abordées.

Certains de leurs proches seront entendus en tant que témoins.

Salah Abdeslam, donnera-t-il de premières réponses, lui qui était resté mutique durant l’enquête ?

Pendant son interrogatoire dit « de personnalité » début novembre, il avait décrit sa vie « simple » d’avant. Il devrait cette fois être interrogé sur son basculement dans la radicalité, avec son frère Brahim, futur tueur des terrasses, et son ami d’enfance Abdelhamid Abaaoud, coordinateur des attentats.

Pour les parties civiles qui suivent le procès, cette nouvelle phase suscite « un peu d’appréhension », a reconnu Me Frédéric Bibal, qui en représente plusieurs dizaines.

Les sorties de Salah Abdeslam justifiant les attentats ont déjà provoqué de douloureuses réactions.

« Notre rôle en tant qu’avocat », a poursuivi Me Bibal, « c’est de leur rappeler qu’un procès dans un Etat de droit implique que la défense ait la parole, même si ça veut dire entendre des choses qu’on n’a pas envie d’entendre ».

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